La vague Rose ? Les socialistes au pouvoir ? - Par Samir Belahsen

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Lula et sa nouvelle épouse Janja, les nouveaux maitres du Brésil

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« Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir. »

« L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes taches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir »

Jean Jaurès (1859 1914)

Alors que Xi Jinping termine son congrès en assurant et en affichant son autorité totale et que Poutine se débat en Ukraine, la victoire de Lula au Brésil annonce le retour de la gauche en Amérique Latine. 

Certains nostalgiques parlent par optimisme de vague rose. 

Avec ce succès c’est le septième pays d’Amérique latine qui vote à gauche alors qu’en Europe c’est l’extrême droite qui galope. C’est aussi le premier pays des BRICS qui vire à gauche.

Si la gauche sud-américaine peut s'enorgueillir de diriger la plupart des pays du sous-continent, cette vague de gauche ne ressemble pas du tout à celle qui a triomphé dans les années 2000.

Pour preuve permettez-moi de vous rappeler quelques figures emblématiques du début du siècle : Hugo Chavez, Néstor Kirchner, Rafael Correa, Evo Morales et Lula. 

Le nouveau président brésilien est donc un revenant de cette époque où la région refusait aux États-Unis de George W. Bush le fameux projet Zone de libre-échange des Amérique (ZLEA).

Succès de la gauche ou échecs de la droite

Le succès de Lula peut s’expliquer par ses deux mandats de 2003 à 2010 qui ont permis à quelque 30 millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté. (Aide directe, ciblage…)

Pour les autres explications du succès certains parlent de COVID quand d’autres les expliquent par la misère, les inégalités, le chômage…

Selon certains, c’est la pauvreté qui a fait le triomphe de la gauche même si, en général, elle ne propose que des réformes distributives, au lieu de réformes plus en profondeur.

Selon d’autres il s'agirait plus d'une tendance de rejet de la droite, de gens qui cherchent une alternative.

Ainsi, ce serait Bolsonaro qui aurait perdu grâce à ses sorties racistes, sexistes et homophobes et surtout à sa gestion du Covid.

En août dernier, Gustavo Petro, ancien guérillero, était élu premier président de gauche en Colombie. Sa vice-présidente Francia Marquez est une militante noire, féministe et écologiste…Après avoir choisi la paix, les Colombiens ont choisi le changement.

Au Chili voisin, Gabriel Boric, figure du mouvement étudiant de 2011 est élu président de la république depuis Mars 2022.

Au Mexique, dès 2018 Andrés Manuel López-Obrador, AMLO pour les intimes, est élu président grâce à une participation record de l’électorat due à l’essoufflement d’un bipartisme PAN/PRI devenu stérile. 

En Argentine, Alberto Fernandez est arrivé au pouvoir après son alliance dans le « Frente de todos » qui est en fait le front des Péronistes. Cristina Fernandez (l’ex présidente) est donc devenue sa vice-présidente. C’est une sorte d’union de la gauche qui a permis à Alberto Fernandez d’accéder au pouvoir. Depuis le début de l’année 2022, ils sont obligés de cohabiter dans la souffrance avec un législatif plutôt de centre droit et ce dans les deux chambres)

C’est qu’en Argentine comme ailleurs le pouvoir use, et il est difficile d’assurer l’intégrité et la probité des hommes et des femmes surtout dans une coalition.

Au Pérou, en 2021, Pedro Castillo syndicaliste enseignant est arrivé au pouvoir porté par un mouvement social, même si la gauche est restée divisée et la droite unie et soutenue par l’oligarchie qui contrôle de puissants médias.

Son atout est qu’il a pu incarner un « Pérou possible » grâce à sa réputation d’homme propre.

Idéologiquement, ces dirigeants de gauche forment un groupe hétéroclite, au Nicaragua comme au Venezuela, on peut parler d’un certain populisme de gauche ; au Chili, en Colombie et en Argentine on parle d’une gauche un peu molle…Au Pérou d’un centre gauche. Lula est un cas à part.

Il me parait que ces nouvelles figures de la gauche propulsées au pouvoir par les urnes ont pourtant quelque chose de commun, outre le fait qu’elles représentent un changement : Elles sont perçues comme des symboles de propreté avec un certain charisme.

Avant de choisir un programme politique ou des promesses économiques, les peuples choisissent aussi des hommes et des femmes politiques propres ou perçus comme tels. 

Il est évident que quand la masse n’est pas satisfaite, elle va chercher le changement mais encore faut-il que ceux qui brandissent le changement soient effectivement plus propres.

 

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