Présidentielle argentine : Remontada magistrale du candidat de la majorité sortante – Par Rachid MAMOUNI

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Le ministre argentin de l'économie et candidat à la présidence pour le parti Union por la Patria, Sergio Massa (C), salue les employés du ministère de l'économie alors qu'il arrive pour tenir une conférence de presse avec la presse étrangère à Buenos Aires, le 23 octobre 2023, un jour après avoir remporté le premier tour de l'élection présidentielle.. (Photo par IVAN PISARENKO / AFP)

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Rachid MAMOUNI (MAP, Pole Amérique du sud)

Buenos Aires - Sergio Massa, candidat aux élections présidentielles de la coalition au pouvoir en Argentine, « Union pour la Patrie », est arrivé en tête du premier tour de ce scrutin dimanche et signe une Remontada impressionnante, deux mois après un résultat désastreux aux élections primaires.

Ce dimanche, Sergio Massa a non seulement remporté haut la main ce premier round avec 36,6% des voix, mais il a marqué une avance de 6 points par rapport à son poursuivant immédiat et par ailleurs rival au deuxième tour, l’ultralibéral Javier Milei qui a obtenu 29,9% des votes.

Ce triomphe de Massa est d’autant plus précieux qu’il est actuellement ministre de l’économie dont la gestion est associée à tous les problèmes du pays. Lundi, au lendemain de ce premier tour des élections présidentielles, le marché boursier a réagi lundi de manière négative au triomphe du ministre de l’économie sortant, Sergio Massa, et son principal indice chutait dangereusement, alors que le risque-pays augmentait.

Pendant la campagne électorale, ses adversaires lui reprochaient son incapacité à freiner l’inflation et à contenir la volatilité du marché de change. Le patronat le pointait du doigt comme le premier responsable des restrictions aux importations des intrants et tout le monde voit en lui l’instrument par lequel le Fonds monétaire international (FMI) applique des augmentations aux prix des services publics.

Toutefois, le score qu’il a obtenu ce dimanche montre qu’une majorité d’Argentins a toujours confiance en lui et en la majorité péroniste qui le soutient, pour sortir le pays de cette situation économique complexe.

Il est évident que la machine électorale de la mouvance péroniste, que certains pensaient vieillotte et affaiblie, aura fonctionné à merveille. Elle a réussi à transborder Sergio Massa d’une troisième place humiliante aux primaires, à la première place du premier tour du scrutin présidentiel, avec de grandes chances de remporter le deuxième tour prévu le 19 novembre.

De même, cette élection a apporté une nouvelle preuve que l’avenir électoral de l’Argentine a toujours été défini dans la province de Buenos Aires avec ses 13 millions d’électeurs qui pèsent très lourd à l’heure de désigner le vainqueur du scrutin présidentiel. Une donne que tous les politologues du pays connaissent par cœur : celui qui remporte la province de Buenos Aires est quasi certain de gagner au niveau national.

Le candidat de la majorité pour le gouvernorat de cette province, Axel Kiciloff, a rempilé pour un deuxième mandat à la tête de la province la plus importante du pays aux plans géographique, démographique et économique. Un triomphe phénoménal de plus de 20 points de différences qui ont littéralement écrasé ses adversaires dans cette province.

Le triomphe de ce dimanche est « très important pour Massa parce qu’il lui donne une nouvelle perspective au sein de la mouvance péroniste », a affirmé à la MAP Julio Burdman, professeur de sciences politiques à l’Université de Buenos Aires.

Toutefois, ce nouveau leadership gagné par Massa à la force des votes au premier tour « ne sera pas facile », mais il définit un nouveau panorama politique en Argentine à partir du 10 décembre prochain.

Dans un discours au soir de son triomphe, Massa a voulu transmettre l’image d’un homme d’Etat dont le seul souci est de recouvrer le lustre de l’Argentine prospère des années 50 du siècle dernier, lorsque le fondateur de son mouvement, Juan Domingo Peron, était aux commandes du pays.

En cas de victoire au deuxième tour, il a promis de mettre en place un « gouvernement d’Union nationale » en dénichant les « meilleurs » membres chez les autres forces politiques du pays.

Pour sa part, Milei s’est félicité de son score qui lui permet de disputer le deuxième tour des présidentielles, ce qui constitue à ses yeux « un fait historique » pour son parti qui a vu le jour il y a seulement deux ans.

Milei a réitéré ses diatribes contre « la caste politique » qui s’est « enrichie aux dépens des Argentins » et promis d’en finir avec ses symboles s’il est élu le 19 novembre prochain.

Le candidat ultralibéral, qui s’est dit fier de voir que son parti a pu décrocher une quarantaine de sièges à la Chambre des députés et huit au Sénat, a laissé entrevoir une possible alliance avec la coalition du centre-droit, dont la candidate éliminée au premier tour, Patricia Bullrich, pèse 23% des voix.

Les résultats du premier tour des présidentielles ont dévoilé à nouveau un panorama politique fragmenté en Argentine, avec un nouvel acteur, Javier Milei, qui a fait irruption sur la scène de manière fracassante, et une opposition du centre-droit qui aura échoué un retour en force au pouvoir qu’elle a perdu en 2019.

La mouvance peroniste - avec son nouveau chef de file Sergio Massa - dont l’évolution se confond avec celle de l’Argentine depuis plus de 80 ans, réussira-t-elle à valider son avancée lors du deuxième tour et conserver le pouvoir pour un deuxième mandat ?

Les Argentins le décideront dans moins d’un mois, le 19 novembre prochain.