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JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES (l’intégral) – Par Driss Ajbali
L’Heure des Pros sur Cnew, la distillerie du venin
La Fin d’un cycle et d’un mythe
Depuis, le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas sur sol israélien jusque-là considéré comme sanctuarisé, les Musulmans de France mais aussi du Maghreb assistent, chez une partie de la classe politique française, à un défoulement et une libération de la parole sans précédent. Avec des dérapages inouïs, comme ce fut le cas avec le (faux) gentil Enrico Macias qui a appelé à « dégommer » Jean-Luc Mélenchon. Certaines chaines d’info en continu devenues incontinentes développent une ligne plus radicale et plus excessive que la chaine israélienne I24NEWS. Dans cet article circonstancié, Driss Ajbali, essayiste et chroniqueur historique de Quid qui observe, comme un entomologiste, la société française, depuis une trentaine d’années, nous livre son analyse de ce qu’il a qualifié de délirium tremens.
Avec la sécurité, le péril démographique constitue l’une des obsessions de l’État d’Israël. En 2005, le désengagement et le démantèlement de toutes les colonies de la bande de Gaza n’était-il pas décidé par Ariel Sharon mû qu’il fut, par des considérations démographiques : Il s’agissait de ne surtout pas mêler, dans les frontières d’Israël, des populations palestiniennes, avec des femmes aux ventres féconds, qui, à terme, pourrait finir par mettre à mal une majorité juive. Pour rappel, c’est au même moment, que fut envisagée la construction d’une « barrière de sécurité ».
L’intrusion du Hamas dans le territoire israélien, le 7 octobre, a donné à voir, dans l’horreur et parfois l’ignoble, la fin d’un cycle qui n’en finira pas de faire son lot de victimes, essentiellement parmi les civils, les femmes et les enfants d’un côté comme d’un autre. Par Ricochet, et c’est le pire, on aura assisté à l’effondrement de l’un des plus puissants et entretenus mythes : l'invincibilité israélienne. C’est de Gaza, cette prison à ciel ouvert, léguée par Sharon qu’est venue la fureur. Un dangereux camouflet pour un Benyamin Netanyahou aux manettes. Lui, le plus coriace des va-t’en guerre.
Depuis le 7 octobre, la France a le cœur qui bat au rythme Israélien. Et c’est normal. En dehors d’Israël, et après les USA avec près de 5,7 millions juifs, la France héberge la deuxième communauté juive dans le monde et la première d’Europe. Du coup, ce qui se passe au Proche-Orient est vécu de manière douloureuse et incandescente.
Autant le souci démographique est légitime dans le cas d’Israël, autant on est en droit de s’interroger pourquoi cette même obsession démographique taraude une partie de l’intelligentsia de France, la juive tout particulièrement. Une obsession a fini par contaminer de puissants intellectuels, chrétiens soient-ils ou agnostiques comme Renaud Camus, Michel Onfray, Pascal Bruckner ou Éric Naulleau. Le grand remplacement provient directement de cette obsession. C’est Éric Zemmour qui a le mieux formulé cette hantise. En 2018, il écrira dans Destin français « Il y a trois choses importantes en Histoire. Premièrement, le nombre. Deuxièmement, le nombre. Troisièmement le nombre ».
En France, on assiste depuis le 7 octobre, funeste pour tous les juifs du monde, à un déchainement rare et presque inédit. Une libération de la parole dans une partie de la classe politique tétanisée dont une figure comme Phillipe de Villiers incarne et l’excès et la radicalité. Il y aussi comme un défoulement dans le champ médiatique, particulièrement sur les chaines d’info en continu comme CNEW devenue, pour le coup, une distillerie de venin. Sans limites jusqu’à parfois verser dans l’innommable. Même la chaine israélienne I 24News est plus modérée que certains médias presque sionisés de l’hexagone. Certes, il y aussi des victimes françaises, 30 morts ainsi que des otages détenus par le Hamas. Certes la menace terroriste y est pour beaucoup dans le partage de cette douleur et ce chagrin. Depuis 2012, la France a payé un lourd tribut au terrorisme. Et le massacre de la rave party dans le désert israélien, causant des centaines de morts, a ravivé le souvenir du Bataclan. Il y a aussi et surtout l’abject assassinat, le 13 octobre, du professeur Dominique Bernard coïncidant avec la date, du non moins abject meurtre de Samuel Patty il y a trois ans. Mais tout de même.
Ce qui est à l’œuvre, ce qui est déterminant dans le cas français, à la différence de la plupart des pays européens et même des pays nord-américains, c’est, force est de le constater, le facteur démographique. Celui-ci joue, à plein régime, son rôle fantasmagorique de menace existentielle avec tout ce que cela recèle comme spectre de guerre civile. Et pour cause.
Les Juifs et les Musulmans de France constituent, chacun à sa façon, les deux premières communautés d’Europe sur un même territoire. Les six cent mille juifs de France vivent dans un pays qui, en 50 ans, a vu sa communauté musulmane se gonfler pour atteindre aujourd’hui 10% de la population française. La communauté musulmane aujoud’hui, c’est dix fois le volume de la communauté juive.
