Impeachment : La plus belle des démocraties, l’américaine, à ses limites…

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La démocratie américaine, la meilleure du monde, la plus belle, qui peut se permettre la destitution d’un président, a sa limite : Elle a pour nom la majorité politique au Sénat qui est en train de sauver le mandat de Donald Trump et lui permettre de briguer un nouveau mandat et peut-être de l’obtenir.  Les révélations de son ancien conseiller spécial, John. Bolton dont le New York Time a donné un avant-goût, n’y ont rien changé. C’est la quatrième fois dans l’histoire des États Unis qu’une procédure d’Impeachment est engagé contre un hôte de la Maison Blanche. Aucune n’a jamais vraiment abouti. La première contre Andrew Johns (1865 - 1869), mis en accusation, s’est terminée par un acquittement après moult tractations et manœuvres. Il ne put cependant briguer un second mandat. Le deuxième Impeachment avait ciblé Richard Nixon (1968 – 1974) mis sur la sellette dans la scabreuse affaire de Watergate. Fragilisé, sa destitution, semblant acquise s’il avait été mis en accusation, il préféra démissionner à presque mi-chemin de son deuxième mandat avant que la procédure aille à son terme. La troisième tentative d’Impeachment avait été menée tambours battant contre Bill Clinton (1993 – 2001), lui aussi comme A Johnson mis en accusation, par le procureur Kenneth Star, celui-là même qui assure actuellement la défense de l’actuel président américain. Pris à parti pour des relations sexuelles dans le Bureau ovale avec la stagiaire Monica Lewinsky qui donnera son nom à l’affaire, il a été acquitté au prix de contritions publiques avouant avoir menti au peuple américain. La quatrième procédure est celle en cours et qui n’aura guère de chances comme toute les autres de se terminer par une destitution en bonne et due forme.      

A trois jours de l'acquittement de Donald Trump dans son procès en destitution au Sénat, des sénateurs républicains se sont justifiés dimanche, en arguant qu'il avait mal agi mais pas au point de devenir le premier président américain de l'histoire à être démis de ses fonctions.

 

Anticipant son acquittement, les candidats à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle se projettent vers le scrutin du 3 novembre : ils tentent de persuader les électeurs de l'Iowa, qui votera lundi en premier pour les primaires, qu'ils seront chacun le plus fort pour faire ce que le Sénat n'a pas réussi à faire, à savoir expulser Donald Trump de la Maison Blanche.

M. Trump est accusé d'avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur son rival démocrate Joe Biden et d'avoir retenu l'aide militaire à Kiev pour faire pression ; les républicains en conviennent.

"Il n'aurait pas dû le faire, c'était mal, je dirais inapproprié, impropre, il a franchi une ligne. La seule question qui vaille est de décider quoi faire", a dit le sénateur républicain Lamar Alexander dimanche sur la chaîne NBC. Il a concédé qu'il existait "des montagnes de preuves" contre Trump.

Mais "le peuple" devra décider, a-t-il dit avoir conclu.

"Ce qu'il a fait est loin d'être un acte de trahison, de corruption, ou un crime ou un délit majeur", a ajouté le sénateur, citant les critères établis par la Constitution.

Sa collègue Joni Ernst est plus indulgente mais a tout de même lâché, dimanche sur CNN: "je n'aurais probablement pas fait la même chose".

Ainsi se dessine la fin du troisième procès en destitution de l'histoire des Etats-Unis, après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1999 (aucun n'a été destitué, ce qui requiert une majorité des deux tiers du Sénat). La majorité républicaine devrait faire bloc autour de son président et voter "non" dans le verdict, mais plusieurs sénateurs, face aux éléments accablants, prennent soin de ne pas totalement l'absoudre sur le plan moral.

Revanche en novembre 

In fine, toute la procédure apparaît comme partisane. Lorsque la Chambre des représentants, à majorité démocrate, a voté deux chefs d'accusation en décembre (abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès), aucun républicain n'a voté pour.

Et au Sénat, pendant plus de deux semaines d'audiences où les 100 sénateurs faisaient fonction de jurés, les républicains ont utilisé leur majorité pour refuser d'entendre le témoignage de témoins importants, dont l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton.

Donald Trump devrait donc en tout état de cause crier victoire mercredi, lui qui dénonce une mascarade antidémocratique destinée à annuler le résultat de la présidentielle de 2016. Il aura l'occasion d'en donner un aperçu dès mardi soir dans l'hémicycle de la Chambre, où il prononcera le discours annuel sur l'état de l'Union.

Les démocrates, eux, ont adopté un argument étonnant: ils affirment que l'acquittement n'en sera pas vraiment un, tant le procès du Sénat fut vicié.

"Il ne peut y avoir d'acquittement sans procès, et il n'y a pas de procès sans témoin, document ou preuve", a affirmé Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre.

Pete Buttigieg, jeune candidat aux primaires démocrates, est d'accord avec cette analyse, mais comme ses rivaux veut tourner la page de ce processus.

"Oui, aujourd'hui, le Sénat est le jury, mais demain, nous serons le jury", a-t-il dit dimanche sur CNN. "Par les urnes, nous pourrons envoyer un message pour dire que tricher, mentir, faire intervenir un pays étranger dans notre jeu politique, sans compter les abus de pouvoir et la mauvaise administration, sont des choses inacceptables".

Reste l'infamie d'une mise en accusation par la Chambre, qui restera "pour toujours" sur M. Trump, insiste Nancy Pelosi. Seuls Johnson et Clinton ont cette tache dans leur biographie.

La grande différence est que le 45e président des Etats-Unis se représente devant les électeurs. Il espère être le premier président à être réélu malgré l'"impeachment".