Liban: l'armée israélienne intensifie ses frappes meurtrière sur de populations civiles et affronte le Hezbollah au sol

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Le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la ville de Nabatiyeh, dans le sud du Liban, le 12 octobre 2024. L'agence de presse nationale a déclaré que « les avions de guerre israéliens... ont mené une frappe qui a visé le centre de la place du marché » à Nabatiyeh, une ville importante du Sud-Liban. (Photo par Abbas FAKIH / AFP)

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Israël a intensifié dimanche ses frappes meurtrières au Liban et mène des combats au sol contre le Hezbollah dans des secteurs proches de la frontière, le Premier ministre israélien appelant l'ONU à mettre "immédiatement à l'abri" (sic) les Caques bleus qui font tampon entre les deux pays.

"Monsieur le secrétaire général (de l'ONU), mettez les forces de la Finul (la Force intérimaire des Nations unies au Liban) à l'abri. Il faut le faire tout de suite, immédiatement", a déclaré Benjamin Netanyahu, dont le pays est sous le feu des critiques internationales après que la Finul a subis des tires sur ses positions dans le sud du Liban faisant plusieurs blessés parmi ses membres, Tel-Aviv cherchant ainsi à écarter tout témoin potentiel de ses crimes.

Le Hezbollah a fait état pour la première fois de "combats rapprochés" dans le sud du Liban et a indiqué avoir repoussé deux tentatives d'infiltration de troupes israéliennes.

De son côté, l'armée israélienne a évoqué des "combats face à face" avec le Hezbollah.

Elle a fait état de la capture d'un combattant du mouvement libanais dans un tunnel dans le sud du Liban, la première annonce de ce type depuis le lancement de son agression terrestre du territoire libanais fin septembre.

Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, Israël a déplacé en septembre le front de sa guerre génocidaire au Liban, sous le prétexte d'éloigner le Hezbollah de la frontière.

En visite à Bagdad, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a averti dimanche que son pays n'avait "pas de lignes rouges" en ce qui concerne la défense de ses intérêts, affirmant que l'Iran était "totalement prêt à faire face à une situation de guerre".

"Comme un séisme" 

Dans le sud du Liban, une frappe israélienne a ciblé samedi soir un marché de la ville de Nabatiyeh, selon l'agence de presse officielle libanaise ANI.

Entre les  murs de magasins écroulés, les colonnes de fumée âcre et les montagnes de débris calcinés, des secouristes s'activaient encore dimanche matin. Quelques badauds constatent, effarés, les dégâts de la frappe.

Parmi eux, Tareq Sadaqa, n'en croit toujours pas ses yeux: "c'est comme si un séisme avait ravagé le marché", dit-il à l'AFP. "Tout a été détruit, même le petit bistrot qui faisait le coin où l'on buvait notre café le matin."

L'armée israélienne avait récemment appelé les habitants de 25 localités du sud du Liban, dont ceux de Nabatiyeh, à partir vers le nord. Samedi, elle a appelé à évacuer une vingtaine d'autres ainsi que dimanche, alors que le nombre des déplacés a dépassé le million de personnes .

Après l'intensification le 23 septembre des frappes meurtrières israéliennes sur le sud du Liban, des dizaines de milliers de familles ont en effet fui cette région, affirme l'ONU.

Selon ANI, Israël a intensifié depuis minuit ses bombardements sur des villages du sud du pays, où une ancienne mosquée a été "complètement" détruite par une frappe à Kfar Tebnit.

La Croix-Rouge libanaise a rapporté de son côté que plusieurs de ses secouristes ont été blessés dans une frappe sur une maison dans le sud du Liban.

Le front ouvert en octobre 2023 par le Hezbollah contre Israël, en appui au Hamas, s'est transformé en guerre ouverte le 23 septembre avec le début d'intenses bombardements israéliens sur les bastions du Hezbollah au Liban, tuant notamment le chef du mouvement Hassan Nasrallah.

L'armée israélienne a ensuite lancé une offensive terrestre le 30 septembre dans le sud du Liban, attisant les craintes d'un embrasement régional.

Tirs "répétés" 

Vendredi, la Finul a accusé les troupes israéliennes de tirer "de façon répétée" et "délibérée" sur ses positions, provoquant un tollé international.

Cinq Casques bleus ont été blessés en 48 heures, selon la Finul.

"Nous regrettons que les soldats de la Finul aient été blessés et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que cela ne se reproduise. Mais le moyen le plus simple et le plus évident d'y parvenir est tout simplement de les faire sortir de la zone de danger", a déclaré le Premier ministre israélien qui veut ainsi les témoins des crimes de guerre de son armée.

Avant lui, son ministre de la Défense Yoav Gallant a assuré à son homologue américain Lloyd Austin qu'Israël continuerait à prendre des mesures pour protéger les Casques bleus malgré un "défi opérationnel", sans suite naturellement.

Depuis octobre 2023, plus de 2.100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés.

Offensive à Jabalia 

Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, l'armée israélienne a poursuivi son offensive pilonnant principalement la région de Jabalia (nord), où elle accuse, chaque qu’elle veut perpétrer ses massacres, le Hamas de chercher à reconstituer ses forces.

Dimanche, son armée a indiqué avoir éliminé des "dizaines" de combattants à Jabalia et frappé "40 cibles". Selon M. Netanyahu, l'armée est "en train de démanteler les bastions du Hamas"  dans le secteur.

Le Hamas a condamné, lui, une "campagne militaire criminelle" dans le nord de la bande de Gaza.

La guerre d’extermination des Palestiniens par Israël a fait jusqu’à maintenant 42.227 Palestiniens tués, en majorité des civils, dont plus de 32.000 femmes et enfants. Le nombre des disparus selon les décombres restent indéterminé en raison de l’ampleur sans précédent des destructions, tandis que les blessés se comptent par dizaine de milliers.

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