Est-ce pour autant une raison pour les médias de céder à l’hystérie médiatique que chacun aura constatée. Un ami, grand journaliste aimait dire que la télé, surtout d’info en continu, est comme une cheminée qui en permanence réclame, pour demeurer incandescente, des bûches. Ainsi, comme pour le Covid nous nous sommes farcis les médecins, les experts et autres charlatans. En automne 2021, Éric Zemmour a littéralement trusté les écrans français avant d’être balayé, médiatiquement et électoralement, par l’Ukraine dont plus personne ne parle aujourd’hui au grand dam de Volodymyr Zelensky et au grand bonheur Vladimir Poutine. Les punaises de lit, cette sale bestiole dont plus personne ne parle depuis le 7 octobre, est la dernière victime du Proche-Orient. Depuis ce samedi, funeste pour les uns, glorieux pour les autres, la France est comme frappé par un puissant délirium tremens. Dans le pays de Descartes et de Voltaire, on ne s’empêche plus, pour paraphraser l’auteur de la Peste pour qui ‘’Un homme ça s’empêche’’.
Camus, reviens, ils sont devenus fous.
De l’immigré au musulman
Si l’on procède par coupe géologique, on peut distinguer clairement les différentes strates par lesquelles est passé la représentation en France de l’immigré, le musulman tout particulièrement.
Des premières conventions de main-d’œuvre dans les années 1960, jusqu’au début des années 1980, l’immigré maghrébin était dans la marge et dans l’invisibilité. C’était généralement un homme, un peu patibulaire mais pas trop, ouvrier spécialisé, habitant les foyers Sonacotra, conçus pour résorber les bidonvilles. Personne ne parlait des quartiers et ce jusqu’à la fin des années 1970. Célibataire, l’immigré vivait, avant la loi du regroupement familial, avec l’idée de retour. Il y avait à l’époque une prépondérance des Algériens qui sera soigneusement contournée par le recours aux Marocains et aux Tunisiens. Les Africains et les Turcs viendront plus tard. L’islam, tranquille, il faut l’avouer, était imperceptible tant ceux qui en sont adeptes n’étaient perçus que comme force de travail. Ironie de l’histoire, celui qui bouleversera la question musulmane, sous bonne protection policière et couverture médiatique, l’imam Khomeiny résidait en France, à Neauphle-le-Château dans les Yvelines. Avec un visa touriste.
Les années 1980 vont démarrer avec l'éruption de la figure du « jeune issu de l’immigration ». Celui-ci, un peu turbulent ne veut surtout pas s’en laisser compter. Bientôt, il fera la marche pour les droits de 1983 dont on fêtera bientôt les quarante ans. Dupe, sa marche sera vaine. Il sera beurisé et fera office de produit d’appel dans un nouveau et inédit marketing pour la lutte anti-raciste. Il sera floué, par la gauche, qui ne tarda pas à envoyer sur le terrain d’autres jeunes, des potes, tous de gauche et surtout juif comme Julien Dray, aujourd’hui chroniqueur chez CNEW. C’était, parait-il, Jacques Attali qui était à la manœuvre dans les bureaux feutrés de l’Élysée.
C’est exactement à la même période que certains fréristes commencèrent à jeter les bases de l’islam en France. Discrets parce que partisans de la Taqqiya, ils seront disciplinés et efficaces. Ce sont eux qui achèveront la décennie par au moins deux actions d’éclat. En 1989, alors que la France fêtait le bicentenaire de la révolution, les barbus vont sortir du bois avec, en février, une manifestation dans les rues parisiennes, où entendit un appel à mort contre Salman Rushdie. En automne, avec l’affaire du foulard, dite de Creil et qui instrumentalisera trois adolescentes, deux sœurs marocaines et une Tunisienne.
Jusque-là l’immigration était assignée dans plusieurs types de discours : intégrée obsessionnellement dans le langage techno de la politique ville, dans le discours sur les quartiers, sur la banlieue, sur les violences urbaines, sur la délinquance, sur l’émeute, sur le foulard, sur l’école et la laïcité. Chevènement parlera, en 1998, de sauvageons et sur le thème de l’insécurité, Lionel Jospin sera battu, au premier tour des présidentielles 2002, par Jean-Marie Le Pen Personne ne parlait encore ni de l’antisémitisme ni de terrorisme puisque la France était presque sanctuarisée depuis les attentats de 1995 avec Khaled Kelkal qui, comme on ne le disait pas encore, s’est radicalisé en prison (la radicalité est un mot des années 2000).
A partir des années 2000, il va y avoir un tournant majeur. Une forme de césure, rhétorique surtout. L’immigré, le jeune notamment, se verra attribuer des qualités (des tares, en réalité) qui vont l’envelopper sémantiquement. D’abord, il sera assigné dans son islamité. Bientôt, il deviendra ataviquement antisémite, avant de ne sombrer diaboliquement dans le terrorisme. Comment est-ce possible ? Le 11 septembre ne surviendra qu’en 2001. C’est 12 ans plus tard que Mohamed Merah commettra l’infâme. La rédaction de Charlie et le Bataclan ne seront les victimes expiatoires d’un terrorisme daechien qu’en 2015.
