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Le torchon brûle entre Vienne et Ankara
Le jour d?apr?s le coup d?Etat en Turquie, le torchon br?le entre Vienne et Ankara
Depuis le putsch manqu? ? la mi-juillet en Turquie, les responsables politiques autrichiens de tous bords et les commentateurs de la presse r?servent un int?r?t particulier ? l??volution de la situation politique dans ce pays ? cheval entre l?orient et l?occident. Ils d?noncent "une d?rive vers la cons?cration d?un r?gime totalitaire au vu de l?ampleur de l?op?ration d?assainissement en cours".? Mais bien avant les critiques sur cette suppos?e d?rive, il a suffit d?une manifestation de trop, de surcro?t non-autoris?e, pour provoquer des tensions entre l?Autriche et la Turquie. En effet, un rassemblement d?environ 1.500 manifestants turcs a eu lieu au lendemain du coup d?Etat avort? apr?s une premi?re manifestation plus importante la veille devant l?ambassade de Turquie ? Vienne en soutien du pr?sident turc, Recep Tayyip Erdogan, marqu?e malheureusement par des actes de vandalisme contre un restaurant et son g?rant, un kurde.? Des manifestations et des d?rapages s?v?rement d?nonc?s par les autorit?s autrichiennes et toute la classe politique, notamment le ministre des affaires ?trang?res, Sebastian Kurz qui a jug? que l?instrumentalisation de ses manifestations depuis Ankara est inacceptable. Tout en notant que le droit de manifester est une libert? fondamentale, le ministre conservateur a regrett?, n?anmoins, le fait que les manifestations aient ?t? orchestr?es depuis la Turquie, d?plorant une importation des divisions politiques turques sur le sol autrichien. Quelques jours apr?s, l?ambassadeur de Turquie ? Vienne, Hassan G?g?s, fut convoqu? au minist?re autrichien des affaires ?trang?res qui voulait avoir des "?claircissements sur la direction emprunt?e par la Turquie". Mais surtout, le chef de la diplomatie autrichienne voulait d?noncer l?ill?galit? des manifestations, d?clarant m?me ? l?adresse des manifestants turcs : "Qui veut se m?ler ? la politique int?rieure de la Turquie est libre de quitter notre pays". Un message clair qui en dit long sur l?irritation des autorit?s autrichiennes.? Le jour m?me de sa convocation, jeudi 21 juillet dernier, le diplomate turc a adress? une lettre ouverte ? la presse autrichienne, fustigeant les "critiques partiales et injustes" sur les mesures prises dans son pays contre les putschistes et tous ceux qui ont un lien avec le coup d?Etat rat?. Il a assur? que les personnes impliqu?es dans cette tentative de coup d?Etat seront jug?es conform?ment ? la loi, dans le cadre d?un proc?s ?quitable et respectueux des engagements internationaux de la Turquie.?
G?g?s n?a pas manqu? de d?fendre l?absolue n?cessit? d?une telle "purge", disant qu?il "ne peut pas y avoir dans un pays deux arm?es, deux syst?mes judiciaires et deux directions de police".
Le jour m?me aussi, le chancelier f?d?ral, Christian Kern convoque une r?union avec les repr?sentants de la communaut? musulmane en Autriche dont la moiti?, 300.000, sont des turcs, ? savoir l?Union islamique turque d?Autriche (ATIB), la communaut? des musulmans d?Autriche (IGGI?) et l?Union des centres culturels islamiques. Une r?union pour lever les malentendus et surtout mettre en garde contre une instrumentalisation de la religion ? des fins politiques. Une r?union contre-productive qui ne devrait pas avoir lieu, selon le pr?sident de la communaut? culturelle musulmane turque d?Autriche, Birol Kilic, qui a exprim? son opposition aux manifestations, plaidant pour une r?elle int?gration des turcs dans leur pays d?adoption.
Il a estim? que le traitement de la probl?matique d?int?gration de la communaut? turque en Autriche ne devrait pas ?tre exclusivement appr?hend? sous le prisme de la religion. Plus de deux semaines apr?s les manifestations, un collectif d?associations turques dont la tr?s influente Union islamique turque d?Autriche, tient une conf?rence de presse ? Vienne pour dire que les manifestations ?taient spontan?es et qu?il soutiendra toute action en justice contre les auteurs des actes de vandalisme.
Mais la tension va monter d?un cran entre Vienne et Ankara lorsque le pr?sident turc, Recep Tayyip Erdogan accuse les autorit?s autrichiennes de porter atteinte ? la libert? d?expression et de r?union en interdisant les manifestations des turcs et toute forme d?expression de patriotisme des turcs. Et aussi lorsque le chef de la diplomatie turque a affirm? que son pays pourrait bloquer la mise en ?uvre de l?accord sign? le 18 mars dernier avec l?Union europ?enne sur la gestion de la crise migratoire.? La r?ponse du chancelier autrichien, Christian Kern, est imm?diate, cinglante, se disant scandalis? par ses accusations contre un pays connu et reconnu pour son respect des libert?s fondamentales et du droit des minorit?s. Une indignation exprim?e le 31 juillet par le chancelier social-d?mocrate sur sa page Facebook. Trois jours plus tard, il d?clare ? la presse autrichienne que l?Union europ?enne doit mettre un coup d?arr?t aux n?gociations d?adh?sion de la Turquie. "Nous devons faire face ? la r?alit? : les n?gociations d?adh?sion ne sont plus que de la fiction", a-t-il estim?, ajoutant que "les normes d?mocratiques turques et encore moins ?conomiques sont loin d??tre suffisantes pour justifier son admission ? l?Union europ?enne". Ce ? quoi le ministre turc des Affaires europ?ennes, Omer Celik, a r?pondu jeudi en se disant troubl? par la similitude qui existe entre la position affich?e par le chancelier autrichien et celle de l?extr?me droite autrichienne et europ?enne. "Il est troublant que ses d?clarations soient similaires ? celles de l?extr?me droite", a-t-il fait remarquer dans une d?claration ? la presse turque, ajoutant que "la critique est ind?niablement un droit d?mocratique mais il doit y avoir une diff?rence entre critiquer la Turquie et se positionner contre la Turquie". Le jour m?me, le pr?sident de la Commission europ?enne, Jean-Claude Juncker, intervient, probablement pour ?viter une escalade des tensions entre Vienne et Ankara, en d?clarant qu?il serait contre-productif d?arr?ter les n?gociations d?adh?sion de la Turquie ? l?Union europ?enne, avant de noter que "la Turquie dans son ?tat actuel ne peut pas devenir membre de l?Union europ?enne, en particulier si elle fait ce que certains r?clament ? savoir le r?tablissement de la peine de mort".? Une mani?re de dire que la proposition autrichienne de mettre fin aux discussions concernant l?adh?sion de la Turquie ? l?Union europ?enne, n?est pas ? l?ordre du jour. En tous cas, pour le moment.