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Présidentielle en Algérie: participation faible et controversée, Tebboune réélu avec un score de parti unique
Un fonctionnaire électoral montre un bulletin de vote portant l'image du président sortant Abdelmadjid Tebboune lors du dépouillement des bulletins de vote dans un bureau de vote pendant l'élection présidentielle, à Alger, le 7 septembre 2024. (Photo AFP)
Les votants se sont peu mobilisés lors de la présidentielle en Algérie samedi, la participation étant inférieure à 50%, alors que l'affluence était le principal enjeu de cette élection dont le président sortant Abdelmadjid Tebboune réélu samedi avec près de 95% des voix selon le président de l'autorité électorale (Anie), Mohamed Charfi, qui en a fait l’annonce dimanche. Un score qui rappelle le bon vieux temps du parti unique.
Avec trois heures de retard sur l'horaire prévu pour son point presse, le président de l'autorité électorale Anie, Mohamed Charfi, a annoncé samedi "un taux moyen de participation de 48,03% à 20H00" (19H00 GMT), sans préciser le nombre d'électeurs par rapport aux plus de 24 millions d'inscrits. Il s'agit "d'un chiffre préliminaire", a-t-il indiqué. Curieusement, ce taux, à trois heures de la fermeture des bureaux de vote était officiellement de 26%. En 180 minutes, il a pratiquement doublé.
En décembre 2019, M. Tebboune, encore pudique, avait été élu avec 58% des suffrages mais avec une participation de seulement 39,83% (60% d'abstention), dans un contexte marqué par l'hostilité des manifestants prodémocratie du Hirak et des appels au boycott de formations politiques.
Samedi, l'affluence était très timide à l'ouverture des urnes à 08H00 (7H00 GMT) et les images des télévisions n'ont montré que de rares bureaux avec des files d'attente importantes. Elle l’est restée tout au long de la journée. En fin de journée, l'Anie a retardé d'une heure la fermeture, à la ‘’demande decertains coordinateurs" du vote.
Dans un bureau du centre d'Alger, des femmes ont grossi dans l'après-midi les rangs des votants, qui initialement étaient uniquement des hommes, comme Sidali Mahmoudi, un commerçant de 65 ans, venu "tôt pour faire son devoir en toute démocratie".
Taous Zaiedi, une retraitée de 66 ans, et Leila Belgaremi, une comptable de 42 ans, ont dit voter "pour que le pays s'améliore".
Face au président sortant, deux candidats cosmétiques étaient en lice: Abdelaali Hassani, un ingénieur de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, principal parti islamiste) et Youcef Aouchiche, 41 ans, ex-journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d'opposition).
M. Tebboune est donné grand favori, dans ce qui perçu comme une victoire programmée.
Hasni Abidi du Centre d'études Cermam à Genève a expliqué la faible participation par "une campagne médiocre" avec deux concurrents qui "n'étaient pas à la hauteur" et un président qui "a animé à peine quatre meetings". Pour les électeurs, "à quoi bon voter si tous les pronostics étaient en faveur du président", ajoute l'expert.
"crédibilité" -
Environ 24,5 millions d'électeurs dont un tiers de moins de 40 ans, sur 45 millions d'habitants, étaient convoqués.
Après un vote matinal, M. Hassani avait souhaité une "participation élevée" qui "donne une plus grande crédibilité" aux élections, tandis que M. Aouchiche exhortait aussi "les Algériens à participer en force" pour sortir "définitivement du boycott et du désespoir". Avec le score annoncé pour le président, il est loin de ses espérances.
Sans évoquer l'affluence, M. Tebboune avait jugé essentiel que "le vainqueur poursuive (son) projet, décisif pour l'Algérie afin d'atteindre un point de non-retour dans le développement économique et la construction d'une démocratie".
Déficit d'adhésion populaire
Cherchant à conquérir les plus jeunes, M. Tebboune a demandé cinq ans de plus pour parachever, dit-il, des projets entravés par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut pourtant ministre.
Ses rivaux ont promis davantage de libertés. Notamment le candidat du FFS qui s'est engagé à "libérer les prisonniers d'opinion via une amnistie et à réexaminer les lois injustes" sur le terrorisme ou les médias. Ils en ont eu pour leurs frais.
Pour M. Abidi, le mouvement du Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblement lié au Covid et l'arrestation de ses figures de proue, a "montré le niveau élevé de maturité politique" des Algériens.
Mais il considère que s’il remporte l'élection, M. Tebboune "survivra à un déficit d'adhésion populaire mais à condition de revoir entièrement sa méthode de gouvernance et d'opérer des changements dans son équipe".
Sinon le "déficit de démocratie" dans son bilan pourrait constituer un sérieux handicap dans un nouveau mandat.
L'ONG Amnesty International a accusé cette semaine le pouvoir de continuer à "étouffer l'espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains", avec de "nouvelles arrestations arbitraires" et "une approche de tolérance zéro à l'égard des opinions dissidentes". (Quid avec AFP)