National
Les héritiers de l'ex-extrême gauche rifaine à l'épreuve du Maroc pluriel
Sans vouloir s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Algérie, il est temps de relever que nombre d’observations s’étaient trompés sur le peuple algérien. Depuis le 22 février, les manifestations donnent l’image d’un peuple très mature et surtout uni dans sa diversité. Ceux qui pensaient que l’identité algérienne était altérée par 130 ans de colonisation française, que les élites avaient fui le pays, après tant de déconvenues depuis l’indépendance, que le séparatisme kabyle était irréductible, sont obligés de revoir leur jugement ; de même que ceux qui disaient que les islamistes étaient la seule alternative à l’armée sont démentis par les faits. L’identité plurielle algérienne s’exprime dans la rue, par la fraternité visible à l’œil nu.
Enormément de Kabyles ont le drapeau Amazigh à la main et sont drapés dans le drapeau algérien. La revendication d’un particularisme culturel n’est pas antinomique avec le patriotisme. Bien au contraire, la diversité culturelle enrichit les nations et les renforce quand elle est reconnue et bien vécue. Elle s’inscrit naturellement dans un projet national aussi vaste que l’aspiration algérienne à la démocratie, portée par tout un peuple qui a vu sa révolution confisquée en 1962 par l’armée des frontières de feu Boumediene.
Au Maroc, nous avons cru que la formulation nette de la dimension plurielle dans la constitution allait régler le problème. Ce n’est pas le cas avec certaines catégories de Rifains au Maroc, mais surtout à l’étranger. Les images du drapeau national souillé par des Marocains sont insoutenables.
Nous savons tous qu’une partie des gauchistes des années 70, après l’échec politique du projet marxiste léniniste, s’est repliée sur la question identitaire rifaine. Ils se pensent comme les descendants du héros de la bataille d’Anoual,qui, lui, n’a jamais été séparatiste.
Pour étayer leurs thèses, ils ont utilisé la guerre du Rif de 1958 et ses violences, puis l’absence de projet de développement dans cette région. Le Hirak d’Al Hoceima, au départ porteur de revendications légitimes, a été instrumentalisé par ces groupuscules. Ce qui frappe c’est la haine véhiculée, non pas contre un pouvoir politique, mais contre le Maroc et in fine les Marocains.
L’identité plurielle ne se décrète pas, elle se manifeste dans le vivre ensemble, dans le cadre d’un projet national visant le développement, la démocratie et la modernité. Toute contestation s’inscrivant dans ce cadre est démocratiquement recevable. Mais dès lors qu’elle porte en elle la haine de la patrie, elle ne peut qu’être violemment rejetée par les citoyens.
Des intérêts financiers, au Maroc et à l’Etranger, financent ces factieux, pour des buts divers.Certains mafieux, par exemple, ont poussé la revendication du retrait de l’armée d’Al Hoceima dans le seul but de reprendre les différents trafics. La leçon algérienne est admirable de clarté. Les particularismes ne peuvent réaliser leurs aspirations à la reconnaissance que dans le cadre du projet national. L’identité plurielle ce n’est pas une addition d’affluents renfermés sur eux-mêmes, mais une interaction entre eux, pour donner une identité globale, riche de ces interférences. Toute autre perception est une atteinte, un danger pour la cohésion nationale.