Tunisie: Brandissant des pancartes en anglais, manifestation d'un nouveau ''front'' contre le président Saied

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Des manifestants tunisiens agitent des drapeaux et brandissent des pancartes en anglais contre leur président dans la capitale Tunis, le 15 mai 2022. Ils étaient autour de 2000. Plutôt décevant pour les organisateurs. En juillet dernier, le président tunisien Kais Saied a brusquement suspendu le système mixte présidentiel-parlementaire inscrit dans la Constitution tunisienne de 2014, un compromis durement acquis entre des camps idéologiques rivaux, obtenu trois ans après qu'une révolte a renvers

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"Dégage, dégage" : plus de 2.000 personnes ont participé dimanche en Tunisie à la première manifestation organisée par le Front de salut national, récemment formé par cinq partis opposés au président Kais Saied, notamment celui des islamistes d'Ennahdha, sa bête noire.

Brandissant des pancartes "we shall overcome" ("nous vaincrons") ou "we are united not divided" ("nous sommes unis, pas divisés"), environ 2.000 manifestants se sont rassemblés devant le théâtre municipal sur l'avenue Bourguiba, l'artère principale de Tunis, selon des journalistes de l'AFP.

"Le peuple veut ce que tu ne veux pas", clamaient les manifestants à l'adresse du président Kais Saïed, en réclamant "le respect de la Constitution et le retour à la démocratie".

Après des mois de blocage politique, M. Saied s'est arrogé le 25 juillet les pleins pouvoirs en suspendant les activités du Parlement. Depuis, même s'il a formé un gouvernement, il dirige le pays par décrets.

Dans une nouvelle étape franchie fin mars, il a dissous le Parlement et changé la composition du Conseil supérieur de la magistrature et de l'autorité électorale Isie.

M. Saied, indifférent à la pression intérieure et surtout extérieure a annoncé une feuille de route prévoyant un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des élections législatives le 17 décembre devant aboutir à une nouvelle république telle qu’il l’a conçoit dans laquelle il tiendrait les principaux leviers du pouvoir.

Dimanche, la foule était moins dense qu'espéré alors que le Front du salut national, constitué le 26 avril autour du vétéran de gauche Ahmed Nejib Chebbi, pensait attirer de nouveaux soutiens au camp anti-Saied. Celui-ci est mené depuis des mois par le parti islamiste Ennahdha et le mouvement Citoyens contre le coup d'Etat du juriste Jahouar Ben Mbarek. L'automne dernier, ces formations avaient mobilisé jusqu'à 6 ou 7.000 manifestants.

Salah Tzaoui, un instituteur de 57 ans, interrogé par l'AFP, s'est dit "un peu déçu de l'affluence". Il s'attendait "à plus de gens" car beaucoup ont, comme lui qui a participé en 2019 aux comités de soutien à Kais Saied, "un sentiment de trahison complète".

Il note la forte présence des plus de 40 ans : "Ce sont ceux qui ont connu la dictature (de Zine El Abidine Ben Ali, ndlr) et ne veulent plus de ça". A rappeler dans ce contexte, que la candidature de Kais Saied a été pour beaucoup porté par la jeunesse tunisienne dans un paysage politique national fait de cacique et d’habitués du pouvoir où l’actuel président détonait et apparaissait comme une figure nouvelle et neuve. 

Non loin, Khaled Benabdelkarim, autre enseignant de 60 ans, a aussi voté pour Kais Saied, un professeur de droit constitutionnel élu par surprise en 2019. Pour lui, le président "a trahi le peuple, volé la démocratie. Il n'a pas ni projet politique ni projet économique, à part la soumission aux puissances étrangères". Un discours qui ne passe pas trop auprès de jeunes trop habitués à cette litanie

Outre l'impasse politique, la Tunisie s'enfonce dans une grave crise économique avec une croissance atone, un chômage élevé, une inflation galopante accentuée par la guerre en Ukraine et un surendettement qui l'a poussée à demander un nouveau prêt au FMI.