Campagne électorale : Ni forme ni fond

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La campagne électorale laisse un goût d'amertume et d'inachevé chez bon nombre de citoyens

La campagne électorale est terminée. Nul besoin de faire des pronostiques. D'un côté nous sommes en face d'un parti organisé et structuré drainant des milliers de militants et de sympathisants dont le discours malheureusement prêche par excès de populisme et de mises en scènes mêlant le comique au mélodramatique. De l'autre, il s'est agit de discours sans conviction ni trame idéologique manifeste ou latente de plusieurs formations politiques qui n'ont de commun que de vouloir tacler le discours de l'adversaire sur la nécessaire séparation du politique et du religieux en y distillant parfois peurs et menaces.
Ce qui a caractérisé cette épreuve c'est le manque d'éthique et de civisme politiques des uns et des autres. Rien n'a été épargné, ni les insultes ni l'étalage de la vie privé. C'est aussi la permissivité et le laisser aller de la commission ministérielle en charge de veiller au bon déroulement des élections qui n'a pas cru nécessaire de saisir le juge devant les affirmations tendant à faire du Maroc une autre Syrie en cas de victoire des islamistes ou de l'affirmation de l'existence d'un complot visant à faire tomber le régime. Ces deux allégations témoignent, s'il en était encore besoin, de la déliquescence de notre paysage politique et de l'indigence de son personnel et surtout de son inaptitude à transcender l'approche clanique, dogmatique ou tribale. Quelle est cette formation politique capable d'élaborer et de définir dans ses moindres contours une loi de finance sans recourir aux compétences et au savoir faire de la technostructure du Ministère des finances! Quel est le parti politique capable de nous donner une vision sur un éventuel réajustement structurel de notre économie! Et que dire des croissances de 5,6 et 7% balancées à nos figures sans savoir comment et par quel moyen allons nous y parvenir !

Ce qui va pour l'économie touche tous les autres domaines

Pourquoi n’y a t-il pas eu de débat autour de la question de l'avortement, ni sur celui des relations sexuelles consentantes entre adultes en dehors du mariage et encore moins de débat sur une nouvelle approche qui, sans remettre en cause les préceptes définis, établirait la femme dans l'égalité avec l'homme face au problème de l'héritage! C'est faire preuve de pédagogie que d'élever le débat à cette occasion, même si l'on est réfractaire à la nature de ses problèmes.

Aucun engagement rigoureux et réellement élaboré n'a été visible, dans cette période, en ce qui concerne l'épineux problème de l'enseignement même si tout le monde consent à la gravité de la situation!
Ce tableau ne peut faire l'économie d'un problème dont tout un chacun se plaint en privé mais que personne n'a évoqué qu’il soit en charge de responsabilités gouvernementales ou dans l'opposition, et qui concerne l'inévitable révision constitutionnelle qui décloisonnerait, en l'espèce, la désignation du chef du gouvernement en fonction de ses alliances aussi anté que post électorales. Sur ce registre, comme sur bien d'autres la campagne électorale laisse un goût d'amertume et d'inachevé chez bon nombre de citoyens.

Rachid Idrissi Kaïtouni : Ancien ambassadeur, ex-secrétaire générale de la Chambre des représentants

 

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