Le président Zuma fait de nouveau parler de lui

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Le président sud-africain, Jacob Zuma, qui entame sa dernière année à la tête de l’African National Congress (ANC, au pouvoir) se retrouve de nouveau au cœur d’une polémique après sa décision de déployer des éléments de l’armée lors du discours qu’il prononcera ce jeudi 9 février au parlement au Cap (sud du pays) sur l’état de la Nation.

La présidence a annoncé, ce mardi 7 février, que 441 soldats de la force de défense nationale (SANDF) seront déployés autour du parlement à l’occasion du discours attendu du président.

La décision a suscité une large controverse, les partis de l’opposition, de plus en plus acerbes dans leur critique de l’homme qui préside aux destinées du pays arc-en-ciel, sont montés au créneau pour fustiger «une décision arbitraire» qui dénote d’un profond malaise politique dans le pays 22 ans après l’avènement de la démocratie.

La décision a été présentée par la présidence comme étant une mesure visant à aider à maintenir la paix et l’ordre lors de l’ouverture du parlement.

Le parti radical de l’Economic Freedom Fighters (Combattants de la liberté économique/EFF) a été très virulent dans sa critique de la décision, la qualifiant sans ambages de «déclaration de guerre contre le peuple».

«Nous condamnons l’initiative, qui s’apparente à une déclaration de guerre contre les citoyens», a déclaré Mbuyiseni Ndlozi, porte-parole du parti du jeune leader populiste et ancien chef de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema.

Selon l’EFF, une formation née d’une scission de l’ANC, cette décision vise à «réprimer l’opposition».

En 2016, le discours présidentiel sur l’état de la Nation a été interrompu par les députés de cette formation radicale, qui mène une campagne sans relâche pour le départ du président Zuma avant la fin de son mandat à la tête du pays en 2019. La formation de Malema avait utilisé la même stratégie d’interruption en 2015, quand les protestations au sein de l’hémicycle ont culminé avec des échanges de coups de poing, une situation qui a conduit à l’expulsion manu militari des députés de l’EFF par les forces de sécurité.

Selon les analystes, la décision de la présidence sud-africaine de déployer des éléments de l’armée lors du discours de cette année traduit une inquiétude de voir des manifestations s’éclater sur fond d’une aggravation de la crise économique et sociale dans le pays.

L’Alliance Démocratique (DA), principale formation d’opposition en Afrique du Sud, tout en exprimant son étonnement face à cette décision, a indiqué que le déploiement de l’armée autour du siège du parlement montre l’état d’isolement d’un président qui veut montrer qu’il détient toujours les rênes du pouvoir.

Le Mouvement Démocratique Uni, un autre parti d’opposition, s’est insurgé contre un « président devenu de plus en plus paranoïaque», soulignant que rien ne justifie le déploiement de l’armée autour du siège de l’institution législative sud-africaine.

Le syndicat national de la défense nationale s’est aussi élevé contre la décision, la qualifiant de «sans précédent».

Par ailleurs, les médias sud-africains ont rapporté qu’un dispositif sécuritaire exceptionnel sera déployé à l’occasion du discours du président.

Les artères menant au siège du parlement seront fermées, indique la presse, citant le secrétaire du parlement, Gengezi Mgidlana.

Le discours de jeudi est le quatrième du président Zuma depuis sa réélection à la magistrature suprême du pays de Nelson Mandela en 2014.

Erigé en une véritable institution dans cette jeune démocratie africaine, le discours sur l’état de la Nation est l’occasion pour le Chef de l’Etat de tracer les contours de sa politique durant l’année.

Le discours de cette année sera intitulé: «L’année d’Oliver Reginald Tambo: l’Unité dans l’action, ensemble pour le progrès de l’Afrique du Sud».