Sept policiers assassinés en Colombie : la proposition de ''paix totale'' promise par Petro mise à rude épreuve

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Dans les semaines qui ont précédé l'investiture de Petro, qui a eu lieu le 7 août, le Clan del Golfo, le plus grand gang criminel du pays, a déclenché une vague d'attaques contre des policiers

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Bogotá - L'assassinat vendredi de sept policiers dans le sud-ouest de la Colombie est l'attaque la "plus grave" commise depuis l'accession à la présidence de Gustavo Petro, qui avait fait de la pacification du pays son cheval de bataille lors de la campagne électorale.

Réagissant à ce nouvel épisode de la spirale de violence interminable en Colombie, Petro a qualifié l'attaque de "sabotage contre sa proposition de paix totale", dans ce qui est visiblement un changement de ton par rapport aux discours jubilatoires avant même le début des négociations de paix qu’il avait promises.

L'attaque a été menée à l’aide d’explosifs dans le village de Corozal contre une unité de police qui se déplaçait dans une camionnette après une journée de travail dans une zone rurale du département de Huila.

Le gouvernement a initialement fait état de huit décès, mais plus tard, la police a précisé dans un communiqué qu'il y en avait sept, dont trois assistants âgés de 18, 19 et 20 ans, qui venaient d’intégrer les rangs de la police.

Petro, qui a pris la présidence il y a 25 jours avec la promesse de parvenir à la "paix totale" dans le pays, a immédiatement condamné l'embuscade.

Jusqu'à présent, les responsables de l'attaque sont inconnus, bien que le département de Huila est connu pour la présence importante et depuis des décennies de dissidences de la guérilla démobilisée des FARC, qui n'ont pas accepté ou renoncé à l'accord de paix signé en novembre 2016.

Outre les dissidents des FARC, d'autres groupes sont toujours actifs, comme la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) et de nombreux gangs criminels dédiés principalement au trafic de drogue, à l'exploitation minière illégale et à l'extorsion.

Selon Petro, "la paix totale va à l'encontre du silence face à la criminalité. Cet acte de terreur est un sabotage de l'objectif de vaincre cette violence qui sert les intérêts de quelques-uns". C’est dire que le président reconnait la complexité de la situation sécuritaire et d’une solution à des conflits qui se poursuivent depuis des décennies.

Le leader de la coalition Pacte Historique (gauche), qui est un ancien guérillero, était plutôt optimiste durant sa campagne et euphorique en début de mandat, lorsqu’il a ordonné que les négociations de paix soient immédiatement entamées, plaçant au passage d’anciens guérilleros ou proches des guérillas dans des postes clés de son gouvernement.

Bien que cette initiative jugée trop ambitieuse n’ait pas rencontré de résistance explicite et solennelle de la part des groupes paramilitaires, certains observateurs estiment que les intérêts des groupes, dont ceux relatifs au trafic de drogue, risquent de passer avant tout plan de paix.

Dans les semaines qui ont précédé l'investiture de Petro, qui a eu lieu le 7 août, le Clan del Golfo, le plus grand gang criminel du pays, a déclenché une vague d'attaques contre des policiers, dans le cadre de son "plan pistolet", en représailles à l'extradition vers les Etats-Unis en mai dernier de son chef, Dairo Antonio Úsuga, alias "Otoniel".

Justement cette procédure convenue depuis des années avec les Etats-Unis, est la principale pomme de discorde qui menace le processus de pacification du pays promis par le président.

L’offensive du Clan del Golfo, qui a coûté la vie à 36 policiers, a été interprétée par les analystes comme une démonstration de force de ce gang, également appelé Forces d'autodéfense Gaitanista de Colombie (AGC), afin de demeurer dans une position de force en prévision d'éventuelles négociations à l’avenir.

L’attaque de vendredi porte ainsi un coup sérieux à l'espoir de paix qui s'était ouvert dans les premières semaines du gouvernement Petro, le premier président de gauche du pays.