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Macron vs Le Pen :Un débat télévisé à haut risque pour le président sortant
Image du débat télévisé de la présidentielle de 2017. La candidate du Rassemblement national réussira-t-elle cette fois-ci à éviter la débâcle de la dernière présidentielle et éviter les erreurs qui ont fait pencher la balance en faveur du candidat de la République en Marche, fort en thèmes. Ce n’est pas impossible, l’image d’Emmanuel Macron, hautaine et jupitérienne, et la nécessité pour lui de défendre le bilan de son quinquennat marqué par plusieurs controverses et par l’épisode des gilets ja
Paris - Les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle française, le président sortant Emmanuel Macron et la représentante de l’extrême droite Marine Le Pen, s’apprêtent à s'affronter, mercredi soir, dans un débat télévisé décisif et à haut risque, avec pour enjeu de convaincre les indécis, à J-4.
Ce traditionnel rendez-vous démocratique, instauré depuis 1988, chauffe déjà les esprits et retient l’attention des médias et des observateurs, d’autant plus qu’il sera l’occasion pour les deux prétendants à l’Élysée de croiser leurs idées et programmes, et surtout de laisser une bonne impression chez ceux qui ne se sont pas encore décidé pour l’un ou l’autre, ainsi que les électeurs de la gauche qui ont reçu la consigne de leurs chefs de file de voter pour le président sortant ou de ne pas donner leur vote à la candidate de l'extrême droite.
A en croire les résultats du baromètre Ipsos Sopra/Steria, réalisé pour France Info et Le Parisien-Aujourd'hui en France, à huit jours du second tour, parmi les Français qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au 1er tour, 33% ont l'intention de voter pour M. Macron au second tour, 16% pour Mme Le Pen, tandis que 51% n'ont pas exprimé leur intention de vote (abstention, vote blanc ou nul, ne souhaitent pas répondre).
Selon la même enquête, parmi les électeurs de l'écologiste Yannick Jadot, 59% ont affirmé avoir l'intention de choisir le président sortant au second tour et 7% Marine Le Pen alors que 34% ne se sont pas exprimés, tandis que 55% des électeurs de Valérie Pécresse ont choisi le chef de file de la République en Marche et 21% la candidate du RN (24% ne s'expriment pas).
Quant aux électeurs de l’autre représentant de l’extrême droite, le polémiste Eric Zemmour, ils ont fait part de leur intention de voter Marine Le Pen à 76%, et Emmanuel Macron à 9% (15% ne s'expriment pas), d’après le sondage.
Les résultats de ce sondage et de bien d’autres publiés au fil des jours montrent l’importance vitale pour les deux candidats du vote indécis et des abstentionnistes, d’où la nécessité pour les deux de produire un discours innovant et surtout convaincant en vue de s’attirer les faveurs de cette large frange de l’électorat.
Fort également d’importants soutiens, notamment ceux de ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que de nombreuses personnalités de tous bords, Emmanuel Macron cherchera à imposer son style et sa manière, mais tout en restant loin de rééditer l’exploit du second tour du scrutin de 2017 qu’il a vu remporter l’élection avec un grand écart face à Marine Le Pen, le contexte aussi bien national qu’international étant totalement différent à celui d’il y a cinq ans.
En effet, ce second tour intervient dans le sillage d’une conjoncture locale marquée par la pandémie du Covid-19 et d'un contexte international rythmé depuis près de deux mois par la crise russo-ukrainienne avec ses lourdes répercussions sur les prix de l’énergie et son impact très palpable sur le pouvoir d’achat des Français, d’ailleurs l’un des sujets saillants de la campagne présidentielle.
Dans ce contexte, les sondages attribuent une victoire très serrée du président-candidat dans une fourchette de 53 à 55,5% contre 44,5 à 47% pour sa concurrente, alors que l’ombre de l’abstention continue de planer fortement sur le scrutin, de quoi susciter les inquiétudes dans les deux camps qui redoutent un faux pas qui serait fatal et qui risquerait de chambouler les résultats de dimanche.
Pour sa part, la représentante du Rassemblement national entend éviter la débâcle de la dernière présidentielle et éviter les erreurs ayant permis de pencher la balance en faveur de son concurrent de la République en Marche (LREM).
Pour ce faire, Mme Le Pen a effectué lundi son dernier déplacement de campagne de l’entre-deux tours avant de s’isoler, entourée de sa garde rapprochée, afin de bien se préparer à son débat de mercredi soir, mais surtout éviter les causes ayant été derrière sa débâcle de 2017 face au même candidat.
Nombre d’analystes considèrent que la fébrilité palpable, l’agressivité et l’impréparation de la fille de celui qui a pu hisser l’extrême droite pour la première fois de la Ve République au second tour de l’élection présidentielle en 2002, avaient largement contribué à sa défaite en 2017 avec un grand écart, 66,1% des suffrages pour Emmanuel Macron contre 33,9%.
"Je suis prête parce que j'ai l'expérience, j'ai beaucoup travaillé le projet, j'ai affiné mon projet avec eux (les Français, NDLR), je l'ai frotté à leurs réalités, espérances, projet sérieux, équilibré, chiffré", tenait à assurer vendredi la candidate du RN.
Emmanuel Macron sera ainsi appelé à démonter le programme de Marine Le Pen en s’attaquant aux sujets qui font l’objet d’importantes divergences avec sa concurrente, à leur tête le respect de la Constitution et l'appartenance à l'Union Européenne.
Les Français seront ainsi au rendez-vous, mercredi soir à partir de 21h, avec une confrontation électrique d’idées et de programmes qui promet beaucoup de suspens et qui devrait permettre aux électeurs de se faire un avis définitif et de confronter programme contre programme, avant le jour du vote.