International
''Impossible d'isoler la Russie'', lance Poutine, le regard tourné vers l'Asie
Le président russe Vladimir Poutine rencontre des ornithologues bénévoles du centre de faucons "Kamchatka" dans la ville extrême-orientale de Petropavlovsk-Kamchatskyi, le 5 septembre 2022. (Photo de Gavriil GRIGOROV / SPUTNIK / AFP)
Isoler la Russie est "impossible" malgré la "fièvre de sanctions" des Occidentaux, a déclaré mercredi son président Vladimir Poutine, saluant le "rôl croissant" de l'Asie vers laquelle Moscou se tourne de plus en plus.
"Peu importe combien certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire", a lancé M. Poutine lors d'un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe), à laquelle participaient plusieurs hauts responsables asiatiques.
Indésirable pour l'Occident depuis le lancement de son offensive en Ukraine le 24 février, Moscou a accéléré un virage vers l'Asie ces derniers mois dans l'espoir d'y trouver de nouveaux marchés et fournisseurs pour remplacer ceux perdus du fait des sanctions américaines et européennes.
Signe de cette tendance, l'ambassadeur russe à Pékin a annoncé mercredi que M. Poutine s'entretiendrait avec son homologue chinois Xi Jinping en marge d'un sommet la semaine prochaine en Ouzbékistan de l'Organisation de coopération de Shanghai, bâtie comme contrepoids à l'influence occidentale.
Il s'agirait du premier déplacement à l'étranger de M. Xi depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Dans ce contexte de pivot asiatique, le forum économique de Vladivostok, auquel s'adressait M. Poutine mercredi, a pris une importance stratégique pour la Russie, dont l'économie est bombardée des sanctions occidentales.
Devant de nombreux responsables économiques et politiques asiatiques, notamment chinois, M. Poutine a salué dans un long discours "le rôle croissant" de la région Asie-Pacifique dans les affaires du monde, à l'opposé d'un Occident qu'il a dépeint comme sur le déclin, miné notamment par l'"inflation".
"Des changements irréversibles se sont produits dans tout le système des relations internationales", a-t-il relevé.
Profitant de la venue de responsables asiatiques, M. Poutine s'est entretenu mercredi en marge du forum avec le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing, saluant les relations "positives" entre la Russie et la Birmanie.
Le président russe devait rencontrer par la suite le chef du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire, Li Zhanshu, troisième plus haut responsable chinois.
Les sanctions, une "menace sur l’économie mondiale"
Car c'est avec la Chine que la Russie souhaite opérer le rapprochement le plus étroit, à la fois économique et sécuritaire.
En parallèle du forum de Vladivostok, Moscou a ainsi mené ces derniers jours des exercices militaires de grande ampleur dans l'Extrême-Orient russe, en présence de militaires de plusieurs pays alliés, dont la Chine. M. Poutine a supervisé ces manœuvres en personne mardi.
Pékin, de son côté, traverse actuellement une crise diplomatique avec les Etats-Unis, notamment depuis la visite à Taïwan en août de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi.
Présenter la Russie comme faisant partie d'un front commun avec les pays d'Asie face à l'Occident, M. Poutine a estimé que les sanctions visant Moscou étaient une menace pour l'économie mondiale.
La pandémie "a été remplacée par de nouveaux défis d'ordre global, qui menacent le monde entier. Je veux parler de la fièvre de sanctions de l'Occident", a-t-il lancé.
Le président russe a dénoncé "le refus obstiné des élites occidentales de voir les faits" et "la domination insaisissable des Etats-Unis" dans la mise en place de lourdes sanctions contre la Russie.
Face à "l'agression technologique, financière et économique de l'Occident", le président russe a dit se réjouir de "l'éloignement petit à petit" de l'économie russe du dollar, de l'euro et de la livre sterling, "des devises pas fiables", vers notamment le yuan chinois.
Mardi, le géant gazier russe Gazprom, entreprise d'Etat, avait annoncé que la Chine payerait dorénavant ses contrats en roubles et en yuans, au lieu du dollar.
"La majorité absolue des Etats d'Asie-Pacifique n'accepte pas la logique destructrice des sanctions", s'est encore satisfait M. Poutine.
"Un partenariat créatif ouvrira de nouvelles opportunités gigantesques pour nos peuples", a-t-il affirmé dans son discours. (Quid avec AFP)