En 2000, Emmanuel Macron avait 23 ans. Il se souvient donc que, comme depuis le 7 octobre, le cœur de la France battait au rythme du cœur d’Israël qui vivait à l’heure de la seconde Intifada que les journalistes qualifièrent de « guerre des pierres ». Emmanuel Macron a déclaré cette semaine « « N’ajoutons pas des fractures nationales aux fractures internationales ». Aussi cocasse que cela puisse paraitre, si ce n’était pas tragique, c’est précisément ce que, à l’époque, a commis une escouade d’intellectuels. Ils vont cyniquement utiliser la fracture proche-orientale pour mieux élargir la fracture française. Ils s’ingénieront à fabriquer un kit complet et une boite à outils composée de concepts létaux, plus puissants que les armes. Et ils feront mal. Vingt après, on pourrait se demander si, à l’époque, la défense d’Israël n’était pas, pour eux, plus prioritaire que la recherche de la cohésion dans l’hexagone.
Intellectuellement, ce groupe est prodigieusement fécond, tout particulièrement grâce aux travaux de Pierre-André Taguieff. Directeur de recherche au CNRS, solidement formé, il est, le plus souvent, présenté comme politologue et parfois comme philosophe. Mais il est surtout un historien des idées. Pierre-André Taguieff est le concepteur de La nouvelle Judéophobie, titre de l’un de ses essais, publié janvier en 2002. Exactement trois mois après le 11 septembre. La même année verra apparaitre Les territoires perdus de la République, d’Emmanuel Brenner, un pseudonyme et faux-nez qui dissimulait la véritable identité du coordinateur de cet essai collectif, George Bensoussan.
Il est important de s’attarder sur ces deux hommes d’influence.
La Fondation 2 mars
C’est l’histoire d’une comète disparue mais dont la trainée gazeuse se maintient jusqu’à nos jours. Personne ne parle plus de la fondation « 2 mars ». Pourtant, cette association a marqué le débat sur l’immigration… au fer rouge.
On est en 1998. La gauche plurielle est au pouvoir. Chirac est à l’Élysée et Jospin à Matignon. A Jean-Pierre Chevènement reviendra le ministère de l’intérieur et du culte. Un certain nombre d’intellectuels, dont des chevènementistes vont prendre une initiative. Ulcérés par ce qu’on qualifiait alors de pensée unique, essentiellement incarnée par la fondation Saint-Simon, ils créèrent, le 2 mars 1998, une fondation baptisée Marc Bloch. Ce nom illustre devait imprégner l’esprit de ce « Think-tank » déterminé à faire pièce à la langue de bois régnante et à imposer des débats « interdits » par le politiquement correct. Il est vrai que Marc Bloch, historien et résistant, fut torturé et exécuté par la Gestapo. Son nom incarne pour beaucoup l’alliage entre le savoir et l’esprit de résistance.
A l’occasion d’un conseil d’administration, le 11 avril 2000, la fondation, se redonnera un autre nom. Il fait simplement référence à la date de sa constitution. C’est suite à une décision judiciaire, dans un procès intenté par le fils de l’historien qui refusa qu’on préempte le nom de son père.
Parmi les éléments les plus actifs et entreprenant, il y avait Elizabeth Levy. Elle est l’actuelle patronne de Causeur, un mensuel réactionnaire. Inlassable et infatigable, cette femme écume, avec sa toge de chroniqueuse, les télés, les radios et la presse écrite. Elle mène, depuis 2003, un combat quasi-messianique. Elle est comme aux avant-postes de la guerre des civilisations au sens que lui donne Samuel Huntington. Elle a, aujourd’hui, son rond de serviette chez Pascal Praud, l’ancien journaliste sportif, devenu la star des coups-francs verbaux.
Elizabeth Lévy fut secrétaire générale de l’association « 2 mars » comme ce sera le cas son mentor et ami Phillipe Cohen, auteur avec Pierre Péan d’un livre sur le journal Le Monde. En son temps, ce gros pavé avait fait beaucoup de bruit. Avant la présidence de Pierre-André Taguieff de 2001 à 2003, l’association a bien édité deux trois essais, tombés dans l’oubli depuis comme ce sera le cas du livre-entretien qu’avait commis Elizabeth Lévy avec Malek Boutih. On se souvient que ce dernier se faisait traiter, dans les quartiers, de « Bounty » : blanc de l’intérieur et noir à l’extérieur.
La production intellectuelle la plus décisive verra le jour durant le mandat de Taguieff, notamment en collaboration avec la collection Mille et une nuit, acquise par Fayard en 1999. Il s’agira notamment de La Nouvelle Judéophobie dont il est l’auteur et du fameux Les territoires perdus de la République, un livre collectif coordonné par un certain Emmanuel Brenner, alias Georges Bensoussan.
