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La FIDH et l’OMCT publient un rapport conjoint sur la répression des défenseurs des droits de l’homme en Algérie
Bruxelles - La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) ont publié conjointement un rapport sur la répression des défenseurs des droits de l’homme en Algérie.
Ce document, publié par l’Observatoire des deux institutions pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, établit une chronologie des attaques contre les militants des droits humains en Algérie entre le 22 février 2019 et le 5 mai 2020, "plus d’un an après le début du mouvement populaire du Hirak et en pleine pandémie mondiale du Covid-19, qui frappe de plein fouet l’Algérie".
Pour l’observatoire, les défenseurs des droits humains sont aujourd’hui particulièrement ciblés par les autorités algériennes, dans une période où plus que jamais, « les gouvernements devraient libérer toutes les personnes détenues sans base juridique suffisante, y compris les prisonniers politiques et les autres prisonniers détenus simplement pour avoir exprimé des opinions critiques ou dissidentes».
"Si les dirigeants du mouvement Hirak, qui continuent de réclamer pacifiquement l’avènement d’une Algérie démocratique, ont suspendu les manifestations depuis le 15 mars 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, et que l’ensemble du pays a été placé sous confinement depuis le 4 avril, la répression a continué, avec des condamnations judiciaires à de la prison ferme", note le rapport.
Il précise que depuis le début du soulèvement populaire le 22 février 2019 en Algérie, "les interpellations, arrestations, détentions arbitraires et mauvais traitements de militants pacifiques mais aussi de simples manifestants se sont multipliés".
Parmi les personnes ciblées, ajoute le rapport, "les défenseurs des droits humains - membres particulièrement actifs du mouvement - ont été de plus en plus réprimés. Leur harcèlement judiciaire s’est intensifié depuis septembre 2019, afin de les réduire au silence".
Le rapport relève que "la vague de libérations de manifestants et de figures du Hirak entre décembre 2019 et janvier 2020 n’aura été qu’un espoir de courte durée", puisque "la répression a repris en février, avec des manifestations violemment réprimées par la police, donnant lieu à des centaines d’interpellations de manifestants pacifiques, et une série de condamnations lourdes à compter du mois de mars".
Alors que le monde fait face à la pandémie du COVID-19 et à une crise sanitaire sans précédent, le Hirak a décrété une trêve à partir du 15 mars 2020, suspendant les marches pour des raisons sanitaires, afin de prioriser la lutte contre le virus. En réponse, poursuit le rapport, "les autorités ont continué d’arrêter, harceler et condamner les défenseurs des droits humains qui avaient manifesté pacifiquement jusqu’au 15 mars 2020".
En conclusion du rapport, l’Observatoire demande aux autorités algériennes de libérer de façon immédiate et inconditionnelle les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus, dans un contexte de risque accru de propagation du virus dans les prisons, conformément aux recommandations exprimées par la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme.
Face au risque d’une propagation massive du virus en prison, le rapport appelle à mettre en place des mesures d’urgence visant à préserver la santé des détenus, notamment en matière d’alimentation, de santé, d’hygiène et de mise en quarantaine, de manière adaptée, limitée dans le temps et transparente
Il demande également à mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris judiciaire, à l’encontre de l’ensemble des défenseurs des droits humains en Algérie et à garantir en toute circonstance, avec pour seules limites celles imposées par les mesures prises en raison de la crise sanitaire actuelle due à la pandémie de coronavirus, les libertés de manifestation, de rassemblement, d’association et d’expression.