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Les Marocains en Ukraine appelés à quitter le pays où la tension n’est pas sans rappeler la crise de Cuba
Joe Biden (à gauche), alors candidat démocrate à la présidence, s'exprimant à Darby, en Pennsylvanie, le 17 juin 2020, et le président russe Vladimir Poutine s'exprimant lors d'une réunion avec des athlètes et des membres de l'équipe russe à la résidence d'État de Novo-Ogaryovo, à l'extérieur de Moscou, le 31 janvier 2018. Un appel le 12 février 2022 entre le président Biden et son homologue du Kremlin, M. Poutine, sur les troupes russes qui se massent à côté de l'Ukraine, s'est terminé après un
Quid avec AFP
Le Maroc par le biais de son ambassade à Kiev a recommandé samedi aux citoyens marocains se trouvant en Ukraine de quitter le pays pour leur sécurité. La tension entre la Russie et les Etats Unis soutenu, à des degrés différent, par les autres puissances n’a pas cessé de monter, Washington disant vouloir prévenir une invasion russe de l’Ukraine.
Moscou dément naturellement ces accusations et reprochent aux occidentaux de vouloir achever l’encerclement de la Russie en intégrant à l’OTAN Kiev, dernier bastion de l’ancien bloc communiste à ne pas avoir encore rejoint l’alliance atlantique.
Dans cette crise qui n’est pas sans rappeler la Crise des missiles soviétiques à Cuba, en octobre 1962, qui avait mis le monde au bord d’une confrontation nucléaire avant que Moscou et Washington ne s’entendent sur un retrait mutuel des missiles – soviétique de Cuba et américains de Turquie – se joue en vérité beaucoup plus que l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN.
Ce qui en jeu en vérité n’est pas moins que le nouvel ordre mondial post le monde unipolaire dominé par l’hyperpuissance américaine de plus en plus contesté par l’émergence de la puissance chinoise et le retour en force de la Russie sur la scène international après une longue convalescence.
Les principaux protagonistes qui s’amusent à se faire mutuellement peur avec le risque que la situation échappe au contrôle, se sont parlé ce samedi. Le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine se sont entretenus au téléphone pendant un peu plus d'une heure sur l'Ukraine, a annoncé dans la soirée la Maison Blanche.
"L'appel sécurisé entre le président Biden et le président russe Poutine s'est terminé à 12H06 (17H06 GMT)", a déclaré un responsable à l'issue de cet échange très attendu.
Un dialogue de sourds
L'appel entre Joe Biden et Vladimir Poutine a débuté samedi, juste après que le président russe a dénoncé des accusations "provocatrices" des Etats-Unis qui martèlent, malgré les dénégations russes et les appels au calme ukrainiens, qu'une invasion de l'Ukraine pourrait être imminente.
De nombreux pays occidentaux ont demandé à leurs ressortissants de quitter le territoire ukrainien et ajoutant à l'inquiétude, Moscou a annoncé y réduire son personnel diplomatique.
L'invasion russe est présentée comme étant potentiellement une question de jours par la Maison Blanche, car la Russie aurait déployé, selon Washington, plus de 100.000 hommes aux frontières ukrainiennes, et mènerair aussi des manœuvres en mer Noire et au Bélarus, encerclant de facto son voisin pro-occidental.
Occidentaux et Russes poursuivent le dialogue mais le ton reste à la confrontation, les premiers voulant arracher un signe de désescalade à la Russie, qui réclame, elle la fin de l'expansion de l'Otan et du soutien à l'Ukraine, y voyant des "garanties de sécurité" non-négociables.
Lors d'une conversation téléphonique dans l'après-midi avec le président français Emmanuel Macron, Vladimir Poutine a dénoncé "les spéculations provocatrices quant à une prétendue ‘invasion russe de l'Ukraine".
Il aussi critiqué les "livraisons d'ampleur d'armements modernes" à son voisin, estimant qu'elles créaient "les conditions préalables à de possibles actions agressives des forces ukrainiennes" dans l'Est de l'Ukraine où la Russie soutient depuis huit ans des séparatistes armés.
M. Macron a averti lui son homologue qu'un "dialogue sincère n'était pas compatible avec une escalade" militaire, tout en assurant que les deux dirigeants voulaient "poursuivre le dialogue" sur "la sécurité et de la stabilité en Europe" et la paix en Ukraine.
Il a redit la "détermination à réagir" des Occidentaux en cas d'opération militaire, et qu'il allait poursuivre ses efforts diplomatiques en appelant ce samedi Joe Biden ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et le président ukrainien Volodymyr Zelensky
L'entretien intervenait après leur rencontre lundi à Moscou, à l'issue de laquelle le Français avait estimé avoir réussi à "avancer" pour faire baisser la tension.
-Pas de panique
L'ambassade américaine à Kiev a ordonné samedi le départ de l'essentiel de son personnel, relevant qu'une offensive russe pouvait "commencer à tout moment et sans avertissement". Quelque 160 soldats américains qui entraînaient les forces ukrainiennes doivent aussi partir.
Vendredi, la Maison Blanche avait dit sans avancer de preuves qu'une offensive russe dans les jours à venir était une "possibilité très, très réelle", à l'issue d'une rencontre virtuelle de dirigeants occidentaux dont Washington a salué l'unité face à Moscou.
Le président ukrainien, M. Zelensky , le premier en principe concerné, conscient de ce qui se joue et se trame, a pour sa part une nouvelle fois jugé les déclarations américaines trop alarmistes.
"Toutes ces informations (quant à une éventuelle attaque) ne font que provoquer la panique et ne nous aident pas", a-t-il dit.
A Kiev, des milliers de manifestants ont défilé samedi, disant refuser de céder à la panique justement, même s'ils prennent la menace au sérieux.
"La panique, ça sert à rien. Il faut s'unir et lutter pour notre indépendance", déclare l'étudiante Maria Chtcherbenko, tenant une pancarte "Je reste calme. J'aime l'Ukraine".
Les pourparlers des derniers jours n'ont donc pas permis de désamorcer les tensions. Les Occidentaux excluent d'engager leurs armées en cas de guerre, mais ont prévu des représailles économiques dévastatrices.
Cette crise est, selon les Occidentaux, la plus dangereuse en Europe depuis la fin de la Guerre froide, accusant la Russie de vouloir réimposer sa volonté aux pays ayant quitté sa sphère d'influence.
La Maison Blanche a déjà esquissé le scénario de l'offensive russe, évoquant de probables " bombardements aériens et des tirs de missiles" et un assaut possible contre la capitale Kiev.
Vendredi, le Kremlin a relevé que des discussions réunissant des représentants de la Russie, de l'Ukraine, de l'Allemagne et de la France n'avaient produit "aucun résultat" quant au conflit au Donbass qui oppose depuis 2014 des séparatistes appuyés par Moscou à l'armée ukrainienne qui a fait plus de 14.000 morts.