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Times of Israël célèbre le sultan Mohammed V, sauveur des juifs du Maroc
Au moment où Hitler traquait les juifs à travers le monde entier et procédait à leur extermination, le roi Mohammed V, lui, a su empêcher l’éradication de la communauté juive vivant au Maroc même s’il n’a pas pu empêcher celle-ci de subir les lois antisémites imposées par le régime Vichy. Flashback.
Dans un article paru aujourd’hui, le “Times of Israël” raconte comment Mohammed V a sauvé la communauté juive Marocaine de la déportation. Un épisode que les juifs du monde entier n’oublient toujours pas, vouant une reconnaissance éternelle à leur sauveur.
Sam Edery est ingénieur à Montréal. Chez lui, il garde une menorah en cuivre « spéciale ». Spéciale parce qu’elle lui a été transmise par son grand-père qui était bijoutier à la cour du roi Mohammed V durant la seconde guerre mondiale. Spéciale aussi parce que pour lui, comme pour son grand-père, cet objet est le symbole du miracle de Hanoukka. Ce qui en fait un miracle, c’est que c’est à cette époque que le souverain rencontrait les représentants de Vichy et de l’Allemagne nazie pour discuter de la question juive. Mohammed V avait alors osé dire aux nazis qu’« il n’y a pas de citoyens juifs, il n’y a pas de citoyens musulmans, il n’y a que des citoyens Marocains ».
Mohammed V, sauve les juifs marocains de la déportation et de l’extermination….
Il n’en fallait pas plus pour que les juifs du Maroc voient en Mohammed V un sauveur. Parce qu’il a refusé de collaborer, les juifs marocains ont été sauvés. Aucun d’entre eux n’a été envoyé dans un camp de concentration, ni n’a été dépouillé de sa citoyenneté ou encore porté la marque de l’étoile jaune.
Les fonctionnaires de Vichy ont essayé à un moment de faire un inventaire des biens détenus par les juifs, mais le roi Mohammed V avait alors rencontré la communauté juive et promis de ralentir le recensement, a déclaré Robert Satloff, directeur exécutif de l'institut de Washington pour la politique du Proche-Orient, qui a écrit un livre sur l'Holocauste dans les pays arabes. Par conséquent, les propriétés juives au Maroc n'ont pas été confisquées, contrairement aux propriétés juives en Algérie, par exemple.
Sauvés de l’extermination mais pas de la discrimination
Entre 1940 et novembre 1942, lorsque les Américains ont atterri au Maroc, les juifs marocains ont également dû se conformer aux lois discriminatoires : les enfants juifs ont été expulsés des écoles, les juifs ont été congédiés des emplois du gouvernement, et il y avait des quotas sur le nombre de juifs pouvant fréquenter les universités ou travailler en tant que médecins, avocats et pharmaciens, a déclaré Robert Satloff. « En général, les lois de Vichy qui ont été appliquées en France ont été appliquées au Maroc », a-t-il ajouté. Malgré l’opposition de Mohammed V, les autorités du protectorats n’ont en fait qu’à leur tête.
Des juifs marocains ont été forcés de vivre dans des mellahs ou des quartiers juifs historiques, alors que cela était révolu depuis bien longtemps au Maroc. « Les juifs marocains qui vivaient déjà dans les mellahs n'étaient pas autorisés à déménager, et certains qui vivaient en dehors des districts juifs ont dû se déplacer vers eux », a déclaré Greg Schneider, vice-président exécutif de la conférence des réclamations.
Si dans ces mellahs les gens pouvaient entrer et sortir à leur guise, force est de reconnaître que les conditions de vie y étaient terribles du fait de la surpopulation engendrés par les déplacements massifs réalisés par le régime Vichy. Charles Barchechath, commentateur de radio, né dans le mellah de Rabat, a déclaré que la nourriture y était rare et le typhus ainsi que le choléra fréquents. « Les épidémies ont pris la vie de beaucoup de juifs du Maroc. Mon père a attrapé le typhus, mais heureusement il s'en est rétabli », a-t-il dit.
Pas de témoignages dans les musées de l’Holocauste pour relater l’histoire des juifs marocains
A ce jour, les musées de l’Holocauste ne relatent pas de témoignages concernant la situation des juifs marocains durant la guerre. L’université de Southern California Shoah, par exemple, n’inclut pas une seule entrevue avec un juif marocain vivant au Maroc pendant la deuxième guerre mondiale alors qu’elle détient des dizaines de milliers de témoignages de survivants de l’Holocauste. Il en est de même pour le musée de l’Holocauste de Montréal qui n’a pas, non plus, de témoignages de juifs marocains malgré leur forte présence dans cette ville.
Au musée commémoratif de l'Holocauste des États-Unis à Washington DC, il existe juste une poignée de témoignages de marocains, si peu que le chef de l'archive de l'histoire orale du musée n'était même pas conscient de leur existence. Dans ces entretiens, les marocains juifs décrivent les épreuves de la guerre endurées par les juifs et les non-juifs entre bombardements, pénuries alimentaires et couvre-feux.
Aujourd’hui, les demandes déposées par des milliers de Marocains à titre d'indemnisation, que l’Allemagne devait verser au juifs, sont devenues la plus grande source d'informations sur les expériences des juifs marocains pendant la guerre. Grâce à ces demandes, les musées de l’Holocauste peuvent maintenant recueillir des témoignages audio et vidéo de juifs marocains.
Même dans un Maroc sous protectorat, le sultan Mohammed V a réussi à protéger la communauté juive marocaine des horreurs de l’Allemagne nazie. Aucun juif marocain n’a été déporté ou a porté une étoile de jaune.