Est-il spontan? au point d'oublier les calculs politiques et ?lectoraux??
Le chef du gouvernement ne rate aucune occasion, aujourd'hui plus qu'avant, pour pr?senter l'image d'un homme spontan? et d?sint?ress?, ?pris surtout par l?int?r?t g?n?ral, que l'on ne peut ?ni classifier ni cataloguer. Il est en quelque sorte un nouveau saint.
Saint Benkirane essaye de donner de lui l'image d'un moujahid pr?t ? tout sacrifier, y compris l'int?r?t partisan et ?lectoral, pour servir ?dieu d'abord en attaquant le d?prav? et les pervertis de toute sorte. Son discours est, de plus en plus, focalis? sur sa propre personne beaucoup plus que le gouvernement et son parti. Les ??je?? ??mon?? ??ma?? marquent une pr?sence sans pr?c?dent dans son discours, m?me quand il a attaqu? les d?fauts de son fr?re Abdellah Baha pour l'effacer et donc monopoliser le mythe.
Cette subjectivit? peut ?tre expliqu?e par un narcissisme amplifi?, ce qui n'est pas faux, ?mais il est surtout un axe d'une communication ? but ?lectoraliste.
Parant des r?sultats des sondages, surtout celui qui lui a ?t? offert par l'Economiste derni?rement, il tente de graver sa marque ??Made in PJD?? sur les produits. Sa popularit?, confirm?e par ce sondage r?alis? par Sun?rgia, est mise au service des siens d?s aujourd'hui pour gagner les ?lections demain. ?Conserver le pouvoir gouvernemental, c?est l'objectif ultime.
Benkirane est s?r qu'il effectuerait un retour triomphal aux affaires apr?s les ?lections l?gislatives prochaines. Car il est convaincu que les Marocains approuvent ses d?cisions et le suivent sans r?serves et que son opposition ne vaut plus rien. L'islamisation de la soci?t? est en marche et la peur de la d?stabilisation est bien install?e. L'Etat est travers? par un nouveau courant en faveur du maintien de Benkirane et m?me son renforcement s'il le faut.
Minimiser le poids de tous les autres acteurs politiques et civils, donner une mauvaise image de leurs leaders, exprimer son m?pris pour l'opposition, accuser l?administration, les enseignants, le personnel de la sant?, les juges, les avocats..., tout en ?pargnant les hommes d'affaires. Ce sont des ?l?ments utilis?s non seulement pour rejeter les ?checs et les probl?mes qui durent sur les autres, ??satanis?s??, mais pour mettre en valeur sa personne et promouvoir sa saintet? et la propret? de ses prot?g?s.
La communication ?lectoraliste du chef du gouvernement adopte un manich?isme primaire qui vise, essentiellement, ? convaincre ses troupes et le public apolitique et pauvre, jug? sans capacit? d'analyse au-del? du bien et du mal et influen?able par le fond religieux de son discours et son image d'homme qui d?tient le pouvoir.
Cette communication, il faut le dire, arrive ? atteindre certains de ses objectifs, car l'opposition montre un manque d'imagination, voire une certaine incomp?tence, en questionnant le chef du gouvernement sur des sujets bidons. Les questions sur le classement du Maroc dans les rapports internationaux sont un exemple, puisque la plupart de ces rapports concerne le Maroc et non seulement le gouvernement et n'a qu'un impact limit? sur la d?cision politique et les grands choix. Les interventions des d?put?s et des conseillers de l'opposition sont souvent mal pr?par?es ce qui facilite la t?che de Benkirane, tr?s pol?mique, et lui offre des occasions pour faire sa communication sans se doter de lui-m?me ou de ses propos, contradictoires la plupart du temps.
Si la communication du chef du gouvernement n'est pas une grande r?ussite, et ne pourrait pas r?ussir tout le temps puisqu'elle est contrari?e par les r?alit?s et l'usure, les contre-attaques de l'opposition sont un ?chec patent. On ne fait pas l'opposition de la m?me mani?re durant ?plus de 50 ans. Le Maroc a chang?. Le monde aussi.