Ces deux ouvrages furent écrits à Paris certes. Mais ils furent, tous les deux, inspirés par l’air israélien plongé dans le fracas de guerre depierre menée par le Hamas. Les auteurs se sont mis au diapason avec la seconde intifada. Ils vont développer l’idée que l’avenir des quartiers de France sera, si l’on n’y prend pas garde, similaire aux territoires occupés. Que l’avenir de la France sera, à terme, semblable à celui du Proche-Orient. Le jeune immigré, maghrébin et musulman, préfigurait, ainsi le combattant du Hamas. Ils vont, si j’ose dire, « hamassiser » la jeunesse des banlieues française.
Ils ne seront pas les seules, le philosophe Shamuel Trigano a déclaré dans la même veine « Les juifs de France visés par l’Intifada ». Dans un journal israélien, le Haaretz, Roger Cukierman, président du CRIF déclara que « le succès de Le Pen en 2002 servirait à réduire l’antisémitisme musulman et le comportement anti-israélien, parce que son score est un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquille ». Dans le même journal, Finkielkraut, dira en 2005, que si en France, il n’y avait pas d’attentat comme en Israël, « on se trouve à une autre étape : je pense qu’il s’agit de l’étape du pogrom antirépublicain. Il y a des gens en France qui haïssent la France comme République »
Remarque de taille, Éric Zemmour ne parlait jamais de ces sujets. Il faudra attendre 2006 avant qu’il s’y mette, à son tour.
Il y a lieu de préciser une chose. Pierre-André Taguieff n’est pas juif. Né d’un père russe et d’une mère polonaise, il a vu le jour à Paris, en 1949. Tariq Ramadan, se mordra les doigts en commettant le parjure de le classer dans une liste d’intellectuels juifs. Levée de bouclier dans le landerneau. Pour Philippe Val de Charlie Hebdo, « enjuiver » un intellectuel qui n’est pas juif, c’est l’essence même de l’antisémitisme
Pierre-André Taguieff, l’utile artificier au sionisme
En publiant son rapport, le 27 mars 2000, le CNCDH français fit état d’une augmentation substantielle de manifestations de racisme avec, en particulier, un « brutal accroissement des actes antijuifs ». Cela apparut comme un indice de la banalisation de l’antisémitisme dans la société française. Pierre-André Taguieff faisait partie des rédacteurs du rapport.
En janvier 2002, 3 mois après la déflagration du 11 septembre, alors qu’il présidait la fondation « 2 mars », le même Pierre-André Taguieff, publiera un livre, La Nouvelle judéophobie. Rare et jusqu’à là, peu utilisé le concept judéophobie sera privilégié par ce penseur au mot antisémitisme.
Au passage et au même moment, apparut, comme par réaction chimique et par un parallélisme de forme, le terme Islamophobie, jusqu’à là, tout aussi inexistant. Porté par Tariq Ramadan, Le Monde diplomatique et bientôt par le Collectif contre l’Islamophobie, qui se voulait l’avocat zélé de l’Islam, au moment même où le ministre de l’intérieur, un certain Nicolas Sarkozy, s'éprouvait à mettre en place le Conseil du culte musulman, qui s’avèrera plutôt inculte.
La thèse de Taguieff est la suivante : l’antisémitisme participe d’une confusion. Il indique certes l’inacceptation des « sémites ». Il a cependant la faiblesse de mettre sur le même plan les enfants d’Abraham, les descendants d’Issac et d’Ismaïl et d’amalgamer juifs et arabes. Ces derniers, surtout, peuvent alors se targuer de l’impossibilité d’être antisémites puisqu’ils sont, de fait, sémites. L’intérêt du terme judéophobie, c’est qu’il spécifie et d’explicite le rejet du juif dans sa nouvelle dimension.
Autant l’antisémitisme des Nazis fut basé sur une conception supérieure de la race aryenne, autant la judéophobie véhicule l’amalgame entre « juif », « israélien » et « sioniste ». Autant l’antisémitisme européen était développé par de puissants esprits, Edouard Drumont, Charles Maurras, Lucien Rabatet ou Céline. Autant la nouvelle Judéophobie, plus inculte, puise sa sève dans la glorification des victimes d’Israël et du sionisme, qui sont les palestiniens.
Et si la nouvelle Judéophobie se répand dans le monde arabe et musulman, elle contamine, dans le même temps, les anticolonialistes, les anti-impérialistes, les anti-américains, les anti-racistes et surtout les antisionistes. Pour Taguieff le « pro-palestinisme compassionnel est ainsi jumelé à un anti-israélisme compulsionnel », avec comme soubassement le « mythe répulsif » d'une « figure démonisée » : «les Juifs-Israélien-sioniste ».
La judéophobie se manifestera rapidement dans les quartiers de France. La preuve par le rapport du CNCDH comme parle recensement du ministère de l’intérieur, dirigé alors par Daniel Vaillant, qui rapporta que du « premier octobre 2000 au début novembre 2001, environ 200 agressions antijuives ont été déclarées ». « La menace » était un fourre-tout qui pouvait contenir aussi bien un tag sur une synagogue, qu’une injure ou une agression physique. Avec ses saillies mordantes, Churchill ne disait-il pas « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées ».
