National
Le petit Erdogan marocain
Mustapha El Khalfi voulait entrer dans l?histoire, il est en train d?en sortir avant m?me d?y avoir mis le petit orteil de son pied droit
Le projet du code de la presse encore bloqu? au niveau de la commission de l?enseignement et de la communication traine en longueur seulement en raison de la rigidit? d?un ministre, Mustapha El Khalfi pour ne pas le nommer, qui de surcroit se prend pour plus malin que les autres. Il voit tout le monde, individuellement ou collectivement, syndicats et journalistes, mais ne tient compte de personne, promet tout et ne donne rien, et croit pouvoir mener son monde par le bout du nez. Son ?go, qui s?est hypertrophi? au contact du portefeuille minist?riel comme une montgolfi?re entame son ascension au contact du propane, l?a beaucoup pouss? ? vouloir se jouer de ses suppos?s partenaires. Il a fait le pari fou de r?ussir l? o? avant lui Mohamed Larbi Messari de l?Istiqlal, Mohamed El Achaari de l?USFP, Nabil Benabdallah et Khalid Naciri du PPS ont ?chou??: sortir un nouveau code de la presse qui r?pond aux aspirations d?mocratiques du pays et de la profession qu?il s?est mis ? dos en moins de temps qu?il ne faut pour achever une l?gislation. Il est en train d??chouer lamentablement. Il est possible qu?il sorte son code de la presse avant la fin du mandat l?gislatif qui touche ? son terme. Mais ce sera son code, pas celui de la presse, des journalistes ou de tous les esprits ?pris de justice et de libert?.
Le code de Mustapha El Khalfi a ?vacu? par la porte les dispositions privatives de libert?. Il les a ramen?es par la fen?tre du code p?nal en ?tablissant de larges passerelles entre les deux codes. Le refus de ce mauvais tour de prestidigitation par les journalistes, le ministre de la communication l?utilise aupr?s des centres de d?cision en laissant entendre que les journalistes veulent pouvoir s?attaquer en toute impunit? aux fondamentaux de la Nation. Un mauvais proc?s et un proc?s d?attention qui en dit long sur la mentalit? du petit Erdogan marocain. Ce que les journalistes rejettent dans ce texte c?est l?emprunte g?nitale de la sensibilit? id?ologique de son porteur plus soucieux de plaire au doctrinaire Ahmed Rissouni, qui, lui, a remis en question les fondamentaux en contestant la commanderie de croyants, qu?? se conformer au mandat que lui a confi? le pays, roi et ?lecteurs. Sans rentrer dans les d?tails, le reniement du droit d?acc?s ? l?information ou encore l?interdiction de la publicit? des soci?t?s des jeux de hasard, ce ministre qui n?est jamais aussi heureux comme s?il venait de grimper aux rideaux, ce qui doit lui arriver rarement, que quand il censure, ce qui lui arrive souvent, est pass? ? cot? de la plaque. Il voulait entrer dans l?histoire, il est en train d?en sortir avant m?me d?y avoir mis le petit orteil de son pied droit. Pour terminer, je voudrais soumettre ? sa m?ditation la paraphrase de cette r?plique de Philip Michael, un agent de la CIA, jou? par Yves Montand dans L??tat de si?ge de Costa Gavras?: ??Les ministres passent, les journalistes restent.?? M?me quand on les met en prison. ??????????