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Suspendu au retour du Roi, le personnel politique attend Aïd Al Mawlid
55 jours après sa nomination au poste de premier ministre, Abdalilah Benkirane est toujours à la peine et, surtout, dans l’incapacité de dégager sa majorité, celle qui le soutiendra sans coup férir ni mauvais coup politique le temps d’un mandat et 5 années durant
Jamais le personnel politique n’a autant scruté le ciel marocain. Au-delà de la météo pluvieuse, c’est l’avion royal qui est guetté. « On attend le retour du Roi ». Dans les états-majors partisans, la phrase est devenue une itération. Au Maroc, Aïd Al Mawlid est célébré lundi 12 décembre. Il est de coutume que le souverain préside pour la circonstance une veillée religieuse. « C’est peu dire que la classe politique est suspendue au retour au pays de Mohammed VI », commente ce ténor de la majorité politique.
On le sait, Madagascar et le Nigéria ont été la deuxième étape de la tournée africaine du Roi qui a quitté Marrakech et le Maroc la veille de la clôture de la COP22 et alors que le chef de gouvernement désigné n’a toujours pas constitué de majorité. « Le Roi est tout au retour du Maroc dans les instances de l’Union africaine, laissant à Benkirane le soin de former sa majorité et son gouvernement. Des messages clairs ont été envoyés à l’occasion du discours de la Marche verte, le 6 novembre dernier. Le gouvernement n’est pas un butin électoral qu’on se partage et il n’y a pas de place pour l’incompétence. On a l’impression que ces consignes ont compliqué la tâche d’un chef de gouvernement qui fait plus de la politique politicienne plutôt qu’autre chose », commente ce député du parti Authenticité et Modernité.
55 jours après sa nomination au poste de premier ministre, Abdalilah Benkirane est toujours à la peine et, surtout, dans l’incapacité de dégager sa majorité, celle qui le soutiendra sans coup férir ni mauvais coup politique le temps d’un mandat et 5 années durant. Le scénario d’un Exécutif PJD et Koutla a toujours du mal à se dessiner. Benkirane a fait de la présence de l’Istiqlal un enjeu de pouvoir. L’USFP est un pied dedans, un pied dehors, s’abstenant de mettre tous ses œufs dans le panier islamiste. Pendant ce temps, le Rassemblement national des indépendants d’Akhennouch fait plus que jamais figure de faiseur de Roi.
« Abdalilah Benkirane ne tranche pas. Il donne l’impression de jouer la montre, de ne pas être pressé. Quand il n’envoie pas ses messages à travers des fuites organisées, il boude chez lui à la maison dans le quartier des Orangers. Le pays et les institutions peuvent attendre. Le parlement est à la paralysie. Les patrons d’entreprises sont très inquiets. Mais Benkirane, lui, préfère bouder au lieu de gérer la crise politique qu’il a provoquée», résume cet observateur politique.
Le retour au pays du chef de l’Etat est plus qu’attendu autant par la majorité pressentie que par les partis de l’opposition et les opérateurs économiques. « Un déblocage de la situation pourrait intervenir et les choses pourront aller très vite s’il y a volonté de le faire», espère ce ministre du gouvernement sortant. L’opinion publique, elle, n’en peut plus d’attendre…