Force est de reconnaitre que les acteurs de ces menaces étaient généralement des jeunes issus des quartiers de France, maghrébins, musulmans et le plus souvent ignares et incultes. Ils s’étaient découvert une passion nouvelle pour les questions géopolitiques. Ils se sont palestinisés par procuration. Taguieff en a profité pour en faire l’illustration de sa théorie. Il a par cette cabriole conceptuelle rendu à Brasillach ce qui était à Brasillach et à Abdelhak ce qui est devenu Abdelhak.
En 2017, Yan Moïx, fécond auteur et brillant phraseur, aura dans son livre Terreur, une formule plus stylée : L’antisémitisme du dernier siècle était une intelligence malade. L’antisémitisme actuel est une bêtise en bonne santé »
Dans un extrait tiré de son livre, La Nouvelle Judéophobie on peut lire « Dès l ‘automne 2000, la force des images jouent dans le sens anti-israélien, lorsque la séquence de la mort, filmée en direct, du jeune Mohamed passe et repasse sur toutes les chaines de télévision. La représentation victimaire du palestinien est massivement réactivée, et renforcée par la compassion maximale qu’éprouve le téléspectateur pour un enfant tué au cours d’un affrontement. Le postulat de l’innocence de la victime ne pouvait trouver meilleurs supports médiatiques. L’image du palestinien devient celle d’un enfant martyrisé par une armée impitoyable. La légende du meurtre rituel, véhiculant le stéréotype du « juif cruel » et sanguinaire fournit un schème d’interprétation : Tsahal devient l’armée tueuse d’enfants innocents. Voilà qui suffit à faire oublier les images des Fedayins attaquant les crèches de kibboutzim dans les années 1970 ». Ariel Sharon, premier ministre de l’époque, pouvait, selon la grille de lecture des nouveaux judéophobes, passer pour le nouvel Adolf Hitler.
La démonstration de ce penseur aboutira à trois redoutables et puissantes conclusions :
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Tout antisionisme est un antisémitisme. 17 ans plus tard, un texte qui « élargit la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme » sera adopté, en 2019, par l’Assemblée nationale française provoquant dans le monde l’ire de nombreux juifs antisioniste.
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la déconstruction de l’antiracisme (ce nouveau fascisme selon Finkielkraut)
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L’invention de la figure de l’islamogauchiste dont Jean-Luc Mélenchon incarne aujourd’hui la figure tutélaire. Celui-ci est non seulement accusé, pour des raisons électorales, de faire des clins-d ‘œil aux islamistes mais, ce qui est plus avilissant, d’opérer, sur l’échiquier politique, une migration de l’antisémitisme qui passerait de l’extrême droite vers la gauche.
La pédagogie étant l’art la répétition, à force d’être rabâchées de manière quasi industrielle, depuis 21 ans, ces idées ont fini par imbiber dans la société. Ils constituent de depuis le 7 octobre 2023, les éléments du débat.
Il n’a donc pas suffi à ce penseur de manipuler la version biblique. Il a, par une pirouette intellectuelle, tenté de concéder le sémitisme, tout le sémitisme aux seuls arabes en « israélisant » et en « sionisant » tous les juifs du monde, devenus pour le coup les explicites victimes de la nouvelle judéophobie qui prospère dans 22 pays arabes et surtout dans les quartiers de France.
Bravo l’artiste
George Bensoussan, la manufacture des fractures
En avril 2002, trois mois après l’apparition de La nouvelle Judéophobie de Pierre-André Taguieff, un second ouvrage, collectif celui-ci, est publié sous le titre « Les territoires perdus de la République ». L’essai est de petite facture. Il condense des témoignages de profs, dissimulés derrière des pseudonymes. Ils évoquent ce que les murs des enceintes scolaires recèlent comme misogynie, francophobie et antisémitisme.
Comme pour La Nouvelle Judéophobie, l’ouvrage est publié dans la même collection, bénéficie du même partenariat avec la fondation 2 mars, même le design et les couleurs des couvertures sont similaires. Difficile de croire au hasard. Au risque d’être accusé de complotisme, les deux opuscules semblent participer d’une offensive concertée.
A sa sortie, le livre est un non-évènement. Il restera relativement confidentiel. A cause « d’un mutisme médiatique » accusera la journaliste Martine Gozlan, pourfendeuse de l’islamisme et avocate d’Israël dans l’hebdomadaire Marianne. Cependant, l’appui du CRIF (qui aurait acquis 600 exemplaires) et de puissants intellectuels comme Alain Finkielkraut pour qui c’est « un livre capital », assurera à l’ouvrage une certaine visibilité.
La promotion du livre s’avérera néanmoins laborieuse. L’intitulé, lui, connaitra, en revanche, une heureuse et enviable destinée. Puissamment relayé par quelques personnages médiatiques et politiques, Les territoires perdus de la république deviendra une sentence-clé, un cri de ralliement, un mot de passe ou un signe de reconnaissance, surtout chez les néoconservateurs. Répété à satiété et de manière pavlovienne, il assignera les quartiers de France en dehors de la République. Près de vingt ans plus tard, en 2021, Bernard Rougier publiera un livre avec le titre « Les territoires conquis de l’islamisme ».
