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Le pacte de Marrakech ou le chaos
Par Naïm Kamal – Le multilatéralisme "n’est pas le parti de la chaise vide, de la désertion et de l’indifférence. Il est celui des synergies et de l’engagement dans la différence" (Mohammed VI)
Un document de 41 pages de professions de foi et de bonnes intentions. De nobles objectifs nullement contraignants pour aucun pays qui ont fait l’objet, avant leur adoption, d’une vaste campagne de désinformation. En France, pour ne citer que cet exemple, on a fait croire à des gilets jaunes crédules qu’en vertu du Pacte de Marrakech, Emmanuel Macron s’apprêtait à vendre la France à l’ONU. Littéralement !
En dépit des crispations et des pressions, en partie populaires, sur les gouvernements, le Pacte sur la migration a été adopté lundi dernier à Marrakech.
En décembre 2017, les Etats-Unis s’étaient retirés de l’élaboration du texte. Rien d’étonnant avec ce qui est, jusqu’à preuve du contraire, la plus grande puissance mondiale et qui a à sa tête un président de le Trempe de Donald.
L’Italie Cinq étoiles, sous le charme vénéneux de ce mouvement populiste puisque c’est par cet euphémisme qu’on désigne désormais l’extrême droite et la graine de fascistes, non plus ne s’est pas présentée.
Le président français, qui devait être de la partie, a dû revoir à la baisse ses ambitions de leader de l’Europe éclairée. C’est à Paris qu’on a vu une grande banderole hurler Non à Marrakech. Du coup c’est une représentation du niveau d’un secrétariat d’Etat qui est venue parapher le document.
Neuf autres Etats n’ont pas voté : l’Autriche, l’Australie, le Chili, la République Tchèque, la République Dominicaine, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie.
Seul la chancelière allemande Angela Merkel, il est vrai en fin de règne, a fait le déplacement et est arrivée dimanche à Marrakech au grand bonheur de la population locale.
C’est prenant acte de ces défections, que le Roi Mohammed VI, hôte, et en quelque sorte parrain du Pacte, a précisé dans un message à la conférence de Marrakech que le multilatéralisme "n’est pas le parti de la chaise vide, de la désertion et de l’indifférence. Il est celui des synergies et de l’engagement dans la différence".
Le souverain a l’intime conviction et conscience qu’aucun « pays ne peut, à lui seul, faire face [aux] enjeux [de la migration] ! Or, s’il n’y a pas d’alternative à la coopération, il n’y a pas, non plus, d’alternative à l’action"
Parce que le Pacte ne fait sens que par sa mise en œuvre effective. « C’est pourquoi, le Roi a fait de la Conférence de Marrakech, avant tout, de la transformation à ce qui peut ressembler à des vœux pieux en une plateforme de mise en orbite.
Sans quoi le monde sera livré au désordre et aux guerres.