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Où va l’USFP ?
Le Tihad est n? il y a 55 ans, le 25 janvier 1958, apr?s de multiples tournants historiques, d?innombrables scissions, ce parti-front, con?u comme l?union de toutes les gauches du moment. A l?exception de la tendance prosovi?tique, est aujourd?hui en grande souffrance. Son neuvi?me congr?s, au lieu d??tre celui du renouveau a ?t? celui de la division.
Ce congr?s s?est tenu quelques semaines apr?s les l?gislatives de 2011 qui ont mis le parti dans l?opposition apr?s 15 ans de participation ? la gestion des affaires. Nul bilan n?a ?t? tir? il n?y a pas eu un seul d?bat sur le sens ? donner au projet ? l?action politique du Tihad. C?est l??lection des instances du premier secr?taire qui a ?t? l?unique pr?occupation des congressistes. Election contest?e et ayant abouti au d?part des contestataires. Les ?lections de septembre ont d?montr? l?affaiblissement persistant ?du parti, sa quasi-disparition des grades villes, l?inefficacit? de son organisation, ses difficult?s ? renouer avec les couches sociales qui lui ?taient acquises, qui souvent ont bascul?s du c?t? des islamistes.
Aujourd?hui les militants sont en plein d?sarroi. Les luttes intestines ont fini par ?mousser l?enthousiasme de la majorit? des troupes ?parpill?es qui restent, le blocage politique est s?rieux. Le parti dans son ensemble s?est montr? incapable de faire ?merger, un projet qui en fasse une alternative cr?dible, ? la fois aux islamistes et aux lib?raux, ce qui devrait ?tre son positionnement.
C?est dans ce contexte que Diss Lachgar a publi? une lettre ouverte appelant ? l?union de la gauche. Comme d?habitude parce que l?union d la gauche c?est l?arl?sienne, les tendances concern?es ont r?pondu ?? oui sur le principe, mais ? nos conditions??. Cette union par le haut, dict?e par les appareils est une chim?re, l?unit? doit d?abord se manifester dans les combats mais lesquels??
La participation de la gauche aux mouvements sociaux n?est plus que marginale. Son influence dans le domaine des id?es est nulle, les intellectuels ayant divorc? avec elle depuis longtemps, et surtout elle ne propose ?rien qui tranche avec les autres offres politiques, pour constituer une alternative ? la bipolarisation en marche. Driss Lachgar sait bien le danger et l?exprime. Le Tihad risque de se cantonner au r?le de petit parti qui s?allie au PAM ou au PJD selon les circonstances. Il sait aussi que chacune de ses alliances divisera en interne, et que le d?bat sur les alliances divise d?j?.
La direction n ?est pas seule en cause. Le huiti?me congr?s avait constitu? une tentative de renouveau du projet politique. Il avait pos?, deux ans avant le printemps arabe, le principe de la monarchie parlementaire, la direction d?alors, a pr?f?r? s?asseoir dessus. Depuis lors, en interne le d?bat s?est ?transform? en pugilat pour les places, qui se lib?reraient parce que les anciennes directions, ? tous les niveaux, ?taient us?es.
Le Tihad risque de perdre l?essentiel, son utilit? sociale, potentiellement elle existe, ne serait-ce que pour repr?senter les couches attach?es aux libert?s mais aussi ? la responsabilit?, l?USFP doit plaider pour un autre mode de d?veloppement. Faisant plus de place ? l??conomie solidaire, une r?partition ?quilibr?e par les services publics, l??ducation, la sant?, les transports. Sur le plan institutionnel, les acquis de 2011, pour une vraie gauche ne devraient constituer qu?une ?tape dans la marche vers la monarchie parlementaire. Enfin sur les questions soci?tales, il ne peut plus se permettre les demi-mesures, et doit afficher des positions modernistes et mobiliser autour. Ce n?est pas le choix actuel, alors le risque de voir disparaitre le vieux Tihad est r?el. Le reste n?est que gesticulation.