Essai collectif, « Les territoires perdus de la république » compile donc des témoignages de profs qui relatent leurs vécus sur le terrain et dans les classes. La plus connue, c’est Barbara Lefevre, adepte du propos vénéneux, devenue depuis une habituée de plateaux télé. Sous le pseudonyme Emmanuel Brenner, c’est Georges Bensoussan, juif d’origine marocaine qui se consacre en grande partie à la Shoah et au sionisme, qui coordonna l’ouvrage, à partir de son bureau avec « porte blindée ». A l’époque, il était le responsable éditorial du mémorial de la Shoah.
Ce poste, il le quittera piteusement après un procès intenté par le non moins toxique CCIF, le collectif contre l’islamophobie. En 2015, l’année de la réédition des Territoire perdus, George Bensoussan, à visage découvert, apparut plus hardi, assuré et imprudent. Invité sur France culture, dans une émission radiophonique animée, par son ami Alain Finkielkraut, George Bensoussan prêtera indument au sociologue, Smain Laacher une phrase immonde que celui-ci a aussitôt catégoriquement démenti. Selon Bensoussan, Laacher lui aurait susurré que « l’antisémitisme des Maghrébins est tété avec le lait de la mère ». Les Marocains qualifient sentencieusement cette méthode. Ils accusent ses adeptes de « déguster l’ail avec la bouche des autres ».
Depuis le 7 Octobre 2023, crânement et à visage découvert, George Bensoussan écume tous les plateaux télé en se présentant, comme simple historien et non pas comme le brillant spécialiste du sionisme et de la Shoah. Par pusillanimité, ignorance ou complicité, aucun journaliste n’évoque qu’il fut viré comme un malpropre du mémorial de la shoah à cause de cette phrase infâme qui exhale l’ail.
Autant Taguieff participe de la puissance intellectuelle, autant Bensoussan verse facilement dans l'abject. Outrancier, il procède par des généralisations abusives avec des approximations désarmantes. Crânement, derrière sa « porte blindée » et son pseudonyme, il attribuera au jeune immigré, beur, banlieusard et musulman des qualités judéophobes. Pour lui, l’antisémitisme du jeune maghrébin n’est pas intellectuel. Il n’est même pas idéologisé. Il est tout simplement transmissible. Il est atavique. C’est une seconde nature.
Parce que nombreux dans les classes des quartiers de France, l’obsession du Maghrébin est confirmé dans plusieurs passages du livre à l’image de l’extrait qui suit :« A ceux qui considèrent que les propos et les actes antisémites de certains jeunes maghrébins ont pour seule origine la cause palestinienne, et en particulier l’Intifada déclenché en septembre 2000, ou le souci d’une transgression visant à défier l’adulte, il faut rappeler que la transgression qui exalte Hitler et le nazisme déplorant pour le coup que fut interrompu le génocide des juifs, est le fait des seuls jeunes maghrébins. Aucun enseignant ne signale massivement, de tels « dérapages…de la part d’élèves d’origine asiatique, turque ou africaine ». Des diatribes de cet acabit jalonnent le livre. Elles seront malheureusement bientôt infirmées par des tragédies inédites. En 2005, le gang des barbares, kidnappa Ilan Halimi parce qu’il était juif et le supplicia parce que juif et en tant que juif. En 2015, dans l’Hyper Casher, des Juifs français vont être triés, par un Malien de France parce que juifs. Ainsi, l’ignoble ivoirien Youssouf Fofana et l’abject Amedé Coulibaly, feront preuve d’un antisémite aveugle et ignominieux et démentiront de manière cinglante l’assertion de Bensoussan et, par ricochet ses prétentions académiques.
Les témoignages des profs et du terrain ne suffisent pas ? Qu’à Dieu ne plaise ! George Bensoussan, dans son ex-bureau « avec porte blindée », compilait, en même temps et compulsivement, tout ce qui pouvait aller dans le sens de sa thèse. Il citera, par exemple, Ali Lmrabet qui aurait évoqué, dans Demain magazine, le « sionisme » de Lionel Jospin ajoutant que « beaucoup de Marocains, et pas des moindres, croient que le PS est un bastion de sionisme ».
Plus sournoisement, Bensoussan cite le magazine marocain Le Journal hebdomadaire, disparu depuis, dans lequel il grappille un pronunciamiento du cheikh Zamzami, un imam d’une mosquée de Casablanca et non pas de France. Celui-ci aurait déclaré : « entre nous et les juifs ? Oui les choses sont beaucoup plus compliquées et je ne pense pas qu’un jour nous pourrions vivre en paix avec eux. Ils restent l’ennemi à abattre ». Bensoussan aurait pu tout autant rappeler que Zamzami, qui faisait pouffer les Marocains, qui rigolaient de ses fatwas « halalisant » les sex-toys ou approuvaient les carottes comme moyen de masturbation pour les femmes. Ce même imam hurluberlu avait fait moins rire les Marocains en prônant le droit des hommes de coucher avec les cadavres de leurs femmes décédées.
Mais là où Bensousson est le plus injuste et cruel, c’est quand il évoque le sort de la communauté juive de Casablanca dont il est originaire. Réduite, en ces années 2002 à 1600 personnes, il déplora que « ses fêtes, communions et mariages sont annulés, ses rassemblements implicitement interdits. » avant d’ajouter que les « jets de pierre, crachats et agressions verbales font partie de son quotidien ».
Dans cette dernière allégation, il y a quelque chose qui cloche. Si non, il faudra que Bensoussan nous explique pourquoi les Juifs marocains d’Israël se considèrent comme des Israéliens de chaque jour et demeurent des Marocains de toujours.
Epilogue
L’histoire se répète disait Karl Marx. « La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce ». Au Proche-Orient, et de manière récurrente, seule la tragédie est à chaque fois au rendez-vous.
En l’an 2000, avec la seconde intifada et ses lanceurs de pierres, le Hamas avait judicieusement préempté le mythe biblique de David contre Goliath. A l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas ou si peu. Pas de Facebook ni Twitter. I24News, la chaine israélienne, non plus. Et dans le monde arabe, Al Jazeera donnait le la.
Plus que les pierres, la séquence de la mort du jeune Mohamed, dans les bras de son père, fera beaucoup de mal à Tsahal et à Ariel Sharon. Filmée en direct et diffusé en boucle planétairement, la scène abimera l’image d’Israël dans l’opinion mondiale. Le Palestinien en est sorti, non pas vainqueur, mais victime.
Et si les chaines, arabes surtout, avaient fait leur miel de cet épisode, il ne faut pas oublier que la diffusion de ces images aurait été impossible sans le journaliste de France 2, le franco-israélien Charles Enderlin. Il sera, pour cela, voué aux gémonies par une partie de la communauté juive française.
C’est de cette période que date, en France, le recensement des actes antisémites. Une manière d’évaluer l’impact du conflit proche-oriental dans l’hexagone (640 en 2000 contre 857 en 2023). Et dans le même temps, grâce à une offensive intellectuelle, on assistera à la diabolisation de l’immigration française en la « palestinisant ». Chaque jeune immigré, le maghrébin tout particulièrement, devenait un potentiel fedayin.
Avec les attaques du 7 octobre 2023, la prouesse guerrière du Hamas, humiliante pour l’un des pays les plus sécurisé au monde, passera rapidement au second plan. Elle sera, au fur-à-mesure de la divulgation des atrocités commises, inscrite dans le registre de la barbarie et l’inhumanité. Vingt-trois ans après la seconde Intifada, dans un monde hyper connecté, la guerre médiatique se mène parallèlement aussi redoutablement, si ce n’est plus, que l’action militaire.
Cette fois, la victime qui s’impose est une figure israélienne. Celle du bébé, du vieillard, de la jeune femme violée et du fêtard pacifiste, tous ciblés en tant que civils, en tant qu’israéliens et tant que juifs. On parlera, très vite, de pogrom, mot russe ou salve, qui prend ici une résonnance islamiste. Le premier pogrom de la mondialisation, cette tour de Babel. Avec une diversité des victimes comme des otages. Tous israéliens certes, mais appartenant au monde entier.
Entre la seconde l’Intifada de l’année 2000 et le 7 octobre 2023, il y a des différences de taille. Non pas de nature mais de degrés. En 2000 comme depuis le 7 octobre 2023, la réaction en France, est presque similaire, avec cette fois-ci une intonation outrancière, une pigmentation brunâtre et une odeur nauséabonde. Pourquoi ?
Qu’Israël se défende, militairement et médiatiquement, c’est compréhensible et même, si j’ose dire, de bonne guerre. C’est sa guerre. Ce n’est pas la guerre de la France. Alors pourquoi tant de haine ?
C’est là qu’il faut situer les responsabilités
Exception du député des Français de l’étranger, Habib Meyer, ce personnage politiquement obséquieux, très proche de Netanyahou, qui, quand il s’adresse à l’Assemblé nationale française, oublie qu’il n’est pas à la Knesset. Je fais délibérément l’impasse sur des journalistes comme Frederic Haziza, des experts comme Frederic Ancel, des politiques comme Julien Dray, des communicants comme Franck Tapiro, des penseurs comme Bernard-Henri Lévy, des névrosés comme Gilles-William Goldnadel ou Arno Klarsfeld. Ils sont notoirement Juifs, ils ont pour eux l’honneur d’être sensibles à Israël et d’en être les défenseurs. C’est leur droit le plus absolu. Encore que. En 1973 durant la guerre du Kippour, Golda Meir aurait reproché à Henry Kissinger de ne pas assez soutenir Israël alors qu’il est de confession juive. Celui-ci lui aurait retorqué : « Je suis d’abord citoyen du monde, puis américain, puis républicain, puis juif ».
