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Le président Guinéen à l’ONU : Derrière le colonel, un révolutionnaire à la Sékou Touré ?

Le chef de l'État guinéen, Mamadi Doumbouya, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, le 21 septembre 2023. (AFP - TIMOTHY A. CLARY)
Le chef de l'État guinéen a dénoncé dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, un modèle de gouvernance « imposé » par l'Occident. Un modèle occidental qu'il estime être un échec sur le continent.
« L'Afrique souffre d'un modèle de gouvernance qui nous a été imposé, un modèle certes bon et efficace pour l'Occident, qui l'a conçu au fil de son histoire, mais qui a du mal à passer et à s'adapter à notre réalité », a-t-il déclaré. « Hélas, […] la greffe n'a pas pris. » Un discours qui n’est pas sans rappeler celui qui avait défie le français De Gaule, Sékou Touré.
Sékou Touré, qui aspirait à une indépendance totale pour la Guinée, avait refusé la proposition de de Gaulle, une ‘’autonomie au sein de la Communauté française’’, préférant « la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage », signifiant par-là que la Guinée valorisait sa liberté et souveraineté plus que les aides économiques et le statut semi-autonome proposé par la France
Sous son leadership, la Guinée proclama son indépendance en 1958, devenant ainsi la première colonie française d'Afrique subsaharienne à obtenir son indépendance. La réaction de la France fut rapide et sauvage ; la Guinée fut isolée diplomatiquement et économiquement, et les fonctionnaires français quittèrent le pays en détruisant ou emportant avec eux des infrastructures, des documents administratifs et du matériel. Malgré ces défis, Sékou Touré et le peuple de Guinée ont persévéré dans leur quête de souveraineté et d’autodétermination.
Son arrière petit-successeur, il est le cinquième chef de l’Etat guinéen depuis le décès de Sekou Touré en 1984, le chef de la junte actuellement au pouvoir, a également dénoncé à la tribune des Nations Unies, les « catégorisations » dans lesquelles les autres nations veulent cantonner les États africains. « Nous ne sommes ni pro, ni anti-Américains, ni pro, ni anti-Chinois, ni pro, ni anti-Français, ni pro, ni anti-Russes. Nous ne sommes tout simplement pro-Africains, c'est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte à une population de plus d'un milliard d'Africains, a-t-il martelé, dont environ 70% des jeunes totalement décomplexés. Des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre en main leur destin. »
Mamadi Doumbouya a ensuite invité la communauté internationale à « regarder l'Afrique avec les yeux neufs » et à entreprendre avec le continent « une coopération franche dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant ».
Il a invoqué à la fois la maturité et la jeunesse d'Afrique pour appeler à rompre avec l'ancien ordre mondial tout en défendant le non-alignement. « L'Afrique de papa, la vieille Afrique, c'est terminé », a-t-il dit. « C'est le moment de prendre en compte nos droits, de nous donner notre place. Mais aussi et surtout le moment d'arrêter de nous faire la leçon, de nous prendre de haut, d'arrêter de nous traiter comme des enfants », a-t-il dit.