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Benkirane pas encore prêt à tourner la page !
Si El Othmani est désormais le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, son prédécesseur et secrétaire général du PJD, a toujours son mot à dire surtout au sein du parti où il est très apprécié.
Dans sa dernière réunion avec les députés pjdistes, qui a eu lieu le jeudi 13 avril et dont la vidéo n’a été relayée qu’après une semaine sur le site officiel du parti, Benkirane a appelé au respect de la volonté populaire. « C'est le citoyen lambda, celui des quartiers de Diouar Jamaâ et d'El Akkari de Rabat, de Belvédère de Casablanca et de la médina de Marrakech, qui t'a donné la légitimité et a voté pour toi (...) il ne faut pas oublier ce citoyen », a-t-il expliqué, dans un clin d’œil clair au chef de gouvernement. Pour Benkirane, il est obligatoire de se plier aux conditions du peuple, et non à celles d’ « en haut », pour une gouvernance juste et légitime.
Benkirane se hisse ainsi en maître du parti qui dédouane El Othmani vis-à-vis des militants du parti « en dissidence contre lui », mais qui rappelle délibérément au chef de gouvernement les lignes infranchissables. Le secrétaire général du PJD ne semble toujours pas avoir accepté sa mise à l’écart, d’ailleurs pour lui son « limogeage » a été préparé bien avant. Akhbar Al Yaoum, dans son édition du 24 avril, indique dans ce même sens, que Benkirane avait déclaré devant les élus pjdistes que les citoyens, eux, n’avaient pas accepté sa révocation de ses fonctions.
L’ancien chef de l’exécutif a également qualifié sa mise à l’écart d’un véritable « séisme politique». Il a, à cette occasion, rappelé aux députés que le PJD est un parti politique et non pas un groupe religieux ou une tarîqa soufie.
En évoquant El Othmani, Benkirane a fait savoir qu’il figurait parmi les noms capables de diriger le parti, à l’issue du congrès national du parti. Ceci-dit, il a appelé les élus du parti à contrôler les décisions du gouvernement et à jouer pleinement leur rôle, et ce après avoir critiqué la démarche de Hassad qui envisage de revoir le contenu des manuels de l’éducation islamique, une démarche jugée trop rapide par l’ex-chef de gouvernement.
En appelant ainsi les élus pjdistes à être aux aguets des choix de El Othmani, celui-ci semblerait vouloir canaliser, même à distance, les décisions de l’exécutif. Même si Benkirane a manifesté à maintes reprises son soutien au gouvernement, dirigé par Saadeddine El Othmani, une guerre froide et silencieuse semble avoir lieu au sein du parti.