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Présidentielle au Sénégal : Avec Khalifa Sall, Macky Sall en passe de réussir l’affaiblissement de l’opposition
En le rendant éligible, la président Macky Sall a réussi à éloigner le pari de Khalifa Sall (à gauche de la photo) de la coalition de l’opposition, "Yewwi Askan Wi" (Libérer le peuple en Wolof), regroupé autour du trublion Ousmane Sonko (à droite)
Dakar - Un mois et demi après sa déclaration annonçant son retrait de la course présidentielle, le président sénégalais Macky Sall prolonge toujours le suspense sur le choix de son successeur qui représentera la coalition au pouvoir à la présidentielle prévue le 25 février 2024.
La coalition Benno Bokk Yaakar (Unis par l’espoir-BBY) avait donné carte blanche au président Macky Sall pour désigner un candidat de la majorité présidentielle. Mais à six mois de cette importante échéance électorale, l’alliance présidentielle qui règne depuis 2012 n’a pas encore de candidat déclaré.
A quelques semaines du démarrage de la campagne électorale, la désignation d’un candidat consensuel au sein de Benno Bokk Yaakar à la présidentielle de 2024 continue de susciter débat au sein de la scène politique sénégalaise. Le choix de celui qui portera les couleurs de la coalition au scrutin présidentiel de février 2024 demeure l’une des questions politiques les plus débattues au Sénégal.
Plus de 10 responsables de l’Alliance pour la République, le parti politique du chef de l’État, sont candidats à la candidature de BBY, dont les principaux sont, l’actuel chef du gouvernement, Amadou Bâ, l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, l’ancien Premier ministre, Mahammed Boune Dionne et l’actuel président de l’Assemblée nationale, Amadou Mamme Diop.
L’un des principaux candidats à la candidature, Aly Ngouille Ndiaye a déclaré, lors de sa dernière sortie médiatique, qu’"il n’est pas prêt à se désister", et qu’il maintient sa candidature à la candidature de BBY à la présidentielle.
"Je ne suis pas prêt à me retirer. J’ai indiqué de manière très claire que je suis candidat. Je devais normalement être candidat en 2012 mais j’avais finalement choisi de soutenir le président Macky Sall dans sa quête du pouvoir en 2019", a déclaré le ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire.
La position de l’ancien ministre de l’Intérieur reflète que la désignation d’un candidat consensuel pour la coalition au pouvoir ne sera pas une mission facile eu égard notamment au nombre de candidats déclarés et leur poids politique au niveau de la coalition présidentielle.
Selon des observateurs, le plus important ce ne sera pas le nom du candidat choisi, mais son projet qui devrait répondre aux aspirations et attentes du peuple sénégalais et le convaincre pour maintenir la coalition BBY au pouvoir pour les cinq années à venir.
La candidature unique de la coalition présidentielle sera la seule à même de sauvegarder la paix et la sécurité du Sénégal, mais aussi de pérenniser cette belle trajectoire qui mène le pays vers l’émergence économique et sociale, estiment-ils.
Pour eux, il n’y a aucune urgence pour la coalition BBY à donner le nom du futur candidat étant donné que l’objectif est de choisir le meilleur profil parmi les noms annoncés au sein de la coalition.
Afin de faciliter la tâche pour le président Macky Sall, un groupe de médiateurs s’est formé pour la recherche d’une solution sur la question de la candidature. Cette mission a pour objectif de convaincre certains candidats à renoncer à leur candidature pour faciliter la tâche au Président.
Le groupe des médiateurs, qui a tenu des rencontres avec les différents candidats à la candidature, a élaboré un rapport de fin de mission à présenter au Chef de l’Etat pour choisir le meilleur profil à porter les couleurs de la coalition dans la présidentielle de février 2024.
Pour le Président Macky Sall, il n’y a aucune ambigüité concernant le futur candidat du camp au pouvoir pour la présidentielle, et qu’un choix objectif sera fait.
Lors d’une rencontre avec le groupe de médiation, il a souligné avoir pris le temps de consulter tout le monde, d’écouter les candidats et de jauger l’opinion sur la perception qu’elle a sur les candidats.
Concernant l’opposition, la coalition "Yewwi Askan Wi" (Libérer le peuple en Wolof) vient d’acter sa rupture avec l’un de ses principaux partis membres. ll s’agit du parti "Taxawu Sénégal" de l’opposant sénégalais Khalifa Sall, qui était inéligible et l’un des membres fondateurs de la coalition Yewwi Askan Wi lors de sa création en 2021.
Le 5 août, les députés sénégalais ont voté à une large majorité le projet de loi portant révision du code électoral, lequel rétablit dans ses droits civiques et politiques toute personne frappée d’incapacité électorale après avoir été condamnée à une peine d’emprisonnement ou d’amende, permettant ainsi à Khalifa Sall et à Karim Wade (fils de l’ancien président Abdoulaye Wade), de postuler à la présidence du pays. Elle permet surtout de diviser l’opposition qui semblait regroupée derrière le turbulent Ousmane Sonko, lui aussi frappé d’inéligibilité depuis sa double condamnation, mais qui prône la résistance.
Les tensions entre le parti Taxawu Sénégal de Khalifa et la coalition de l’opposition se sont déclenchées depuis que Khalifa Sall avait accepté de participer en mai dernier au dialogue national lancé par le président Macky Sall.
Cette initiative de "dialogue national" avait été perçue dans les rangs de l’opposition comme une manœuvre de la coalition présidentielle pour la diviser et choisir les candidats à la présidentielle. Elle semble aujourd’hui porter ses fruits.