Pour des déplacés de Gaza, l'éprouvante fuite vers le sud

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Une mère réconforte son enfant, blessé lors d'une attaque, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 octobre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et les combatants du Hamas. Des milliers de personnes, israéliennes et palestiniennes, sont mortes depuis le 7 octobre 2023, après que les militants palestiniens du Hamas, basés dans la bande de Gaza, ont pénétré dans le sud d'Israël lors d'une attaque surprise. (Photo par MAHMUD HAMS / AFP)

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Fadwa Al-Najjar se tient devant l'une des dizaines de tentes dressées par l'ONU pour accueillir des déplacés dans le sud de la bande de Gaza, où elle est arrivée avec sa famille après un éprouvant voyage.

Les tentes, qui peuvent accueillir des centaines de personnes, ont été installées par l'Office de l'ONU pour les réfugiés (Unrwa) dans l'ouest de Khan Younès. En face des camelots vendent conserves, ustensiles et boissons étalés sur des charrettes.

Mme Najjar, 38 ans, raconte avoir marché 30 kilomètres à pieds avec sa famille après un ordre israélien d'évacuer la ville de Gaza et le nord du petit territoire particulièrement ciblé par les bombardements israéliens.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé jeudi que "le nombre total de personnes déplacées à l'intérieur de Gaza pourrait avoir atteint le million", dont "600.000 dans la partie sud" du petit territoire où vivent quelque 2,4 millions de personnes.

Alors que l'enclave palestinienne est soumise à un blocus israélien, l'OMS met en garde contre une "grave pénurie de nourriture et d'eau propre".

Après le feu vert donné par Israël, les Palestiniens de l'enclave attendent toujours l'entrée d'aide humanitaire depuis le point de passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne.

"Bombardements" 

"Nous avons quitté la maison à 10 heures du matin et nous sommes arrivés à 8 heures du soir", raconte Mme Najjar, mère de sept enfants. "Nous avons essayé de nous reposer en chemin mais les bombardements étaient intenses, alors nous avons commencé à courir."

Elle dit avoir quitté sa maison, avec près de 90 membres de sa famille élargie vivant dans un immeuble résidentiel. N'ayant pas les moyens de payer les mille shekels (environ 250 dollars) exigés par un chauffeur de bus, ils se sont résignés à marcher.

"Israël a bombardé des voitures devant nous qui transportaient des déplacés, nous avons vu des corps et des membres déchiquetés et nous avons prié en croyant que nous allions mourir", affirme-t-elle.

Israël dément cibler les civils qui fuient vers le sud et accuse le Hamas d'utiliser la population comme "boucliers humains", ce que le mouvement islamiste palestinien réfute.

"Les bombardements étaient au-dessus de nos têtes tout au long du chemin. J'aurais préféré ne pas partir et rester chez nous et mourir là-bas", renchérit la fille de Mme Najjar, Malak.

Sa mère explique ne pas avoir "pris de douche depuis le premier jour de la guerre."

Plus de 3.780 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués, selon les autorités locales, dans les bombardements israéliens incessants dans la bande de Gaza en représailles à l'attaque sanglante du Hamas en territoire israélien le 7 octobre.

Depuis cette date, plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël par le Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l’attaque, selon les autorités israéliennes.

"Ni couvertures ni matelas" 

Assise dans la tente, Oum Bahaa Abou Jarad, 37 ans, vivait à Beit Lahia, dans le nord de l'enclave, dans un immeuble avec "environ 150 personnes qui sont maintenant dispersées entre Rafah et Khan Younès".

"Nous avons pris un chariot tiré par un âne pour arriver à la ville de Gaza pour 30 shekels (environ huit dollars) et ensuite 400 shekels (100 dollars) pour une voiture afin de nous emmener à Khan Younès", affirme-t-elle. "C'est une somme conséquente, ce sont des profiteurs."

Avant d'obtenir une tente, Mme Abou Jarad et 27 autres personnes ont passé cinq jours à la belle étoile dans la cour d'un bureau de l'Unrwa. "Il faisait très chaud le jour et très froid la nuit."

Elle montre un sirop acheté "pour la toux de (son) fils après qu'il a attrapé froid". "Il n'y ni couvertures ni matelas."

Elle signale des éruptions cutanées et des démangeaisons causées par le manque d'hygiène. "Nous attendons en file devant la salle de bain avec des dizaines de personnes, et cela peut prendre plus d'une heure avant que notre tour arrive".

"Camion à bétail" 

L'une de ses cousines, Faten Abou Jarad, la quarantaine, mère de sept enfants marchait sur une route de la ville de Gaza lorsque des frappes israéliennes ont eu lieu.

"Nous avons commencé à courir, nous avons parcouru une longue distance jusqu'à ce que nous rencontrions un camion transportant du bétail. Nous avons supplié le conducteur de nous emmener vers le sud et avons payé 400 shekels", raconte Mme Abou Jarad.

"Nous étions tous entassés, jeunes et vieux, sur le fumier des vaches et sommes arrivés ici dans un état pitoyable."

Hanaa Abou Sharkh lave ses vêtements et ceux de sa famille dans un seau à linge après avoir réussi à se procurer quelques litres d'eau. "Nous n'avons pas d'habits propres, j'utilise l'eau avec parcimonie pour ne pas la gaspiller." (AFP)

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