Il y a cependant tous les autres.
Dans un paysage médiatique bouleversé par Vincent Bolloré, le catho et le cathodique, tout ce que compte la France comme néoconservateurs, les va-t’en guerre ou autres faucons, au sens bushien du terme, a désormais, à sa disposition une palette médiatique, qui dans une synergie parfaite se complète capitalistiquement et idéologiquement. Cette galaxie est, pour l’essentiel, animée par des journalistes, des personnalités médiatiques ou des militants de la société civile, partisans de la palabre et du buzz, adossés qu’ils sont à Wikipédia.
On y trouve Cnews de Pascal Praud et de Sonia Mabrouk. Europe 1 de Pascal Praud et de Sonia Mabrouk. Le Journal du dimanche de Geoffroy Lejeune, de l’intégriste Charlotte d’Ornellas et d’Éric Naulleau. Ne pas oublier la revue Causeur d’Elizabeth Lévy en plus de toute la fachosphère. Entre eux, ils se repassent les plats. Et entre eux, ils soliloquent. Ils s’invitent mutuellement et sollicitent les mêmes voix : Michel Onfray, Robert Ménard, Alain Bauer, Gilles Kepel et son djihadisme d’atmosphère ou l’impayable Jean Messiha.
Plus cocasses, ce sont les Français de fraiche date. Sonia Mabrouk, la tunisienne, naturalisée en 2010. Abnouss Shalmani, l’iranienne, naturalisée en 2009. Elles parlent, avec des trémolos dans la voix, au nom de la modernité et de la démocratie, menacées, dans une guerre de civilisation, où l’occident est incarné, pour elles, par cet appendice qu’est Israël qui fait face à la barbarie.
Pire, comme si la France manquait de talents, Paris importe désormais des réactionnaires comme Mathieu Bock-Côté, grand verbeux devant l’éternel. Il a pris la place d’Éric Zemmour et du volume tant l’air parisien lui sied. C’est lui qui, dans un article au Figaro, a littéralement criminalisé l’invocation « Allah Akbar » en en faisant « un cri de guerre ». Bientôt, ce sera le tour du credo musulman « il n’y de Dieu qu’Allah » ou de la formule « Inchallah ». Et tant qu’on y est ! pourquoi pas ne pas abolir la langue arabe elle-même.
Mathieu Bock-Côté a écrit sa provocation le matin et le soir même, elle est reprise, à la télévision, par Elizabeth Lévy avant qu’Éric Zemmour n’en fasse, le lendemain, sa propre cartouche. Bock-Côté est venu du Canada, avec dans ses bagages, sa femme, Karima Brikh. Elle officie aussi sur Cnews. Pour le coup, la chaine voit d’un bon œil le regroupement familial.
Karima Brikh est une marocaine avec un solide accent canadien. Elle a l’avantage d’être moins névrosée que notre Zineb El Ghazoui national, aujourd’hui disparue des radars. Comme a disparu la Dounia Bouzar qui, hier encore, vendait ce gadget pour nigauds qu’est la déradicalisation. Comme s’est naufragé, dans l’argent public, le Mohamed Sifaoui qui nous expliquait avant-hier ce qu’est l’intégrisme. Dans cette galerie d’importés, Darius Rochebin, journaliste d’origine iranienne né à Genève, respectable et professionnel, fait presque exception.
Depuis le 7 octobre, ces figures médiatiques reprennent en chœur, dans la joie et la bonne humeur, la grille de lecture élaborée lors de la seconde Intifada par Pierre-André Taguieff. Ils extrairont Georges Bensoussan de la naphtaline pour reprendre ses éléments de langages : 1. L’antisionisme est un antisémitisme. 2. L’antiracisme est un « fascisme ». 3. L’islamogauchiste est un alliage diabolique. 4. Et les territoires perdus de la république sont désormais des espaces islamisés où germent les ferments de la future guerre civile, si ce n’est le grand remplacement.
Ces gens-là, comme dans la chanson de Jacques Brel, font société. Ils sont bien entre eux. Ils mènent leur petit combat. Ils y sélectionnent leurs alliés. Ils choisissent leur musulman. Ils préfèrent Chalgoumi à Benzema.
Ce sont eux les vrais pompiers pyromanes. Et ce sont eux qui préparent, qu’à Dieu ne plaise, la guerre civile comme l’écrivait Ivan Rioufol. Ils sont ceints d’une même ceinture d’explosif : la théorie de Gramsci sur les victoires culturelle qui précèdent les victoires politiques. Dans une démarche politicienne, ce qui les intéresse, plus que les suppliciés des kibboutz, c’est de canarder Jean-Luc Mélenchon. Parce tout simplement, ils ont déjà choisi Marine Le Pen à qui ils balisent le chemin de l’Élysée.
A leurs décharges, ils ont eu, depuis 2012, des complices décisifs. Des idiots utiles, capables des pires tragédies : les Merah, les Kouachi, les Coulibaly, les tchétchènes tueurs des profs ou, comme c’est le cas depuis hier, le disgracieux imam de Beaucaire