Mali: la junte décide d'expulser l'ambassadeur de France

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Le colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne, déterminé à ne céder

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Les autorités maliennes ont décidé d'expulser l'ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade d’une brouille qui se transforme de plus en plus en crise entre Bamako et Paris, a annoncé lundi la télévision d'Etat.

"Le gouvernement de la République du Mali informe l'opinion nationale et internationale que ce jour (...) l'ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu'il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l'invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures", a annoncé un communiqué lu par la télévision d'Etat.

Les autorités maliennes ont expliqué cette décision par les récentes déclarations "hostiles" de responsables français à leur encontre.

Cette convocation marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, l'ancienne puissance coloniale engagée militairement contre les jihadistes au Mali et au Sahel depuis 2013 sans qu’elle puisse endiguer le phénomène au Mali ni empêcher son extension aux pays voisin , notamment le Burkina Faso, amenant le secrétaire général de l’ONU  à faire remarquer que les mouvement terroristes s’étendent vers les cotes menaçant à terme la Guinée et la Cote d’Ivoire voire le Sénégal. 

Les relations entre Paris et Bamako n'ont cessé de se détériorer depuis que les militaires ont pris en août 2020 le pouvoir, plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique.

La ministre française des Armées Florence Parly a déclaré le 25 janvier que la junte multipliait "les provocations". Son collègue français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la junte d'"illégitime" et ses décisions d'"irresponsables", après que les autorités maliennes eurent poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales entrées au Mali, selon le gouvernement, sans son autorisation.

Ces prises de position françaises avaient amené Bamako, par la voix du colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement de transition, s'est li à une charge virulente contre Mme Parly et la France, accusée de chercher à diviser les Maliens, "d'instrumentaliser" les organisations sous-régionales et de conserver ses "réflexes coloniaux", conseillant au passage à la ministre française des armées de « se taire ».

L'expulsion de Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, "fait suite à ces propos hostiles et outragés du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l'égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées", dit le communiqué lu à la télévision malienne, canal de communication privilégié des autorités.

Réflexes coloniaux

"Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations", ajoute le texte, dans lequel Bamako "réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l'ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence".

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait prévenu vendredi que son pays n'excluait "rien" dans ses relations avec la France.

La junte est entrée ces derniers mois en résistance face à une partie de la communauté internationale menée par Paris et des partenaires du Mali, qui pressent pour un retour des civils à la tête du pays.

La France et ses alliés européens prennent mal aussi de l'appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, ce que la junte dément.

La junte, qui n’entend se soumettre aux injonctions de Paris de remmtre le pouvoir aux civil dans Février et compte prendre son temps avant d’organiser des élections, s'est braquée face aux pressions en invoquant la souveraineté nationale. Les officiels maliens s'en sont eux-mêmes durement pris à la France, ainsi qu'à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali.