Près de la base de Binyamina, des Israéliens ‘’choqués’’ après une frappe du Hezbollah, sur tous les fronts, Israël bombarde et tue

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Dans le sud du Liban, un nuage de fumée se dégageant d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Deir Qanoun, le 14 octobre 2024. (Photo par Kawnat HAJU / AFP)

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Au son de sirènes d'alerte les poussant aux abris après de nouveaux tirs de roquettes venus du Liban, des habitants des abords d'une base militaire israélienne touchée la veille par une meurtrière attaque du Hezbollah, décrivent une nuit "folle" et angoissante.

Cette frappe de drones visant un camp d'entraînement à Binyamina, au sud de la grande ville portuaire de Haïfa, est la plus meurtrière menée par le mouvement libanais sur le sol israélien depuis le début de l'invasion du Liban.

Selon l'armée, quatre soldats sont morts dimanche et sept blessés, les services d'urgence ayant eux fait part de plus de 60 blessés.

Une source militaire a indiqué à l'AFP que la frappe avait touché le réfectoire du site.

"La nuit dernière a été folle. Il y a eu un énorme boum", raconte à l'AFP Yousef, le gérant d'un restaurant dans le village de Kfar Kara, qui refuse de donner son nom pour des raisons de sécurité.

"Et soudain, les ambulances ont commencé à passer, d'abord une, puis deux, puis trois et de plus en plus. Il y avait tellement de voitures de police", poursuit-il.

Il dit avoir d'abord pensé que l'explosion était liée au crime organisé.

"Nous sommes ouverts depuis deux ans et n'avions pas réalisé que nous étions à côté d'une base aussi importante", ajoute Yousef. "Comment le Hezbollah a-t-il su qu'elle se trouvait ici?".

"Maintenant qu'ils savent, que se passera-t-il si, la prochaine fois, ils tirent et se trompent légèrement de cible?", s'inquiète-t-il.

Le village est situé le long de l'une des principales voies d'accès à la base, où d'autres témoins décrivent avoir vu des ambulances et voitures privées convoyer des dizaines de soldats blessés dimanche soir.

Selon les habitants interrogés par l'AFP, il n'y a pas eu de sirène ou d'avertissement préalable à l'arrivée du drone.

Nouveaux abris anti-bombes 

Dans le kibboutz Regavim, à quelques kilomètres du camp, les colons assurent ne pas avoir entendu l'explosion, mais avoir compris qu'elle était proche grâce aux images de la télévision.

"L'équipe de sécurité du kibboutz a été immédiatement alertée", explique  Eyal Nabet, un habitant de la communauté. "Malheureusement, nous avons ensuite entendu les ambulances et hélicoptères qui allaient et venaient".

Selon Eyal Nabet les habitants du kibboutz ont été ébranlés. Mais la rénovation récente des abris anti-bombes et l'ajout de nouvelles structures en béton donnent "le sentiment d'être en sécurité et que quelqu'un veille sur nous", estime-t-il.

L'armée israélienne s'est engagée à mener une "enquête" pour "tirer les leçons" de cette attaque. "Il s'agit d'un événement difficile aux conséquences douloureuses", a déclaré le ministre de la défense, Yoav Gallant, lors d'une visite de la base.

"Nous concentrons nos efforts pour développer des solutions et répondre à la menace des attaques de drones", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le Hezbollah a averti lundi que cette frappe de dimanche était un "avant-goût" de ce qui attendait Israël s'il poursuivait ses opérations militaires au Liban.

Il a ensuite affirmé avoir visé une base navale et une caserne en Israël.

Les salves de Hizbollah frappent le territoire israélien plus en profondeur depuis le début, il y a près d'un mois, de l'invasion militaire au Liban.

Près de la base de Binyamina, la dernière attaque laisse un sentiment d'impuissance.

"Que pouvons-nous faire?", demande la propriétaire d'un kiosque à l'entrée de Kfar Kara, qui refuse également d'être identifiée. "Nous avons peur, mais il n'y a rien que nous puissions faire".

18 morts dans une frappe israélienne sur un village du nord du Liban

Dix-huit personnes ont été tuées dans une frappe israélienne sur un village du nord du Liban, a indiqué la Croix-Rouge locale, tandis que le ministère de la Santé rapporte que "les efforts de secours se poursuivent".

C'est la première fois que le village chrétien d'Aïto est visé depuis qu’Israël s’est mis à bombarder le Liban.

La frappe a visé un appartement, selon l'agence nationale libanaise ANI.

Un responsable de la sécurité a indiqué sous le couvert d'anonymat que l'immeuble visé abritait plusieurs familles déplacées venues du sud du pays.

Selon un photographe de l'AFP, des restes humains étaient visibles devant l'immeuble situé à l'entrée du village qui a été rasé par la frappe, au milieu des va-et-vient des ambulances.

L'armée libanaise avait imposé un cordon de sécurité autour du site, où un incendie s'était déclaré, a-t-il ajouté.

Samedi, une frappe israélienne contre un village chiite au nord de Beyrouth, également situé en dehors des fiefs du Hezbollah, avait fait au moins 16 morts.

Six autres personnes avaient été tuées en dehors des zones habituellement considérées comme des bastions de la formation pro-iranienne, dont deux dans une maison de Deir Bella "où se trouvaient des déplacés du sud", selon l'ANI.

Paris ‘’déplore’’ la situation dans le nord de Gaza et ‘’condamne’’ les tirs du Hezbollah contre Israël

Depuis un an, Israël et le Hezbollah échangent des tirs transfrontaliers qui ont tourné il y a trois semaines à la guerre ouverte avec des bombardements israéliens massifs à travers le pays et des opérations terrestres dans le sud.

Plus de 1.300 personnes ont été tuées au Liban depuis l'intensification des frappes israéliennes, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé lundi qu'Israël continuerait "à frapper sans pitié le Hezbollah, y compris à Beyrouth", dans une vidéo diffusée par son bureau.

"Je tiens à être clair: nous continuerons à frapper sans pitié le Hezbollah dans toutes les parties du Liban, y compris à Beyrouth", a déclaré M. Netanyahu lors d'une visite à la base militaire touchée la veille par un drone tiré par le mouvement islamiste libanais, qui a tué quatre soldats israéliens.

La France, toute en nuance, a exprimé lundi "sa vive préoccupation face à l'extrême gravité de la situation dans le nord de Gaza", tandis qu’elle condamne l'attaque du Hezbollah contre une base militaire en Israël.

Paris déplore (sic) l'opération militaire "au lourd bilan" menée depuis plusieurs jours dans le territoire palestinien.

"La France rappelle que tout déplacement forcé d’une population civile constituerait une violation grave du droit international", rappelle Christophe Lemoine, porte-parole du ministère des Affaires étrangères alors que l'armée a émis un ordre d'évacuation de la population.

Les frappes israéliennes ont visé "plusieurs infrastructures civiles, où des personnes déplacées trouvaient refuge, à Jabaliya, Deir el-Balah et dans les camps de Shati et Nousseirat", a-t-il souligné. "Ces attaques sur des civils sont inacceptables", a-t-il ajouté.

Sur l'autre front au Liban, "la France condamne l'attaque du Hezbollah contre une base militaire à Binyamina (Israël), qui a coûté la vie à quatre personnes et fait plusieurs dizaines de blessés".

"Les attaques du Hezbollah contre le territoire israélien doivent cesser", a également déclaré Christophe Lemoine, qui n’en autant pour l’invasion du Liban par Tsahal.

"Ce que nous avons toujours dit, ce que nous disons toujours, c'est que la France se tient aux côtés d'Israël, que la France est indéfectiblement attachée à la sécurité d'Israël", a déclaré lundi Jean-Noël Barrot, le chef de la diplomatie française à son arrivée au Conseil des Affaires étrangères au Luxembourg.

"Cela étant dit, nous considérons aujourd'hui que la sécurité d'Israël ne peut être garantie par le seul recours à la force", a-t-il ajouté. "Le recours à la force doit céder la place au recours au dialogue et à la négociation", a-t-il ajouté, exhortant "au cessez-le feu à Gaza comme au Liban".

"Seule la voie diplomatique peut garantir la stabilité, la souveraineté et la sécurité de tous en Israël, au Liban et dans l'ensemble de la région", a fait valoir le ministre français. (Quid avec AFP)