Bien plus qu'une pandémie, le Covid-19 est porteur de risques géopolitiques inquiétants

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Par Naoufal Enhari*

Nations-Unies – Crise sanitaire d’une grande  ampleur avec plus de 500.000 morts jusqu’ici, la pandémie du Covid-19 est aussi en train d’exacerber les tensions géopolitiques, au risque d’affecter en profondeur la paix et la sécurité dans le monde.

Tel est le constat inquiétant fait par l’organisation des Nations-Unies qui multiplie les initiatives et les appels pour endiguer l’ampleur de la pandémie du siècle et ses ramifications économiques et sociales lourdes de conséquences pour des centaines de millions de personnes à travers le globe.

"Les conséquences peuvent être observées même dans plusieurs pays traditionnellement considérés comme "stables". Mais les impacts sont particulièrement apparents dans les pays qui connaissent déjà un conflit ou qui en sortent" s’est alarmé le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’un débat virtuel organisé jeudi par le Conseil de sécurité sur les implications du Covid-19 sur la paix et la sécurité internationales.

Selon M. Guterres, les tensions augmentent dans de nombreux pays en raison des graves retombées socio-économiques de cette crise sanitaire.

Le chef de l’ONU a aussi averti que dans certaines parties du monde, les processus de paix fragiles pourraient être compromis par la crise, surtout si la communauté internationale est distraite. De même, les acteurs du conflit, notamment les groupes terroristes et extrémistes violents, considèrent l'incertitude créée par la pandémie comme un avantage tactique.

Les Nations-Unies s’inquiètent également des risques d'attaques bioterroristes et de l'utilisation délibérée de maladies comme armes de guerre. Un tel scénario serait catastrophique dans un monde interconnecté où les agents pathogènes peuvent se propager à grande vitesse.

Face à cette multitude de risques géopolitiques, une action internationale concertée et unifiée est plus que jamais nécessaire, notamment au niveau des Nations-Unies et de son principal organe exécutif, le Conseil de sécurité.

La résolution sur la Covid-19 adoptée à l’unanimité cette semaine par les Quinze membres du Conseil illustre la prise de conscience, quoique un peu tardive, de l’importance d’unifier les voix et l’action à l’échelle de cette instance face à une crise mondiale aux ramifications multiples.

Le texte réclame notamment "une cessation des hostilités immédiate et générale" dans tous les conflits à l'agenda du Conseil de sécurité, à l'exception des combats contre les groupes jihadistes. Il demande aussi "une pause humanitaire d'au moins 90 jours consécutifs" pour permettre l’accès humanitaire aux populations concernées.

La résolution fait ainsi écho à l'appel lancé en mars dernier par le Secrétaire général de l’ONU pour un cessez-le-feu mondial afin de se focaliser sur la lutte contre la pandémie de Covid-19.

L’adoption de cette résolution envoie "un signal important" aux parties au conflit à travers le monde et pourrait aider à "modifier les calculs sur le terrain", a estimé Antonio Guterres.

"Il s’agit d’un signal fort d’unité du Conseil de sécurité et un message d’espoir que nous envoyons au reste du monde", a renchéri, de son côté, l’ambassadeur d’Allemagne à l’ONU, Christoph Heusgen, dont le pays assure la présidence du Conseil pour le mois de juillet.

La résolution 2532, présentée conjointement par la France et la Tunisie, "doit être considérée comme une foi renouvelée dans la diplomatie et le multilatéralisme", a déclaré, pour sa part, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière.

"L'adoption d'une résolution n'est jamais une fin en soi. Cette résolution doit maintenant être mise en œuvre", a dit, de son côté, l’ambassadeur de la Tunisie, qui siège actuellement comme membre non-permanent au Conseil de sécurité.

"L'adoption de cette résolution revêt également une grande importance symbolique dans la mesure où elle prouve que lorsque la volonté politique existe, les membres du Conseil peuvent aller au-delà de leurs vues divergentes, donner la priorité à l'intérêt de la communauté internationale et délivrer un message d'unité", ont estimé les deux ambassadeurs, en allusion aux divergences entre les Etats-Unis et la Chine qui ont bloqué pendant plus de trois mois l’adoption d’un tel texte.

 

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