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Pourquoi le roi Mohammed VI a limogé des ministres
Le roi Mohammed VI a limogé récemment des ministres à cause du retard accusé dans la réalisation du projet d’Al Hoceima Manarat al Moutawasset mais aussi de beaucoup d’autres dysfonctionnements. Le rapport de la Cour des comptes explique pourquoi le roi a été tellement « déçu » par les responsables qui ont été démis de leurs fonctions
Le nombre de projets sélectionnés dans le cadre du Manarat Al Moutawasset "ne répondait pas à une vision stratégique intégrée et partagée par toutes les parties prenantes", indiquait un rapport présenté au roi mardi dernier. Le 17 octobre 2015, la Convention-cadre du projet a été signée à Tétouan, au cours de laquelle le ministère de l'intérieur et la Wilaya de la région ont présenté au roi le cadre général du projet. Pourtant, il manquait des documents essentiels, tels qu'une liste exhaustive des projets à réaliser, leur cohérence, des estimations de coûts actualisées et un budget.
Pour superviser le projet, la convention a mis en place un comité de supervision et de suivi présidé par le gouverneur de la province d'Al Hoceima et une commission centrale de suivi. La Cour des comptes a déclaré que ce serait le ministre de l'intérieur, et non le gouverneur de la province, qui aurait dû diriger le comité, «en particulier pendant la phase de démarrage pour faire face aux contraintes liées à la cohérence des projets, mobilisation de la terre, financement et recherche des solutions nécessaires en cas de difficultés.
Ce comité a également été incapable de mobiliser les autres partenaires pour «une contribution et une réactivité réelles», et n'était pas non plus capable de donner «l'élan nécessaire pour lancer le programme sur une base solide», poursuit le rapport.
La Cour a également noté que le calendrier estimatif des projets prévus et leurs budgets n'ont pas été annoncés jusqu'à la réunion du centre de surveillance de la commission tenue en février 2017, soit 16 mois après la signature de la convention.
La mise en œuvre du programme a connu un lent démarrage, affirme la Cour. Depuis la signature de la Convention-cadre jusqu'en février 2017, la Cour des comptes a noté que la plupart des parties prenantes au niveau central et local ont accusé des retards importants dans l'exercice de leurs fonctions. A fin 2016, il n'y avait que cinq projets entièrement mis en œuvre, pour un budget de 146,8 millions de dirhams, et 45 projets en cours pour un montant de 565 millions de dirhams, sur un total de 644 projets prévus. Les parties prenantes ont justifié le retard en invoquant une prétendue «programmation de non-conformité des crédits budgétaires et des difficultés de mobilisation des terres», que la Cour a jugée «sans fondement».
En outre, à fin septembre 2017, 12 accords ont été signés par différentes parties prenantes avec l'Agence pour la Promotion et le Développement du Nord (APDN), qui a pris en charge la gestion d'un grand nombre de projets. La Cour des comptes a estimé que la décision de confier à l'agence la réalisation d'un nombre important de projets, pour un montant total de près de 3 milliards de dirhams représentant plus de 46% du budget global, a engendré des risques en termes de suivi, de coûts, et de délais.
La Cour a noté l'avidité suspecte des ministères de la culture, de l'environnement, de la santé, de la jeunesse et des sports, et d'autres, à remettre leurs projets assignés à l'APDN. "Cet empressement implique que ces départements veulent se débarrasser de leurs engagements au détriment de l'Agence, même s'ils ont les capacités et l'expertise nécessaires pour réaliser des projets similaires par eux-mêmes, comme ils le font généralement sur tout le territoire national."
A la réception du rapport du premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, le roi Mohammed VI a répondu aux "dysfonctionnements graves" des projets en limogeant un nombre important de ministres et de hauts fonctionnaires. Le roi a déclaré qu'il était "déçu de leur performance dans leurs ministères respectifs et qu'il ne leur confierait plus jamais de missions publiques".