L’affaire du Sahara est-elle en passe de retrouver ses propres dimensions ?

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Abstraction faite de l?appui logistique apport? par diff?rentes autorit?s repr?sentatives communales et r?gionales ? la gigantesque marche millionnaire de la soci?t? civile ? Rabat contre les d?clarations de B.K.M, chose des plus normales, finir par dire de cette marche n?est qu?une mise en sc?ne officielle orchestr?e rel?ve tout simplement d?une insulte caract?ris?e

De certains faits pertinents

Les choses se pr?cipitent ? grande vitesse pour la question du Sahara pour lui faire retrouver, semble-t-il, ses propres dimensions et sa v?ritable nature mise ? jour ? la lumi?re de l??volution de la nouvelle donne de l?histoire. Il s?agit de sa nature en tant que manifestation majeure d?une dialectique qui existe entre processus de d?mocratisation et mise en place d?Etats-nations modernes dans les pays qui sortent d?une longue p?riode de r?partition et partage entre puissance colonial (pour le cas du Maroc v. Ici en angl. et Ici en ar.).

Les indices r?v?lateurs de ce tournant sont d?une part les tout derniers ?pisodes de ce dossier sur le plan de la diplomatie, marqu? de fa?on r?currente sur le plan international par des murs d?impasse et sur le plan de la diplomatie marocaine, par une s?rie de crises. Crises avec l??missaire onusien, Christopher Ross en 2013 ?(v. Ici), avec le d?p. des A.E des USA, avec la Su?de, avec l?Union Europ?enne et enfin avec le S.G de l?ONU, Ban Ki-Moon. D?autre part il y eut comme indice de ce tournant la gigantesque marche du 13 mars 2016 ? Rabat contre les d?clarations justement de ce dernier (B-K-M) en la mati?re o? il qualifie le Maroc de pays occupant, des propos qui lui donnent non pas la qualit? du premier responsable de la diplomatie onusienne neutre mais l?allure d?un militant rouge ou de toute autre couleur brandissant les deux doigts en signe du V de la victoire vers l?une des parties du conflit, ou d?un intellectuel activiste du fameux front ZCommunications (v. Ici) ? c?t? d?un N. Chomsky et d?un Stephen Zunes par exemple (v. Ici). Le comble de tout ce qui pr?c?de ?tant l?affront de condescendance hautaine et humiliante, inflig? par ce S.G des NU au repr?sentant de la souverainet? d?un Etat membre et contribuable, devant les nations au carr? m?me du protocole au si?ge de l?ONU, et ce en boudant publiquement le geste protocolaire de poign?e de main du ministre marocain des AE (v. Ici) et en rajoutant ? cela par la suite de pires autres d?clarations (v. Ici), choses qui ont pr?cipit? la r?action officielle imm?diate du Maroc qui s?en est suivie de nouveau en carambolage de crises sans fin (v. Ici).

Significations de la marche du 13 mars 2016 ? Rabat

Abstraction faite de l?appui logistique apport? par diff?rentes autorit?s repr?sentatives communales et r?gionales ? la gigantesque marche millionnaire de la soci?t? civile ? Rabat contre les d?clarations de B.K.M, chose des plus normales, finir par dire de cette marche n?est qu?une mise en sc?ne officielle orchestr?e rel?ve tout simplement d?une insulte caract?ris?e ? l??gard de toute la soci?t? civile d?un peuple, surtout si cela porte la signature du premier responsable de l?ONU (v. Ici). De par sa nature et son ampleur, cette marche confirme, au contraire, un tournant qui se profilait d?j? ? l?horizon. A travers elle, la soci?t? civile marocaine met un terme ? l?ancienne tradition politique officielle qui consiste ? confiner la question territorial du pays dans la sph?re du jeu des nations en tant que dossier technique que monopolise la politique officielle, et ce depuis que l?Etat marocain a inscrit en 1963 le Sahara au NU dans la Liste des Territoires Non Autonomes selon les Nations Unies (v. Ici ) dans les conditions bien connues alors des lutes internes au sujet des termes de gestion du pouvoir suite ? la dissolution de l?Arm?e de Lib?ration du Sud Marocain (v. Ici). Cette marche, est semble-t-il donc le reflet, au niveau de la soci?t? civile, des nouvelles orientations imprim?es ? la politique et ? la diplomatie marocaine en mati?re de la question du Sahara notamment et qui s?inscrivent dans le cadre d?enlever l?ancien caract?re purement technique et ultra officiel ? ce dossier.

Vers une nouvelle reconfiguration de l?affaire territoriale?

Dans le cadre de ladite longue dialectique entre d?mocratisation et parach?vement de la construction d?un Etat-nation moderne issu d?une longue p?riode de r?partition coloniale dans toute la r?gion, de nouveaux cadres institutionnels vont ?galement dans le sens de cette dialectique (Constitution-2011, plan de r?gionalisation avanc?e, proposition d?autonomie). De nouveaux acteurs politiques et institutionnels commencent ?galement ? peser dans le domaine diplomatique au sens large, suite notamment ? la crise avec la Su?de au mois de janvier 2016.

