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Plan de relance : Pour une économie assainie où il n’y aura plus de place pour la rente et les monopoles injustes injustifiés
De g. à dr. : Abdeslam Seddiki, Charfat Afilal (membre du Bureau politique) et Nabil Benabdellah, secrétaire général)
C’’est un plan d’une vingtaine de mesures que le PPS vient de rendre public au cours d’une conférence de presse à distance organisée ce lundi 8 juin. Ce plan se veut une contribution à l’effort collectif que le pays est appelé à déployer pour affronter la crise sévère qu’il traverse tant sur le plan économique que sur la plan social. « Fidèle à sa démarche et à son référentiel, l’ex-parti communiste a opté pour une approche globale dans laquelle l’ensemble des facteurs sont dialectiquement liés. » déclare un cadre du PPS. De son point de vue « on ne peut dissocier les questions sociale, économique et culturelle de la question politique. Bien au contraire, il y a une relation dialectique entre ces différents niveaux et tout manquement à l’un d’eux impacte négativement l’ensemble » est-il précisé dans la présentation.
Ces propositions sont fondées sur la conviction profonde, qui est celle du PPS, selon laquelle l’homme doit être au cœur du processus de développement et les politiques publiques nationales doivent faire l’objet d’une nouvelle priorisation. Dans ce cadre, l’Etat doit s’acquitter de nouveaux rôles tant sur les plans de l’orientation et de la régulation que sur le plan de l’intervention directe pour la production de services sociaux de base accessible et de qualité et des activités productives ayant un caractère vital et stratégique, parallèlement au rôle que doit jouer un secteur privé productif et efficace, responsable socialement et écologiquement, dans cet effort de développement, en parfaite symbiose avec les priorités nationales telles qu’elles sont définies par l’Etat
Avant de dévoiler son plan de relance, le PPS propose quelques mesures qu’il classe dans l’urgence et qui doivent être appliquées dans l’immédiat. Il s’agit de remettre la machine économique en marche en en précisant les modalités et de prendre des mesures sociales et sanitaires urgentes au profit des salariés en renforçant les mesures préventives sur les lieux de travail, et au bénéfice des petits agriculteurs, sévèrement touchés par la sécheresse.
Pour ce qui est du plan de relance, présenté sous le titre d’un « nouveau contrat social », il s’articule autour de trois parties : la mise en œuvre d’un plan économique de relance (partie I), l’éradication de la précarité et de la pauvreté, la concrétisation de la justice sociale et la promotion de la culture (partie II) et l’approfondissement de la vie démocratique et de l’édification institutionnelle (partie III).
Sans aller dans les détails, le lecteur intéressé peut toujours consulter le document de plus de 40 pages, rappelons quelques points qui nous paraissent originaux, voire ambitieux, et qui méritent d’être débattus.
Au chapitre économie, un rôle central est accordé à l’Etat en renouant avec la planification stratégique et en intervenant via l’investissement public qui doit être renforcé. L’objectif étant de poursuivre, voire de renforcer la politique des grands travaux et des programmes sectoriels rénovés, ainsi que les chantiers territoriaux et communaux de proximité pour assurer un développement inclusif. Le maitre mot de ces propositions est la souveraineté : souveraineté alimentaire qui nécessite une réorientation du plan Maroc vert, devenu plan Maroc « green » ; indépendance sanitaire avec la mise en place d’une industrie du médicament pour ne plus dépendre des chaines de valeur mondiales ; souveraineté industrielle en créant les bases d’une véritable industrie nationale dont l’épine dorsale est la branche métallurgique, mécanique et électromécanique. Tout en plaidant pour le soutien des secteurs traditionnels comme l’artisanat ou l’économie sociale et solidaire eu égard à leur importance dans la création des emplois, le PPS ambitionne pour le Maroc de devenir une force régionale émergente en matière de high tech et dans les industries numériques en s’appuyant sur les talents de notre jeunesse. Il propose à ce titre de créer une sorte de « Draa valley » à l’instar de la « Silicon valley » qui jouerait un rôle de trait d’union entre l’Europe et l’Afrique au niveau de la haute technologie et permettre à notre pays de renforcer son positionnement sur le Continent africain.
Pour ce faire, il faut une économie assainie où il n’y aura plus de place pour la rente et les monopoles injustes injustifiés. D’ailleurs, les mesures incitatives à l’entreprise, fiscales ou autres, sont liées aux engagements de celle-ci à maintenir les emplois ou à en créer d’autres, à se lancer dans l’innovation et l’amélioration de la productivité, à approvisionner le marché national en produits nécessaires. Pour favoriser l’innovation, il est proposé de doubler le budget de la Recherche-Développement pour le porter à 1,5% du PIB. Tous les acteurs doivent y contribuer : Etat, collectivités territoriales, secteur privé.
Au chapitre social, là où le PPS est le plus attendu, il est proposé la mise en place de la couverture sociale universelle, l’accroissement des budgets de l’éducation nationale, et de la santé publique, deux secteurs dont on a mesuré l’importance au cours de cette période de crise. Ainsi, il est proposé de porter le budget de la santé à 10% du budget général et le taux d’encadrement humain à 4,5 professionnels de la santé pour 1000 habitants. Dans ces cas comme dans d’autres services sociaux, une répartition territoriale équitable est soulignée. Et justement, le Maroc ne peut pas se développer sans ses régions. A cet égard, il est proposé de créer une saine émulation entre les régions par la mise en valeur des potentialités de chaque région, dans un cadre de complémentarité et de solidarité entre elles et la mise en œuvre effective des deux fonds de solidarité et de mise à niveau sociale, tout en accélérant le programme des cités des métiers et des compétences multidisciplinaires au niveau des régions.
Parti de la justice sociale, le PPS soutient l’introduction du revenu minimum universel qu’il qualifie de « revenu minimum de dignité ». Comme il soutient l’égalité parfaite entre hommes et femmes à tous les niveaux de la vie, et une certaine égalité générationnelle à travers une exploitation rationnelle des ressources et une protection de notre patrimoine naturel et de notre biodiversité. La liberté, dans la responsabilité, est le maitre mot : liberté de créer, de penser, d’innover… C’est cette liberté qui donnera lieu à des instituions (partis, syndicats, société civile, gouvernement, parlement …) crédibles et réellement représentatives pouvant effectivement contribuer au développement du pays.
Tout cela à un coût. Le PPS, sans s’aventurer à chiffrer son plan, mission impossible pour l’heure y compris pour le gouvernement qui a à sa disposition toutes les données disponibles, présente toutefois des pistes fécondes : mettre en œuvre une réforme fiscale conformément aux engagements déjà pris dans ce sens , faire payer les riches en instaurant un impôt sur la fortune et un impôt sur l’héritage, en introduisant une tranche de l’IR sur les hauts salaires, en luttant contre la fraude et l’évasion fiscales, en intégrant l’informel dans le formel, en mettant fin aux exonérations fiscales … Cet effort devra être complété par le recours mesuré à l’emprunt quitte à aggraver le déficit budgétaire de quelques points sans oublier le recours à une politique monétaire moins rigoureuse. En somme, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, pour reprendre l’expression savamment utilisée dans le document du PPS.
Telles sont rappelées, d’une façon sciemment sélective, les propositions du parti du Livre. Elles ont le mérite d’exister. Libre à chacun de les commenter, de les critiquer, de les partager ou de les rejeter. Ainsi fonctionne la démocratie.