Trump et Harris débattent mardi pour la première et peut-être dernière fois

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Montage créée le 6 septembre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à l'élection présidentielle Donald Trump à Las Vegas (Nevada) le 23 août 2024 et la vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle Kamala Harris à North Hampton (New Hampshire) le 4 septembre 2024. (Photo par Ellen SCHMIDT et Joseph Prezioso / AFP)

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Ce sera leur première - et peut-être dernière - confrontation d'une campagne présidentielle hors normes, et indécise à l'extrême: Kamala Harris et Donald Trump se retrouvent mardi pour débattre à Philadelphie, dans l'Etat décisif de Pennsylvanie (est).

La vice-présidente et l'ancien président ferraillent à distance depuis que la première est entrée avec fracas dans la course, après le retrait le 21 juillet de Joe Biden.

Mais la démocrate, retranchée depuis jeudi dans un hôtel de Pittsburgh (Pennsylvanie) pour se préparer, et le républicain, qui a au contraire multiplié les apparitions publiques ces derniers jours, ne se sont jamais rencontrés en personne.

Leur duel de 90 minutes, qui sera diffusé par la chaîne ABC à partir de 21H00 locale (01H00 GMT mercredi), pourrait être le seul. Aucun autre débat n'est pour l'heure prévu avant le scrutin du 5 novembre.

Kamala Harris et Donald Trump n'ont "aucune raison de prendre de grands risques", prédit le lobbyiste et commentateur Joshua Zive, avec des sondages "aussi serrés" à deux mois d'une élection qui pourrait se jouer, comme en 2016 et 2020, à quelques milliers de voix dans certains Etats.

"L'enjeu est plus important pour Harris que pour Trump parce qu'il est déjà très connu alors qu'elle doit encore expliquer qui elle est à la majorité des gens", avance Mark Feldstein, analyste médias à l'université du Maryland.

Le milliardaire de 78 ans, privé de son meilleur ennemi avec le forfait de celui qu'il surnommait "Joe l'endormi", veut couper l'élan pris par sa rivale de 59 ans, qualifiée de "bête" et "méchante".

"Super pouvoir" 

"Son super pouvoir est d'occuper et d'envahir l'espace. Or nous autres Américains, nous avons tendance à vouloir des présidents qui sont dominants", décrit Rebecca Gill, professeure de sciences politiques à l'université du Nevada.

Flavio Hickel, politologue au Washington College, estime que "la force (du républicain) vient de ses digressions décousues qui déstabilisent ses opposants".

"Si j'étais Harris, je ne perdrais pas de temps à démonter chaque affirmation fausse de Trump", conseille Andrew Koneschusky, ancien porte-parole du sénateur démocrate Chuck Schumer.

La vice-présidente, première femme et première personne noire et d'origine asiatique dans cette fonction, devra combattre la perception sexiste "selon laquelle une femme qui s'affirme est stridente", note la professeure Rebecca Gill.

La politologue souligne que cette ancienne procureure, face au premier ancien président américain condamné au pénal, pourra s'appuyer sur son expérience au tribunal où il faut "apparaître forte mais pas revancharde, pouvoir se détacher du plan préétabli pour réagir à ce que disent les témoins."

Donald Trump a l'expérience pour lui: il a déjà participé à six débats présidentiels, dont celui, mémorable, contre Joe Biden en juin. Le démocrate avait perdu pied devant des millions de téléspectateurs.

Kamala Harris avait, elle, eu son moment de gloire en attaquant un certain Joe Biden pendant un débat de la primaire démocrate, en 2019.

Micros 

A Philadelphie, le temps de parole sera strictement minuté, il n'y aura ni note ni public. Seul le micro du candidat qui parle sera ouvert.

L'équipe de la vice-présidente aurait voulu que les micros restent allumés tout du long, pariant que cela serait préjudiciable à l'impulsif Donald Trump.

Mais le camp républicain a préféré garder le dispositif adopté en juin dernier à l'initiative de Joe Biden. Que l'équipe de Donald Trump s'accroche ainsi à une règle voulue par le président octogénaire montre combien la campagne a changé de physionomie avec l'entrée en lice de Kamala Harris.

L'Amérique a été témoin coup sur coup d'une tentative d'assassinat de l'ex-président, d'une convention républicaine triomphale et d'une investiture démocrate euphorique.

Le débat de mardi sera-t-il un autre tournant?

John Mark Hansen, professeur de sciences politiques à l'université de Chicago, n'y croit pas: l'histoire des élections américaines montre selon lui que "les débats n'ont pas tant d'importance" parce que "les gens qui les suivent ont déjà des préférences très affirmées."

Erin Christie, professeure de communication à l'université Rutgers, est d'un tout autre avis: "Ce sera un débat très éclairant et peut-être décisif pour l'élection. Allumez vos télés!" (AFP)