Politique
Enseignants stagiaires : l’accord qui révèle au grand jour l’échec du gouvernement
Les 10 000 enseignants stagiaires ne passeront qu?un seul concours, un accord qui r?v?le au grand jour l??chec du gouvernement. Les 6 mois de gr?ve de ces hommes et femmes qui n?ont qu?une seule culture, celle de la fonction publique, vont laisser un go?t amer
??Six mois de crispation, de manifestations dispers?es dans la violence et de bras de fer entretenu bien inutilement, voila ce qu?a ?t? l?affaire des enseignants stagiaires. Une affaire qui a montr? au final l?incapacit? du gouvernement Benkirane ? g?rer une crise qui n?en finissait pas de s?enliser??. Pour cet observateur de la chose politique, le traitement du dossier des enseignants stagiaires qui r?clamaient leur recrutement direct t?moigne d?abord et surtout de l??chec d?un ex?cutif qui a parl? ? plusieurs voix. Des voix dissonantes o? des alli?s de la majorit? ont jou? leur propre partition.
C?est dans la soir?e du mercredi 13 avril que le d?nouement a eu lieu sous les auspices du Wali de Rabat, repr?sentant du gouvernement dans ce dossier. Un accord a ?t? enfin valid? ? la fois par les pouvoirs publics et les enseignants stagiaires. Le mouvement de gr?ve a ?t? finalement lev?. La marche de protestation que ces gr?vistes qui n?ont pas rejoint leurs centres de formation comptaient organiser ce jeudi 14 avril ? Rabat ?une marche interdite ? la demande du chef de gouvernement ? a ?t? annul?e. Une Commission mixte ayant pour mission ??la mise en ?uvre de la plateforme adopt?e sur la base du recrutement de la promotion dans son int?gralit頻 sera mise en place d?s aujourd?hui 14 avril.
Venons-en ? l?accord qui a mis fin ? une longue crise. Les 10?000 enseignants stagiaires ne passeront qu?un et un seul concours de recrutement en janvier 2017 sous un nouveau gouvernement issu des ?lections l?gislatives d?octobre prochain. Ce concours sera imm?diatement suivi de l?affectation ? leurs postes dans un d?lai ne d?passant pas le 1er f?vrier 2017. ??La r?ponse technique de Mohamed Boussaid ?tait donc la bonne. Le ministre de l??conomie et des finances avait r?pondu aux deux groupes parlementaires de l?opposition, l?USFP et le PAM, que l?organisation du concours pour les 10?000 enseignants stagiaires ?tait de l?ordre du possible ? condition d?adopter un d?cret dans ce sens. Ce qui a valu au ministre RNI un communiqu? du chef de gouvernement o? il est carr?ment d?savou?. Un ?pisode qui a encore failli provoquer une rupture dans la majorit?. Sauf que c?est bien la proposition de Boussaid qui a ?t? finalement retenue et qui a mis fin ? cette crise??, fait remarquer ce t?nor du Rassemblement national des ind?pendants.
On s?en souvient, Abdelilah Benkirane avait cat?goriquement rejet? la solution du concours de recrutement en une seule vague des 10?000 enseignants stagiaires. ??La loi de finances 2016 ne pr?voit que 7000 postes pour l??ducation nationale?? avait-il argu? avant de mettre en avant l?autorit? de l?Etat.
Et c?est bien au prix de cette concession que les enseignants en devenir vont retourner sur les bancs de l??cole pour suivre leur formation p?dagogique. L?accord conclu mercredi soir pr?voit en effet le d?roulement de la formation th?orique dans les trois mois restants de l?ann?e scolaire, c'est-?-dire mai, juin et juillet 2016, la poursuite de formation pratique tout au long des mois de septembre, octobre et novembre 2016 et l'organisation de l?examen de fin de formation en d?cembre 2016.
Que faut-il enfin retenir de ce long feuilleton qui a donn? ? voir des enseignants stagiaires qui ont investi la rue, refus? de rejoindre les centres de formations et menac? d?une ann?e blanche?? Six mois ont ?t? perdus dans un bras de fer dont les principales victimes ne sont autres que les ?l?ves de ce pays. Dans un secteur sinistr?, l?enseignement, la gr?ve de ces enseignants stagiaires qui vivent le recrutement dans la fonction publique comme un acquis a mis encore plus ? mal l??cole publique marocaine.
Si la majorit? gouvernementale a montr? ses capacit?s tr?s limit?s ? la n?gociation, l?opposition parlementaire a, elle, politis? le dossier. Les enseignants stagiaires qui n?en demandaient pas tant, sont devenus un enjeu ?lectoral. ??Dans le m?me temps, des mouvements tel que le 20 F?vrier ou encore Al Adl Wal Ihassane ont jou? au cheval de Troie. Ils ont tent? de r?cup?rer les revendications tr?s discutables de ces enseignants pour investir la rue??, explique un journaliste sp?cialiste des mouvements revendicatifs.
Reste la question que tous les ?tats majors partisans se posent?: le gouvernement est-il sorti indemne de cette crise?? Abdelilah Benkirane a-t-il gagn? des galons en chef de gouvernement gestionnaire de crise sociale?? Pas vraiment. Les 6 mois de gr?ve de ces hommes et femmes qui n?ont qu?une seule culture, celle de la fonction publique, vont laisser un go?t amer. ??Oui, il faut ?tre ? l??coute de la rue. Mais la foule n?a jamais ?t? le peuple. Satisfaire des revendications d?abord cat?gorielles est toujours un danger pour tout gouvernement??, fait valoir cette experte en communication politique sans toutefois perdre de vue que l?Ex?cutif conduit par Benkirane est en fin de mandat et que le leader des islamistes est d?j? ? la p?che aux voix.