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Le soutien de l'UE affiche à Cuba, lui attire les foudres de Washington
L'Union européenne a réaffirmé lundi à La Havane son soutien à Cuba, soulignant l'importance de leur accord de dialogue politique et de coopération, au moment où l'île socialiste subit les foudres de l'administration américaine pour son soutien au Venezuela.
"Cuba est un partenaire-clé pour nous", a souligné la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
"En ces temps incertains que nous vivons, nous apprécions beaucoup que nos partenaires, comme c'est le cas de Cuba, partagent nos engagements en faveur du multilatéralisme", a-t-elle ajouté, à l'ouverture du conseil conjoint Cuba-UE, consacré à l'accord historique signé en décembre 2016 et entré en vigueur en novembre 2017. Un premier conseil avait eu lieu en mai 2018 à Bruxelles.
"La tenue de ce deuxième conseil conjoint est une preuve des progrès dans les relations avec l'UE", a estimé le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.
Dimanche, une première rencontre entre Mme Mogherini et M. Rodriguez leur avait permis d'évoquer "les nouvelles mesures de blocus des Etats-Unis contre Cuba", selon un tweet du ministre cubain.
L'arrivée à la Maison blanche de Donald Trump, début 2017, a en effet sonné le glas du rapprochement historique entre La Havane et Washington, initié fin 2014. Ces derniers mois, le voisin nord-américain n'a cessé de renforcer son embargo, en vigueur depuis 1962.
Relation au "meilleur moment"
La relation entre Bruxelles et l'île socialiste a pris le chemin inverse et se trouve désormais au beau fixe, après deux décennies de tensions.
"Nous sommes au meilleur moment depuis 25 ans de la relation entre Cuba et l'Union européenne", confirme à l'AFP l'ambassadeur de l'UE à Cuba, Alberto Navarro.
"Avant cela, elle a été bloquée pendant vingt ans, de 1996 à 2016, par la Position commune de l'UE (qui conditionnait tout dialogue à un progrès de La Havane dans le domaine des droits de l'homme, ndlr), et depuis 2016 nous nous rencontrons avec beaucoup de respect", ajoute-t-il.
Ce rapprochement a payé : l'UE est désormais le principal investisseur à Cuba et son premier partenaire commercial, avec des échanges qui ont dépassé les 3,47 milliards de dollars en 2018.
Depuis 2008, l'UE "a engagé 200 millions d'euros pour soutenir le développement de Cuba" dans l'agriculture durable, la sécurité alimentaire, l'environnement et le changement climatique, "mais aussi pour accompagner la modernisation du pays", a rappelé Mme Mogherini.
Grâce à cette coopération, "il y a eu des progrès en énergies renouvelables, en agriculture, dans notre lutte face au changement climatique, en culture et dans l'échange d'experts pour moderniser notre économie", a reconnu M. Rodriguez.
Mardi dernier, un comité conjoint Cuba-UE, à La Havane, avait insisté sur "l'importance d'augmenter le commerce et les investissements" entre les deux partenaires, mais aussi "la nécessité de contrer l'application de la loi Helms-Burton".
Cette législation américaine, entrée en vigueur en mai, autorise des actions en justice contre des entreprises étrangères présentes sur l'île, accusées de profiter de biens nationalisés après la révolution en 1959.
Le Venezuela au menu
Lors de la réunion de lundi, Mme Mogherini, qui se rendra ensuite au Mexique et en Colombie, a également prévu d'aborder la question du Venezuela, fournisseur de pétrole et principal allié politique de Cuba.
C'est justement le soutien de La Havane au gouvernement de Nicolas Maduro qui pousse Washington à renforcer sa pression contre l'île.
L'UE, à la tête d'un Groupe de contact pour trouver une solution à la crise vénézuélienne, devrait tenter de convaincre Cuba d'agir comme médiateur.
Quant à la question des droits de l'homme, l'accord avec Bruxelles l'a déplacée dans un dialogue parallèle à celui sur la coopération.
De quoi frustrer la dissidence : deux organisations d'opposition, l'Union patriotique de Cuba (Unpacu) et Cuba Decide, ont exprimé cette semaine leu