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Mali: décès de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta laissant un pays toujours dans la tourmente
Photo d'archive. Le 20 octobre 2015, le président malien Ibrahim Boubacar Keita à son arrivée pour une visite d'État en France à l'aéroport d'Orly. L'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keita, qui a dirigé le Mali entre 2013 et 2020, est décédé le 16 janvier 2022 à son domicile de Bamako. (Photo Etienne Laurent / AFP)
L'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui a dirigé le Mali entre 2013 et 2020, est décédé dimanche à son domicile de Bamako à l'âge de 76 ans, a appris l'AFP auprès de sa famille.
"Le président IBK est décédé ce matin à 09H00 (GMT et locales) à son domicile" à Bamako, a indiqué sa famille.
M. Keïta, élu président du Mali en septembre 2013, avait été renversé par des militaires en août 2020.
Le Mali, déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections séparatistes et jihadiste en 2012, fait aussi face depuis une semaine à de lourdes sanctions de la Cédéao. L’intervention militaire française commencée par l’opération Serval n’a pas réussi au bout de plus de dix ans de présence à juguler l’activisme jihadiste, qui s’est au contraire étendu aux pays voisins, créant de nouvelles tensions dans la région.
L'ex-puissance coloniale, s'était largement appuyée sur IBK dans la lutte contre les jihadistes, sans autre résultat que l’enfoncement continu, finissant par provoquer une crise ouverte entre Paris et Bamako qui supporte de moins en moins l’’absence de résultats et la diplomatie injonctive de la France.
Au pouvoir depuis 2013, il avait été arrêté en août 2020 par des militaires mutinés qui l'avaient contraint à démissionner.
Quand IBK quitte le pouvoir, il est très critiqué, au même titre que la France, pour l'incapacité de l'Etat à ramener la paix dans un pays dont la majeure partie est privée de services publics ou d'école et où la classe politique est considérée comme largement corrompue.
M. Keïta, qui se réclamait de la gauche, a connu une ascension fulgurante sous Alpha Oumar Konaré, premier président (1992-2002) de l'ère démocratique du Mali. Il a notamment a été Premier ministre de 1994 à 2000.
Prétendant malheureux à l'élection présidentielle de 2002, il tient sa revanche en accédant au palais de Koulouba, le siège de la présidence malienne à Bamako, en 2013.
Il sera réélu en 2018 face à Soumaïla Cissé, alors leader de l'opposition et décédé en décembre 2020 du Covid-19.
Le coup d'Etat qui l'a renversé en août 2020 a été suivi d'un deuxième en mai 2021. La junte conduite par le colonel Assimi Goïta a annoncé son intention de diriger le pays pendant plusieurs années, alors qu'elle s'était engagée auparavant à organiser le 27 février des élections présidentielle et législatives afin de permettre le retour des civils au pouvoir.