La France a voté, la presse algérienne fidèle à ses tocs – Par Talaa Saoud El Atlassi

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Le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire (à gauche), Gabriel Attal qui prend ses. Derniers souvenirs de Premier ministre, le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte assistent au défilé militaire du 14 juillet sur l'avenue Foch, à Paris, le 14 juillet 2024. (Photo de JULIEN DE ROSA / AFP)

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Nul ne contestera que la France, ou du moins la " politique française, est entrée dans une zone de fortes turbulences. Le président a dissous le parlement, entraînant le pays vers des élections législatives inattendues et non sollicitées, dans l’espoir disait-il de clarifier l'architecture politique du pays. Les résultats ont déçu ses espérances et probablement perdu pur longtemps ses marques de netteté entre gauche te droite, que lui imprimait, par la volonté de Charles de Gaulle, l’avènement de la Cinquième République voulu pour libérer les pays du parlementarisme de la cinquième république. 

Les signes de la période de troubles dans la formation de la majorité gouvernementale ont commencé à apparaître avec la précédente législature, accompagnés par le recours du gouvernement à l’"expéditifs" légal mais exceptionnels qu’est la disposition constitutionnelle dite le 49.3 pour faire passer ses décisions au parlement. On ne peut pas dire qu’aujourd'hui, la situation est reluisante même si le président français Emmanuel Macron s’en réjouit et semble vouloir en faire son affaire pour rester maitre du jeu et des « horloges ». Mais peut-il tenir ainsi au moins une année avant d’être à nouveau dans la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale française sans garantie de résultat ? Tout permet d’en douter… mais la politique a parfois de raisons que la raison ne comprend pas, ni les pronostics ni les sondages d’ailleurs.

L’incertitude, seul maitre de horloges

Le président Macron a adressé un message à travers les médias au peuple français, disant que "personne n'a gagné les élections" parmi les acteurs politiques... mais il n'a pas dit que le plus grand perdant de ces élections est la France, qu'il a lui-même conduite à cette phase de turbulences politiques, difficile à contrôler en intensité et en durée. Pour l’instant, la politique française, et sauf accident qu’on ne lui souhaite pas, va entrer dans une trêve olympique pour les Jeux éponymes. Peut-être seraient-ils suivis d’un bref répit estival.  

Le contexte de la rentrée, si vacances il y a, sera caractérisé par les risques de complications inhérentes à la nouvelle carte politique française et il faut compter avec et sur l'extrême droite, qui dispose désormais d’une base populaire significative, plus proche que jamais du temple du pouvoir, pour ne pas faciliter la tâche au président, quel que soit le gouvernement forcément fragile, que M. Macron, réussira, ou pas, à mettre en place.

Une politique extérieure fragilisée

La politique étrangère française sera grandement impactée par l'instabilité de la vie politique intérieure et les éventuelles faiblesses du gouvernement. La France adoptera abordera désormais l’Europe en position de faiblesse. En Afrique, elle continuera de perdre de son influence, se retrouvant de plus en plus isolée de ses positions traditionnelles, déjà officiellement entamées avant la situation actuelle.

Dans la région maghrébine, la politique étrangère française ne changera pas fondamentalement, que ce soit envers le Maroc ou l'Algérie. La politique envers l'Algérie continuera, avec les mêmes complications et le même mépris, sans objection majeure de la part de l'élite politique française, sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune qui a annoncé sa candidature aux élections présidentielles algériennes et qui gagnera avec le soutien de l'armée et de l’adoubement de Paris. M. Tebboune continuera de réclamer le burnous de l'émir Abdelkader, tandis que la France continuera de négliger cette demande en raison de la difficulté à obtenir une décision du parlement français. M. Tebboune souhaitera être reçu par Macron à l'Élysée, mais Macron ne trouvera probablement pas de place pour cette visite dans son agenda.

Le toc algérien

De tout ce tiraillement politique français, la direction politique algérienne, à travers sa presse, n'a retenu qu’une chose : le "régime marocain’’ comme ‘’le plus grand perdant’’ des élections législatives françaises. C’est un toc, tic obsessionnel compulsif. On n’y peut rien. Maison ne peut ne pas s’interroger sur comment leur imagination haineuse envers le Maroc les a-t-elle menés à ces niveaux de projection ridicule et superficielles ? Vivant dans une suspicion maladive des résultats des élections françaises, ils s’interdisent de voir les vérités telles qu'elles sont réellement et de reconnaître qui en est vraiment affecté.

Avec le Maroc, la politique française est guidée par l'intérêt de l'État français, imposé au monde politique français, qu'il soit de gauche ou de droite. Le roi Mohammed VI a donné un bon point de départ aux relations entre la France et le Maroc en plaçant la question du Sahara marocain au centre. Cela a conduit à une affluence de ministres français au Maroc et à de nombreuses déclarations politiques sur le désir de la France de tirer parti des opportunités d'investissement et des efforts de développement dans les provinces du sud du Sahara marocain.

Une affaire française

Il est prévu que les relations entre la France et le Maroc continuent et se développent jusqu'à ce que la France reconnaisse explicitement la souveraineté marocaine sur le Sahara, quelle que soit la nature du gouvernement français, qu'il soit de gauche ou centriste. La France aura une politique unique avec le Maroc, axée sur ses propres intérêts. Pour la France, le Maroc occupe une position stratégique précieuse, et le Maroc, dans sa position et dans ce qu'il peut offrir à la France, agit de manière coopérative et équitable, sans préférer un parti politique français à un autre. Les Français peuvent se disputer entre eux, mais ils s'accordent sur l'importance de respecter la souveraineté du Maroc et de reconnaître ses capacités croissantes au niveau marocain, maghrébin, africain et méditerranéen.

Le Maroc traite les élections françaises comme une affaire interne à la France, fort de son immunité politique, économique et sociale. Il les suit sans se soucier de leurs tempêtes, de leurs obstacles ou de leurs épreuves. C'est ainsi qu'il gère ses relations extérieures, respectant les affaires intérieures de ses partenaires, qu'il s'agisse de ceux avec qui il entretient des relations amicales ou de ceux qui lui sont hostiles. Avec ces derniers, le Maroc maintient une distance respectueuse de leurs affaires intérieures et une distance de sécurité jusqu'à ce qu'ils réalisent, avec lucidité, l'intérêt de leur pays à coopérer avec le Maroc et à répondre à ses appels pacifiques, comme il l'a fait et continue de le faire avec... les dirigeants de l'Algérie.

*Traduit de l’arabe et adapté par Quid