National
10 dirigeants de l’USFP disent non à un congrès « made in Lachgar »
On ne peut pas militer pour l’adoption d’une monarchie parlementaire démocratique et bafouer les valeurs de la démocratie interne complètement inexistante dans le cas d’espèce
Plus qu’une grogne, c’est un vent de contestation qui souffle sur l’Union socialiste des forces populaires. A visage découvert, une dizaine de responsables du parti de la Rose demandent le report du 10ème congrès de l’USFP, prévu à la fin de ce mois de mai. « Nous sommes 10 membres du Bureau politique à revendiquer officiellement un tel report. D’autres pensent exactement la même chose que nous mais ne le disent pas encore publiquement », affirme Ouafa Hajji, membre du BP de l’USFP et présidente de l’Internationale socialiste des femmes. Les contestataires s’empressent de le préciser : ce ne sont ni des frondeurs ni des scissionnistes. Ils entendent bien agir de l’intérieur en tant que dirigeants d’un parti politique en plein naufrage.
Pour ceux et celles qui se mobilisent pour que le 10ème congrès des socialistes se fassent dans le respect des normes et des valeurs de l’Union socialiste des forces populaire, la réunion de cette instance suprême est loin de se faire dans la démocratie et ses règles de transparence. « Nous demandons l’organisation d’un congrès de refondation qui permettrait aussi et surtout une libre compétition dans l’élection des instances. On ne peut pas militer pour l’adoption d’une monarchie parlementaire démocratique et bafouer les valeurs de la démocratie interne complètement inexistante dans le cas d’espèce. Aujourd’hui, nous assistons à un congrès sur mesure, un congrès « made Lachgar », explique O. Hajji. Et pour cause : à l’heure où ces lignes sont écrites, Driss Lachgar est candidat unique à sa propre succession…
Selon les contestataires qui ont tenu jeudi un point de presse, les préparatifs du 10ème congrès sont jalonnés d’infractions à la loi sur les partis. Le bureau politique ne se réunit plus depuis plusieurs semaines alors qu’il tenait une réunion hebdomadaire. Toutes les décisions prises par le secrétariat en charge de la préparation du congrès sont entérinées par le Premier secrétaire qui est le seul par exemple à décider des congrès provinciaux. « Tout cela se fait bien sûr de manière illégale et dans la perspective de mieux verrouiller un congrès qui ne sera certainement pas une séquence démocratique dans la vie du parti. Ces assises de l’USFP devraient être un moment de débat franc et ouvert et surtout une remise en cause d’un mandat qui a donné à voir le recul du parti aux élections régionales et communales puis aux législatives, sans parler de la présence de l’USFP au gouvernement puisque les ministres nous représentant n’assisteront pas au conseil des ministres », fait valoir la présidente de l’Internationale socialiste des femmes.
Comment l’USFP en est-elle arrivée là ? Comment les socialistes ont-ils perdu des fiefs et citadelles bien établis et pour quelle raison des instances comme la Chabiba est-elle devenue inaudible ? Autant de questions qui risquent de rester sans réponse si le congrès du parti de la Rose se tient dans les conditions actuelles. « Même le bras syndical de l’USFP est devenu l’ombre de lui-même depuis la scission de la FDT, nous ne sommes même plus dans le tour de table des négociations. Quant à la commission administrative qui fait office de parlement du parti, elle n’est plus du tout celle élue par le 9ème congrès. Un travail de purge y a été effectué et des militants ont été exclus et remplacés de manière tout à fait illégale», soupire notre interlocutrice.
La remise en cause d’une gestion centralisée menée dans la rupture et la marginalisation des voix dissidentes par le binôme Driss Lachgar-habib El Malki aura-t-elle lieu ? Le 10ème congrès de l’USFP sera-t-il reporté pour être préparé de manière démocratique ? « C’est en tout cas ce que nous espérons. Et en attendant, le débat existe dans les provinces et les structures », conclut Ouafa Hajji.