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Sans surprise, Biden soutient Israël après la frappe meurtrière sur un hôpital de Gaza
Des manifestants brandissent une poupée représentant un bébé en scandant des slogans lors d'une manifestation anti-israélienne devant le siège de l'ambassade de France, le long de l'avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis, le 18 octobre 2023. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Le président américain Joe Biden a assuré Israël de son soutien mercredi, lors d'une visite dans ce pays après une frappe sur un hôpital de Gaza qui a fait des centaines de morts et provoqué un vent de colère dans le monde arabe et musulman.
Les pays arabes ont accusé Israël, qui pilonne sans répit la bande de Gaza depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas sur son sol, elle-même produit de 75 ans d’occupation, 15 de blocus et d’une politique systématique d’apartheid, ‘expropriation, de répression et d’humiliation qui finissent souvent en exode.
Pour ne rien changer, Joe Biden, sans surprise, a appuyé la version israélienne désignant un tir de roquette du Jihad islamique, un autre groupe armé palestinien.
Le Jihad islamique a démenti. Le Hamas, au pouvoir à Gaza, a lui aussi désigné Israël et accusé Washington d'être "complice des massacres" israéliens à Gaza.
La frappe mardi soir sur l'hôpital dans le centre de Gaza, a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s'abritaient dans l'enceinte de l'établissement, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.
"Sur la base de ce que j'ai vu, il apparait que cela a été mené par la partie adverse", a déclaré Joe Biden au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, se disant "profondément attristé et choqué".
Joe Biden a assuré qu'il travaillerait avec Israël pour éviter "davantage de tragédie" [sic] aux civils. Israël fera "tout ce qu'il peut" [resic] pour épargner les civils, a promis Benjamin Netanyahu, au douzième jour de la guerre qui a déjà fait des milliers de morts.
Le tir a suscité de multiples condamnations et des manifestations de colère au Caire, à Téhéran, Amman, Istanbul, Tunis ou encore à Beyrouth et Rabat.
Le président américain prétend vouloir aussi tenter de débloquer l'entrée de l'aide d'urgence à Gaza, alors que le point de passage de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, reste fermé pour éviter qu’Israël ne profite du drame pour se débarrasser des Palestiniens et s’étendre comme le veulent explicitement les juifs talmudistes.
Des centaines de camions d'aide humanitaire attendent, du côté égyptien, de pouvoir entrer dans le sud de la bande de Gaza où sont massés des centaines de milliers de civils palestiniens désespérés.
La situation dans le territoire "devient incontrôlable", a lancé le patron de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus qui a lui aussi condamné le bombardement de l’hopital au même titre que le secrétaire général de l’ONU.
"Une énorme boule de feu"
Israël a prétendu mercredi avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique dans la frappe sur l'hôpital et on a pu voir le porte-parole de Tshal agiter une photo en conférence de presse qui n’est pas sans rappeler une photo brandie par l’ancien secrétaire d’Etat le général Colin Powell au Conseil de sécurité de l’ONU, pour ‘’prouver’’, avant l’invasion de l’Irak par les Américains, la ‘’présence d’armes de destruction massive’’. Une ‘’démonstration’’ assortie du blablas habituel sur l’analyse d’images
Le Jihad islamique rappelle que l'hôpital avait été sommé par Israël d'évacuer sous la menace d'un bombardement, et c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie.
"Nous étions en train d'opérer dans l'hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d'opération. C'est un massacre", a témoigné le Dr Ghassan Abu Sittah, de l'ONG Médecins sans frontières.
Dans une video authentifiée par l'AFP, on voit des flammes s'élever dans la nuit de ce qui semble être la cour d'un bâtiment. Dans l'enceinte de l'hôpital Ahli Arab, un photographe de l'AFP a vu mercredi des véhicules carbonisés, des débris jonchant le sol et une ambulance détruite avec le nom de l'hôpital.
"J'ai vu une énorme boule de feu, l'endroit entier était en feu, des cadavres étaient projetés partout, des enfants, des femmes et des personnes âgées", raconte Adnan al-Nagah, 37 ans, qui s'était abrité avec sa famille dans l'hôpital et a échappé de peu à la mort.
L'Eglise épiscopale à Jérusalem, qui gère l'hôpital, a dénoncé un "crime contre l'humanité".
"Journée de colère"
Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une "journée de colère" mercredi pour condamner le "massacre" israélien.
Des milliers de personnes ont manifesté mercredi en soutien aux Palestiniens au Caire, près de l'ambassade d'Israël à Amman, et à Tunis devant l'ambassade de France, l'un des pays accusés d'être des "alliés des sionistes" dans cette guerre.
Des Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, aux cris de "Libérez, libérez la Palestine".
Le Croissant rouge palestinien a dénoncé un "crime de guerre", qui a fait "des centaines" de victimes civiles, "dont des femmes, des enfants, des personnels de santé".
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".
Le président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de "deuil public" mercredi et prédit que cette attaque allait se retourner contre Israël et son allié américain. Mardi, Téhéran avait menacé d'une possible "action préventive" contre Israël, qui prépare une offensive terrestre à Gaza.
Au moins 3.478 Palestiniens ont été tués dans le territoire depuis le début de la guerre, en majorité des civils.
Plus de 1.400 personnes sont mortes en Israël, pour la plupart des civils tués le jour de l'attaque du Hamas, qui a aussi enlevé 199 personnes selon l'armée israélienne.
Israël a aussi annoncé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas après leur incursion.
Rafah toujours fermé
L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre au petit territoire, pauvre et exigu, de 362 kilomètres carrés, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Un million de Palestiniens, selon l'ONU, ont fui les bombardements et suivi un appel à l'évacuation du nord lancé par l'armée israélienne, pour se masser dans le sud près de Rafah, seule porte de la bande de Gaza vers l'extérieur, contrôlée par l'Egypte.
L'Egypte "n'a pas fermé Rafah", ce sont "les bombardements israéliens" qui bloquent l'aide, a affirmé mercredi le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi.
Alors que l'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien et le long de la frontière avec le Liban, près de 500.000 civils israéliens ont aussi été évacués pour les éloigner des zones de combat, selon l'armée.
Des habitants de villes proches de la bande de Gaza s'organisent pour faire face à la guerre, alors que des roquettes sont encore quotidiennement tirées sur Israël.
La ville de Sdérot, dans le sud d'Israël, a ainsi réclamé des moyens pour mettre en place une unité d'intervention de citoyens, supplétive de la police. Et celle-ci a annoncé lundi qu'elle commencerait à armer des civils.
D'autres habitants préfèrent quitter la ville. "J'ai trop peur, je veux juste partir d'ici", déclare Miriam Shmailov, une mère au foyer de 29 ans.
La tension est forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, ainsi qu'en Cisjordanie où au moins 61 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon les autorités locales. (Quid avec AFP)