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La candidature de Trump probablement dopée par sa tentative d'assassinat
Des partisans de l'ancien président américain et candidat républicain à la présidence Donald Trump se préparent à démarrer la caravane "In Trump we Trust" à Hialeah, en Floride, le 14 juillet 2024. (Photo Giorgio Viera / AFP)
Par Sébastien BLANC (AFP)
Un candidat à l'oreille en sang, le poing levé et qui appelle à "combattre", tandis que la foule effarée autour recommence à scander "USA, USA": on ignore encore l'impact exact qu'aura la tentative d'assassinat sur Donald Trump, mais cette séquence déjà historique pourrait se révéler positive pour lui sur le plan électoral.
L'événement, qui a suscité une déflagration médiatique aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, permet de surcroît au candidat de faire passer au second plan sa récente condamnation pénale. Il a aussi pour effet d'obliger son rival Joe Biden à suspendre temporairement ses publicités de campagne.
"Je pense que cela va renforcer la base électorale de Trump et rassembler les républicains derrière lui", analyse Wendy Schiller, professeure de sciences politiques à la prestigieuse université Brown. "Mais je ne suis pas convaincue que cela va lui attirer les votes des électeurs indépendants".
L'ancien président de 78 ans a vite fait savoir qu'il serait bien présent à la grande convention républicaine qui s'ouvre lundi à Milwaukee dans le Wisconsin, où des dizaines de milliers de ses partisans prévoient de le fêter, non seulement en tant que candidat mais désormais en tant que miraculé.
Le cas Reagan
La tentative d'assassinat de Ronald Reagan, grièvement blessé par balle le 30 mars 1981 à Washington, avait permis au président républicain d'enregistrer un bond spectaculaire de sa cote de popularité.
Malgré son état, M. Reagan avait tenu à marcher pour entrer dans le service des urgences de l'hôpital George Washington, et les Américains avaient été profondément touchés les jours suivants en voyant leur président plaisanter avec les médecins et infirmières.
Résultat, au centième jour de son premier mandat, soit trente jours après l'attentat, M. Reagan fédérait 92% des républicains et 51% des démocrates !
Contraste avec Biden
Donald Trump a-t-il agi par opportunisme politique ou simplement par réflexe d'un homme ayant juste échappé à la mort ? Dès les premières secondes après l'attentat, il a affiché une posture de défi, semblant vouloir s'extirper de l'étreinte de ses gardes du corps pour continuer à haranguer les spectateurs de son meeting.
Comment ne pas penser à une autre image, celle d'un Joe Biden usé par les années, qui s'est lui affalé l'an dernier sur l'estrade d'une cérémonie de l'académie de l'Armée de l'air dans le Colorado ?
Le président démocrate avait alors été également relevé par les agents du Secret Service, l'incident venant alimenter des doutes sur sa santé. Des doutes qui culminent actuellement, une partie des démocrates exhortant M. Biden à jeter l'éponge.
Il faut ajouter à cela le fait que Donald Trump est depuis longtemps passé maître dans l'exploitation du battage médiatique que suscite sa personnalité, y compris pour les faits a priori les plus négatifs.
Premier président ciblé par deux procédures de mise en destitution, premier ex-président condamné sur le plan pénal, il a su chaque fois utiliser l'adversité pour peaufiner son image de dirigeant insubmersible, soi-disant assailli par un système corrompu. Comme l'ont illustré les levées de fonds record dont il a bénéficié avanie après avanie.
Lui qui a su si bien utiliser sa fameuse photo d'identité judiciaire, censée être infamante et prise le 24 août 2023 par les services du shérif du comté de Fulton dans l'Etat de Géorgie, comment imaginer qu'il ne saura pas tirer profit de celle avec sa joue ensanglantée, collant si bien à l'image qu'il entend projeter, celle d'un lutteur qu'on veut abattre ?