Dans le cadre de l??volution des choses, des nouvelles formations politiques diverses sont entr?es en jeu. Ces formations sont historiquement issues en partie, pour les unes, de l?ancienne Arm?e de Lib?ration du Sud Marocain de la fin des ann?es 50s (le cas des formations proches du leader de la R?sistance, Ben Sa?d Ayt Idder), et pour les autres des anciennes mouvances r?volutionnaires de la gauche radicale dans les ann?es 70s du 20e s. Elles ont toutes ?t? inextricablement li?es pendant les ann?es 70s ? la jeunesse militante sahraouie dans le cadre de la fameuse id?e politique de la gauche radicale de l??poque, dite id?e de ?foyer r?volutionnaire" au Sahara (v. Ici en angl. et Ici ar.). Certaines d?entre ces formations (al-Nahj al-Dimokrati par exemple) ont toujours entretenu ce rapport avec les militants sahraouis m?me dans les camps de Tindouf, et beaucoup de leaders de ces formations ont fait prison et/ou exil par le pass? pour leurs id?es.

Ces formations s?activent aujourd?hui pour mettre ? profit leur rapports et affinit?s politiques avec les sahraouis pour explorer les chemins d?entente qui sont de nature ? soustraire la question du Sahara au jeu des Etats et nations, aussi bien sur le plan r?gional que sur le plan international. Les derni?res initiatives du PSU (Parti Socialiste Unifi?) et du Centre de Recherche et d?Etudes Ayt-Idder semblent bien aller dans ce sens (v. Ici et Ici), ainsi que les offres du parti al-Nahj a-Dimokrati.

Ces initiatives sont de nature ? rem?dier, par ce que permet la nouvelle donne de l?histoire, aux deux erreurs compl?mentaires commises au sujet de la question du Sahara selon l?analyste Raymond Benhaim dans un long texte qu?il a publi? en 2013 sous le titre de "Cinq questions sur le Sahara", un texte dont je ne partage pas personnellement la tonalit? de fond, mais dont j?en partage pleinement beaucoup de points d?analyse et d?interrogation.

Pour clore cet article, je reproduis ci-dessous certains extraits de cet article de R. Benhaim, formul?s sous forme d?interrogations sur la politique du Polisario d?une part et des forces politiques que cet auteur appelle ?organisations progressistes marocaines?. Ces interrogations mettent le doigt sur deux faits compl?mentaires dont toutes les manifestations de blocage r?current qui ont ponctu? l?affaire du Sahara ne sont que des cons?quences logiques.

Extraits du texte de R. Benhaim "Cinq questions sur le Sahara"

-Pourquoi avoir accept? d??tre sous la d?pendance de la strat?gie et de la diplomatie alg?riennes? L?Alg?rie soutenait et finan?ait encore en 1973 le mouvement sahraoui du Morehob, install? ? Madrid, mais s?est port? imm?diatement au secours des populations sahraouies ayant fui l?approche de la marche verte.

- Pourquoi avoir c?d? ? la pression alg?rienne en cr?ant la RASD, quatre ans ? peine apr?s la naissance du Polisario??

- Incompr?hensible aupr?s du premier concern? et du seul alli? potentiels strat?gique majeur de la lutte de sahraouis, le peuple marocain. Il est ?vident qu?en proclamant la cr?ation d?un Etat, les sahraouis se sont coup?s de la possibilit? de toute solidarit? avec le peuple marocain. Le peuple marocain ne pouvait accepter d??tre mis devant le fait accompli de la cr?ation d?un Etat alors qu?aucun d?bat, qu?aucune lutte commune ne furent entreprises, alors que les organisations progressistes marocaines ?taient en lutte ouverte pour un r?gime d?mocratique contre le r?gime de Hassan II, et qu?elles en avaient une profonde exp?rience de cette lutte. (v. ).

- En cr?ant un Etat s?par?, les sahraouis se d?clarent en dehors de la lutte du peuple marocain, et consid?re leur combat contre le r?gime de Hassan II ind?pendant de la lutte pour la d?mocratie que m?ne le peuple marocain. La lutte nationale est consid?r?e par les sahraouis comme ?tant ind?pendante de la lutte d?mocratique et sociale du peuple marocain. Cette erreur funeste tire son origine de l?inexp?rience et de l?ignorance qu?avaient les jeunes g?n?rations sahraouies.

- Ainsi, l?impasse actuelle est la suite fatale d?une double erreur strat?gique, celle des directions des organisations marocaines qui subordonnaient la lib?ration du Sahara ? la d?mocratie au Maroc, et celle de la direction du Polisario dans sa politique d?alliance?: au lieu de se lier avec le peuple marocain contre le r?gime anti d?mocratique de Hassan II, il choisit l?alliance avec l?Etat alg?rien contre l?ensemble du peuple marocain. (Ici)

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