National
Un contexte incertain
L’Education nationale est en ébullition. Des lycées sont surpeuplés alors que d’autres ferment. Des enseignants sont en grève, manifestent. Le décret organisant les nouvelles grandes écoles a été annulé, mettant ces institutions au chômage. La vraie réforme de l’Education nationale, chantier pluri-décennal, est l’enjeu majeur de la nouvelle législature. L’essoufflement du modèle économique est une réalité. Personne ne peut faire croire que mettre en place un modèle alternatif est chose aisée. C’est pourtant un impératif
Dans quelques jours - quelques semaine ? - le nouveau gouvernement devrait être installé, et ce, après des négociations fort ardues. Le discours royal de Dakar a rappelé que les enjeux dépassaient la gestion des appétits partisans et que le Maroc avait des enjeux sérieux à relever, ce qu’il ne peut faire sans gouvernement fort, des programmes ambitieux, une action publique mobilisatrice. Le Maroc a fait des choix pérennes. L’ouverture à l’international en fait partie. Or, le monde est entré dans une période d’incertitudes.
Le BrExit, et la poussée des conservatismes nationalistes menacent le retour au protectionnisme et de troubles sur les marchés mondiaux. On ne peut sous-estimer cette menace, parce qu’elle impactera la croissance mondiale et donc nos marchés traditionnels, en particulier l’Union Européenne, qui revoit déjà ses prévisions à la baisse. Il faut anticiper ces phénomènes et chercher, encore plus, la diversification de nos partenariats pour diminuer l’impact de ces replis, qui sont l’expression d’un malaise face à une mondialisation débridée.
Dans ce contexte, la politique africaine du Maroc montre toute sa pertinence. C’est la coopération Sud-Sud qui permettra au continent noir de casser, de limiter sa dépendance vis-à-vis des économies développées qui ont du mal à offrir des opportunités de croissance. Le futur gouvernement aura la lourde charge de développer les partenariats, d’accompagner le secteur privé, de légiférer rapidement quand le besoin est là. Les enjeux internes ne sont pas moins importants. L’Education nationale est en ébullition. Des lycées sont surpeuplés alors que d’autres ferment. Des enseignants sont en grève, manifestent, refusant des contrats qu’ils ont pourtant signés. Le décret organisant les nouvelles grandes écoles a été annulé, mettant ces institutions au chômage. La vraie réforme de l’Education nationale, chantier pluri-décennal, est l’enjeu majeur de la nouvelle législature.
L’essoufflement du modèle économique est une réalité. Personne ne peut faire croire que mettre en place un modèle alternatif est chose aisée. C’est pourtant un impératif si l’on veut relancer la croissance, créer des richesses et donc des emplois. Ces défis encadrent les autres, c’est-à-dire la lutte contre la précarité et la corruption, l’amélioration de la qualité des services publics, la préservation de l’environnement, le développement de la culture et bien d’autres objectifs. Lors de la campagne électorale, les programmes des partis politiques n’étaient pas au centre des débats. Ils étaient d’ailleurs très semblables, dans leurs objectifs, mais aussi dans les moyens proposés. Les élections ont eu lieu, et leurs résultats s’imposent comme en toute démocratie. Mais le jeu politique ne peut transcender les enjeux nationaux. C’est le sens du discours royal, qui a d’ailleurs été plébiscité par tous les partis, y compris le PJD. C’est donc le moment d’en prendre acte et de mettre les priorités nationales au dessus des calculs partisans. Une telle attitude, en renforçant la cohésion sociale, en améliorant la fameuse attractivité du Maroc, sera l’atout majeur face au contexte international et à ses incertitudes.
Le Maroc n’est pas une île isolée, ce qui se passe au Sahel, en Europe, au Moyen-Orient et même aux USA, nous impacte à des degrés divers. La lutte contre le terrorisme prendra encore des années. Ses effets, dont le retour au protectionnisme, sont de plus en plus visibles. Nos politiques doivent, au-delà des plaidoyers idéologiques, s’élever au niveau d’une vision stratégique qui préserve nos intérêts, mais aussi nos choix de civilisation. Face à ces enjeux, le nombre de postes, l’identité des ministres, sont subsidiaires. Le programme gouvernementale est, lui, essentiel.