Réélection de Ould El Ghazouani pour conduire la Mauritanie vers la Mauritanie – Par Talla Saoud Atlassi

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Les partisans du Président de la Mauritanie et leader de l'Union pour la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, célèbrent à Nouakchott le 01 juillet 2024. Le président mauritanien sortant, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a été confortablement réélu avec 56,12 % des voix au premier tour du scrutin présidentiel, a annoncé lundi la Commission électorale nationale indépendante (CENI). (Photo JOHN WESSELS / AFP)

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Le peuple mauritanien a renouvelé sa confiance en Mohamed Ould El Ghazouani en tant que Président de la Mauritanie, à travers des élections marquées par une véritable compétition démocratique et intense. Ce qui fait de la victoire de Ould Ghazouani une adaptation de la démocratie à la structure tribale de la société mauritanienne, dans le long processus de progrès continu du pays. Le renouvellement de la présidence de M. El Ghazouani est une approbation de son mandat précédent et une aspiration populaire à enrichir les réalisations et à poursuivre la consolidation des dynamiques de développement de la Mauritanie.

Le Roi Mohammed VI a envoyé un télégramme de félicitations au président, au nom du Royaume du Maroc, lui souhaitant "plein succès dans la poursuite de sa direction" de la Mauritanie. Des félicitations marquées par la satisfaction de voir, dans la continuation de la présidence de Ould Ghazouani, des progrès en interne et des impacts bénéfiques sur leur environnement régional dont notamment le Maroc. Le Souverain marocain a ainsi tenu à réaffirmer « sa ferme détermination à œuvrer de concert avec le chef de l’État mauritanien pour aller de l'avant dans le renforcement et le développement des relations de coopération distinguées qui existent entre les deux pays voisins, et les élever au niveau d'un "partenariat modèle" qui incarne la solidité des liens de fraternité, et de solidarité unissant les deux peuples frères et répondent à leurs ambitions communes. »

Le roi a puisé ses mots avec sincérité, précision et réalisme politique pour exprimer, le souci de sa foi en la fraternité maroco-mauritanienne, historiquement enracinée, et qui se déploie dans l'interaction sociale entre les deux peuples, et dans la clairvoyance des deux États.

Les félicitations royales marocaines n'étaient pas simplement un acte diplomatique de circonstance. Elles constituent un programme de travail et un engagement, pour poursuivre l'accumulation qualitative nécessaire dans les relations entre les deux pays, basées sur les choix de la Mauritanie de renforcer son immunité contre les ingérences extérieures ainsi que dans ses options et orientations internes et diplomatiques.

La Mauritanie s'est abstenue de céder l'indépendance de sa décision politique à d'autres dans des manœuvres (rien de plus) contre le Maroc, car son président est particulièrement soucieux de la dignité de son pays, et attentif à la sécurisation de sa position dans un environnement régional miné par l'hostilité et les envies de destruction. 

A contrario, les félicitations du président algérien au président mauritanien élu, illustrent une fois encore l’ambigüité, qui n’en est pas une en vérité, de la conception qu’a Alger de la "réalisation des aspirations de nos peuples dans la région maghrébine et au Sahel". C’est une fois de trop, une invitation à Nouakchott à l’abandon de ses relations avec les États du Sahel, à la détérioration de ses relations avec le Mali et le Niger, pour rejoindre la tentative de démolition de l'unité maghrébine, par ces rencontres que cherche à animer Alger en dehors de "l'Union du Maghreb arabe". C'est, en définitive, une sorte d’appel à la Mauritanie de partager les échecs algériens. En vain fort heureusement, malgré les pressions politiques, les tentations financières voire les menaces sécuritaires, à peine voilées, qu'Alger lance depuis leurs frontières communes (environ 500 km).

Le Maroc continue, lui, a respecter l'inclination de la Mauritanie à la neutralité positive dans les conflits de la région. Il ne l'a toujours conçue que comme une partie qui détient sa décision et qui participe à la coopération bilatérale dans le respect de ses propres intérêts. Il ne l'incite contre personne et ne l'enferme pas dans des nasses nuisibles à la fraternité mutuellement et bénéfique et, au plan stratégique, réciproquement rentable. 

C’est entre autres ce qu’offre l'initiative royale atlantique en direction des États du Sahel africain. Elle permet à la Mauritanie de bénéficier d'un espace de développement collectif, dans lequel elle interagit avec son environnement africain, régional, dans un échange consenti des avantages et exempt de machinations, qui ne font qu'empoisonner les relations entre les pays.

Cet appel à l’élan solidaire des pays de la région est d’autant plus impératif et urgent aujourd’hui que les répercussions du tremblement de terre français, et plus généralement européen, sur notre espace fortement lié à ce continent, ne font que commencer. 

Les répliques de ce qui s'est passé dans les élections du Parlement européen, qui ont secoué comme jamais auparavant les structures politiques européennes et des crispations identitaires qu'elles reflètent, auront immanquablement des répercussions sur les rapports euro-africains, et principalement en Afrique du Nord, en raison de son contact géographique et social direct avec l'Europe... 

La France, qui, des pays européens, a le plus fort actifs-passifs avec l'Afrique du Nord, ne va pas guérir de sitôt de la fracture politique et sociale à l’œuvre depuis de longues années et qui ne sera que plus béante à l’issue des élections du 7 juillet, quelle que soit la majorité qui en résultera. Parmi les causes de cette fracture, la "question" des migrants en France, et les fortes qu’elle va connaitre sans doute de façon inédite. Elles impacteront leurs pays d'origine, sachant que d’ores et déjà, l’extrême droite qui a émergé comme la principale force politique, ne cache pas sa volonté d'étendre de mille et une manières, politiquement et économiquement, ces tensions aux pays d’origine de l’immigration. 

La Mauritanie est présente dans ce tableau, et sera invitée à mettre à jour ses structures diplomatiques avec la France. Comme les autres pays de la région, elle ne pourra supporter seule les bras de fer qui se profilent. Le Maroc s'est préparé, politiquement et économiquement, pour se protéger de "l'influence" française, de sorte qu'il s’est déjà mis, en grande partie, à l’abri de transformations dramatiques dans ses relations avec la France. La Mauritanie le trouvera à ses côtés, objectivement, l'invitant à une interaction, une intégration et une solidarité intra régionale. Équitable et fraternelle. M. Ould El Ghazouani le sait et ceux qui ont voté pour lui l'ont choisi aussi parce qu'il le sait, et savent dans perception de l’avenir de la Mauritanie, la coopération mauritano-marocaine, humain, économique, et stratégique, est fortement présente.