USA : La décadence de la démocratie - Par Samir Belahsen

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Le candidat républicain Donald Trump est vu avec du sang sur le visage, entouré d'agents des services secrets, alors qu'il est évacué de la scène lors d'un événement de  M. Trump a été embarqué dans un SUV qui l'a emmené en voiture. (Photo de Rebecca DROKE / AFP)

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Par Samir Belahcen

Comment en est-on arrivé là ?

L’ancien président américain, candidat à la succession de son successeur, a été légèrement blessé à l’oreille par un tir lors d’un meeting électoral en Pennsylvanie, le samedi 14 juillet . 

Le tireur a été abattu par les services de sécurité. 

Cette tentative d’assassinat pose de nombreuses questions concernant le dispositif de sécurité et sur les tensions politiques qui se sont cristallisés ces dernières années.

Concernant le dispositif de sécurité, plusieurs enquêtes ont été ouvertes, nous en aurons les résultats dans quelques jours, quelques années ou Jamais.

Une démocratie en recul

Pour les tensions politiques qui se sont cristallisés ces dernières années, 

 La polarisation politique à outrance et la montée des tensions partisanes aux États-Unis ont contribué à cette décadence. Le rapport d'International IDEA indique que les États-Unis ont été classés pour la première fois comme une "démocratie en recul" en 2021, en raison des indicateurs liés aux libertés civiques. 

 Les contestations électorales virulentes de l'élection présidentielle de 2020 par Donald Trump ont marqué un tournant historique dans cette dégradation de la démocratie américaine. 

La pandémie de COVID-19 a accéléré ou mis en évidence des tendances négatives, notamment dans les pays où la démocratie et l'État de droit étaient déjà fragilisés avant la crise, l'affaiblissement des institutions démocratiques s’est accéléré.

Ludivine Gilli, docteure en histoire et directrice  de l’observatoire de l’Amérique du nord avait prévenu des dangers de « La révolution conservatrice aux Etats-Unis ».

Elle explique que le vent réactionnaire qui souffle sur les États-Unis est le fait d’une minorité qui impose ses vues en instrumentalisant, de longue date et méthodiquement, un système politico-judiciaire qui la favorise.

Elle cite les décisions régressives prises par la Cour suprême en 2022 – sur l’avortement, sur les armes à feu et le changement climatique, contre la volonté de la majorité de la population. Pour elle, déjà en 2022 la démocratie est en danger et, avec elle, la concorde nationale.

En tout cas cette tentative d'assassinat du candidat Trump souligne la gravité de cette polarisation excessive dans le champ politique américain. 

Plus les républicains se rapprochaient de l'extrême droite et les démocrates de l'extrême gauche, la polarisation entre républicains et démocrates s'est accentuée.

Cette polarisation est souvent basée sur des identités et des conceptions du monde plutôt que sur des positions politiques ou programmatiques concrètes.

Plus qu’un clivage on est en présence d’un Tribalisme Politique, stade ultime de la polarisation, qui a conduit à « l’hystérisation » du débat public, où les partisans se voient comme deux groupes en conflit, en ennemis.

Les uns contre les autres, avec une logique de "eux contre nous". Nous c’est le bien et eux c’est le mal.

 Les Médias et les Réseaux Sociaux alimentent les sentiments de colère et les divisions, en propageant des points de vue péremptoires, des fake news, et des théories du complot. C’est ce qui renforce les bulles cognitives et les biais de confirmation.

La polarisation a entraîné une rupture des équilibres intra et inter partis, rendant difficile la recherche de compromis raisonnable et la bonne gouvernabilité. Cette inertie politique est anti-démocratique.

Peut-on ajouter à cette liste le manque d’un ennemi fédérateur ?

Après la Guerre froide est née une divergence sur l'identité de l'ennemi principal, ce qui a accentué les divisions politiques.

Cette démocratie incapable de se renouveler, ni de renouveler ses acteurs, n’offre en définitive comme choix qu’un Trump de 78 ans avec un paquet de poursuites judiciaires et un Biden de 81 ans qui se prend pour la vice-présidente d’un président noir…