Poursuite de meurtriers bombardements au Liban, tandis qu’Israël s’apprête à envahir le pays

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De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la ville de Baalbeck, dans la vallée de la Bekaa, le 25 septembre 2024. (Photo par AFP)

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L'armée israélienne a dit mercredi préparer "une possible entrée" au Liban, contre lequel son aviation mène de nouvelles frappes meurtrières au moment où la communauté internationale redoute un embrasement du Moyen-Orient.

"Nous attaquons toute la journée, à la fois pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée, mais aussi pour continuer à frapper le Hezbollah", a déclaré à des soldats le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevia, lors d'un exercice à la frontière avec le Liban.

Le Hezbollah a tiré mercredi un missile vers Tel-Aviv, une première selon l'armée israélienne, qui a l'a intercepté et a mené de nouvelles frappes aériennes meurtrières contre le mouvement islamiste au Liban, au moment où la communauté internationale redoute un embrasement du Moyen-Orient.

L'armée a annoncé poursuivre ses bombardements "de grande envergure" dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, dans l'est, deux bastions du mouvement islamiste soutenu par l'Iran, au troisième jour de frappes massives qui ont jeté plus de 90.000 Libanais sur les routes, dont beaucoup déjà déplacées une première fois depuis octobre, selon l'ONU.

A travers le pays, 51 personnes ont été tuées et plus de 220 blessées, selon les autorités libanaises, lors de ces frappes qui ont aussi visé des villages situés hors des fiefs du Hezbollah, dont celui de Maaysara, dans une région montagneuse à une trentaine de kilomètres au nord de Beyrouth.

L'armée israélienne a affirmé avoir frappé plus de 280 cibles qu’elle présente comme du Hezbollah, dont 60 cibles seraient des services de renseignement du Hezbollah et des "lanceurs" de roquettes.

Lundi, ses frappes aériennes sur le Liban avaient fait 558 morts, dont de nombreux femmes et enfants, et plus de 1.800 blessés, selon les autorités, le bilan le plus lourd en une journée depuis la fin de la guerre civile dans ce pays (1975-1990).

Climat de terreur

Nour Hamad, une étudiante de Baalbeck, dans l'est, âgée de 22 ans, décrit "un climat de terreur" depuis le début des frappes qui ont visé les environs de la ville.

"On s'endort sans savoir si on va se réveiller. Le bruit des bombardements est terrifiant, tant pour les enfants que pour les adultes", confie-t-elle.

A Maaysara, un photographe de l'AFP a vu une maison presque entièrement détruite, tandis que les secouristes fouillaient les décombres.

Les tués "étaient des civils qui ont évacué leurs maisons du sud du Liban", témoigne Fatima, une habitante du village.

Les écoles et universités resteront fermées jusqu'à la fin de la semaine au Liban. De nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth.

Mercredi à l'aube, les sirènes d'alerte ont retenti dans la grande ville israélienne de Tel-Aviv, à une centaine de kilomètres au sud de la frontière libanaise, quand le Hezbollah a tiré un missile sol-sol qui a été intercepté, selon l'armée.

"C'est la toute première fois qu'un missile du Hezbollah atteint la région de Tel-Aviv", a déclaré l'armée.

Le mouvement libanais a affirmé qu'il s'agissait d'un missile Qader qui a visé le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, accusé d'être "responsable de l'assassinat des dirigeants" du Hezbollah "et des explosions des bipeurs et des talkies-walkies" ces derniers jours.

"Nous ressentons de la tension (...) Les roquettes sont effrayantes, stressantes. Je ne pense pas que quiconque au monde aimerait vivre cela", a témoigné Hedva Fadlon, une habitante de Tel-Aviv de 61 ans, après ce tir.

La Maison Blanche a qualifié de "vivement inquiétante" cette attaque, estimant toutefois qu'une issue diplomatique restait possible, peu avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui doit être consacrée au Liban.

L'armée israélienne a annoncé mercredi le rappel de deux brigades de réserve qui vont être déployées dans le nord, afin de "poursuivre le combat" contre le Hezbollah.

"Israël pousse la région vers une guerre ouverte", ont averti les chefs de la diplomatie d'Egypte, d'Irak et de Jordanie.

Le chef de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a dit craindre "une guerre à part entière" et que le Liban devienne comme la bande de Gaza, où la guerre d’extermination a été déclenchée le 7 octobre 2023.

"Guerre généralisée" -

Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de la guerre vers le nord du pays, le long de la frontière libanaise, prétendant ainsi permettre le retour de « dizaines de milliers d'habitants déplacés », qui ont fui par les tirs de roquettes du Hezbollah.

Le mouvement libanais a de son côté juré de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.

Le Hezbollah a confirmé mercredi la mort d'un de ses responsables militaires, Ibrahim Mohammed Kobeissi, dans un bombardement israélien la veille sur la banlieue sud de Beyrouth.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a assuré que l'assassinat récent au Liban de plusieurs commandants du Hezbollah par Israël ne mettrait pas "à genoux" le mouvement.

A la tribune de l'ONU, le président américain Joe Biden a mis en garde mardi contre une "guerre généralisée" au Liban et estimé qu'il était "temps de finaliser maintenant" un accord de cessez-le-feu à Gaza.

La guerre d’extermination des Palestiniens par Israël a fait jusqu'à présent au moins 41.495 morts, en majorité des civils, dont plus de 32.000 femmes et enfants. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire sans précédent. (Quid avec AFP)

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