Ahmed Herzenni : Le NMD, outil et finalité, se doit d’apprivoiser la vague 4.0

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Ahmed Herzenni, ambassadeur itinérant en charge des questions des droits humains

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Laayoune a abrité samedi dernier un colloque sur « Nouveau modèle de développement et Droits Humains », organisé conjointement par l’Organisation de la Paix et de la Tolérance pour la Démocratie et les Droits Humains (OPTDD) et la Région de Laayoun- Saqia El Hamra- Smara. Ces deux parties ont d’ailleurs signé une convention de coopération au cours de la journée. 

A ce colloque, Ahmed Herzenni, ambassadeur itinérant en charge des questions des droits humains, invité par les organisateurs à proposer un cadre au débat, a affirmé que le Nouveau Modèle de Développement était l’acquis le plus important de la nation marocaine depuis l’adoption de la constitution en 2011. 

Un NMD à point nommé 

Ahmed Herzenni a souligné qu’après les progrès réalisés dans les domaines de l’équipement du pays en infrastructures, de la transition vers la démocratie et des grandes réformes sociétales (régionalisation, langue amazighe, code de la famille…), tout le monde attendait l’accélération du chantier des réformes sociales, incluant notamment la lutte contre la pauvreté, le chômage et le sous-emploi, l’intégration du secteur informel de l’économie, l’amélioration des systèmes de santé et d’enseignement ainsi que des conditions du logement particulièrement en milieu rural.

 Dans ce contexte, le NMD est venu à point nommé, a précisé M. Herzenni pour qui il s’agit maintenant de passer à l’exécution, c’est-à-dire à l’élaboration de politiques publiques et à la formation de mécanismes d’action et de mécanismes de suivi et d’évaluation, et ce aux échelles nationale, régionale et locale, ce qui suppose la coopération de tous : autorités exécutives, autorités législatives et judiciaires, instances consultatives, université, société civile, secteur privé et citoyens. 

Une nouvelle vague d’industrialisation à anticiper 

Cependant, a observé M. Herzenni, tout cela pourrait s’avérer insuffisant, car comme tous les pays du monde, nous sommes exposés à la quatrième vague de l’industrialisation et à l’avènement de ce qu’on appelle désormais l’industrie 4.0, vague qui se caractérise par des exploits technologiques tels que l’Intelligence Artificielle, l’Automation, la robotique, l’impression 3D, etc., autant d’innovations qui ont un point commun: la réduction drastique du besoin de recours à la main d’œuvre au sens classique. 

Que faire devant la menace que représente cette vague, s’est interrogé M. Herzenni, répondant qu’il faut bien entendu s’efforcer de se l’approprier autant que possible, et ce en ajoutant déjà aux apprentissages classiques des écoles l’apprentissage numérique. 

Nous devons également, a-t-il suggéré, exploiter au maximum des secteurs qui pourraient relativement échapper aux techniques de l’industrie 4.0, tels que la culture, matérielle et immatérielle. 

Rien ne garantit toutefois, affirme Ahmed Herzenni, que ces efforts suffiront à réduire l’ampleur du chômage et du sous-emploi.

 Pour un revenu Universel de base 

L’ambassadeur a rappelé que la Covid-19 avait à un certain moment et pour une certaine durée condamné une large fraction de la population, dont de très nombreuses personnes dépourvues d’un revenu stable, au confinement. Qui nous dit, s’est-il interrogé, que d’autres pandémies ne nous attendent pas ? 

Au lieu de nous contenter d’opérations ponctuelles d’assistance aux catégories de la population les plus défavorisées, nous devrions, a proposé M. Herzenni, réfléchir et expérimenter à notre tour une approche que d’autres pays expérimentent déjà : l’approche du Revenu Universel de Base. 

Si cette approche peut être coûteuse, elle doit être précédée d’une réforme fiscale qui établirait la justice et l’équité fiscales, sans lesquelles ne peut advenir le Maroc inclusif et solidaire auquel appelle le NMD, a-t-il précisé. 

En conclusion, M. Herzenni a insisté sur le fait que mettre désormais l’accent sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux des citoyens ne saurait signifier aucune négligence de leurs droits civils et politiques. L’ordre public, a-t-il clamé, doit être préservé en toute circonstance. Mais dans le respect total des libertés fondamentales des gens. L’appareil judiciaire et les forces de l’ordre en particulier doivent accompagner les transformations qui s’opèrent sous nos yeux avec compréhension et esprit pédagogique. 

Pour rappel, ce colloque s’est déroulé en présence du Wali de la Région, des représentants des présidents de la Région et de la Commune de Laayoune, du secrétaire général du Conseil National des Droits de l’Homme, du Doyen de la Faculté de Droit de Rabat- Agdal, du Préfet de Police de la région (qui a lu un message substantiel du Directeur Général de la DGSN, M. Abdellatif Hammouchi), d’un représentant du Délégué Général à l’Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion, du bâtonnier du barreau d’Agadir- Guelmim-Laayoune, du président de la Commission Régionale du CCDH et du président de l’OPTDD.

 

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