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Législatives : Quel est le coup d’après ?
Nous savons tous que ni le PAM ni le PJD ne sera majoritaire. Le drame c’est que nous ne savons pas de quoi l’après élection sera fait
La campagne électorale a commencé et elle est très contrastée. Sur le terrain, le PAM nous la joue à l’américaine, en utilisant tous les médias disponibles, en innovant, par exemple en mobilisant des tricycles. Le PJD fidèle à sa tradition est moins visible, en dépit de son show bien organisé à Rabat. Il préfère utiliser ses cellules, les associations qu’il maitrise, qui sont innombrables. Cela dit il n’est pas impossible qu’il nous réserve le « meilleur » pour la fin. Les autres font comme ils peuvent.
C’est la réalité de cette campagne, on nous propose un match qui ne correspond pas à la société, mais qui est politiquement incontournable.
Sauf que nous savons tous qu’aucun des deux ne sera majoritaire. Le drame c’est que nous ne savons pas de quoi l’après élection sera fait. Soyons clairs, tout ce qui s’est passé avant la campagne vise à réduire l’électorat du PJD. On verra lors de la proclamation des résultats l’efficacité de ces méthodes, peu éthiques et qui élimine tout débat clivant sur les valeurs sociétales, en imposant des concepts comme le « Tahakkoum » d’un côté ou le danger du « Tamkine » de l’autre.
Le problème c’est que le 8 octobre nous aurons des résultats dont il faudra tenir compte. Il y a quatre scénarios, pas un de plus :
- Le premier c’est que le PJD maintienne ses scores des municipales, il aurait alors entre 120 et 130 sièges. Si l’Istiqlal se maintient à son niveau, les deux n’auraient besoin que d’un parti d’appoint qui pourrait être le PPS.
- Le second c’est que les attaques réussissent à diminuer l’impact du PJD et que celui-ci se retrouve premier mais aux alentours de 90 sièges, ce qui le fragiliserait pour la constitution d’une alliance.
- Le troisième serait la surprise du chef, trois partis dans un carré de mouchoir, mais l’Istiqlal en premier.
- Enfin, une victoire même étriquée du PAM, et alors quelle crédibilité laissera le PJD au scrutin.
Ces scénarios cachent mal deux questions. La première concerne l’attitude du PJD et son éventuelle contestation des résultats, qui pourrait créer une véritable crise politique. La seconde c’est l’adhésion populaire aux institutions issues d’élections où il n’est sujet ni de projet ni de bilan. Les Marocains ne sont pas concernés par le combat de coqs qu’on nous impose.
Qui a une vision du coup d’après ? Personne ! Le Roi devra nommer un chef de gouvernement, celui-ci devra chercher une majorité et surtout, les élections ne doivent pas être contestables. On peut sortir toutes les histoires d’alcôves, mais il faudra répondre à ces questions. Je prends le pari, nous mettrons des mois à construire un gouvernement de toute façon minoritaire parce que le taux de participation sera très faible, mais il n’y a plus de stratège dans le cockpit, c’est le seul constat qui m’inquiète. Si j’ai raison, la stabilité du pays en dépend, j’espère avoir tort.