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Le président Trump s'émeut de la faim à Gaza, où Israël poursuit ses carnages

Le 15 mai 2025, à l'hôpital indonésien de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, des familles se recueillent devant les corps enveloppés des victimes des frappes israéliennes sur Jabalia. (Photo BASHAR TALEB / AFP)
Alors qu’Israël poursuit à Gaza ce que la communauté internationale dans sa composante occidentale commence à reconnaitre timidement comme un génocide, faisant des dizaines de morts et piégeant des familles sous les décombres, Donald Trump s’est dit « ému » par la famine qui ravage l’enclave palestinienne et a promis d’« agir ». Mais ses propos suscitent scepticisme et colère, alors que l’aide reste bloquée et que la guerre entre dans son 19e mois avec un bilan humain effroyable.
Gaza - Le président américain Donald Trump s'est engagé vendredi à "régler" la situation dans la bande de Gaza "affamée", la Défense civile recensant pour sa part plus de 70 personnes tuées dans un intense pilonnage israélien du territoire dévasté par 19 mois de guerre.
"Nous nous intéressons à Gaza. Et nous allons faire en sorte que cela soit réglé. Beaucoup de gens sont affamés", a déclaré M. Trump, dans un contexte de pressions internationales pour qu'Israël cesse de bloquer l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire exsangue.
La principale association israélienne de familles des détenus israéliens à Gaza a elle appelé vendredi le Premier ministre israélien à ne pas manquer une "occasion historique" pour la libération de leurs proches, détenus à Gaza.
Elle a exhorté Benjamin Netanyahu "à unir ses efforts à ceux du président Trump", qui conclut à Abou Dhabi une tournée dans le Golfe.
Après un bilan de plus de 100 morts jeudi, la Défense civile de Gaza a fait état d'au moins 74 personnes tuées "à la suite des bombardements israéliens continus" depuis minuit, "dont 67 dans le nord". ",
"Des dizaines d'autres restent piégées sous les décombres" et les frappes "se poursuivent", a déclaré en début d'après-midi Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours.
L'armée israélienne a affirmé poursuivre ses opérations, sans plus de détails, indiquant avoir frappé ces derniers jours ce qu’elle persiste à appeler "plus de 150 cibles terroristes", dont des postes de tirs de missiles.
"Comme la fin du monde"
A l'hôpital indonésien de Beit Lahia (nord), des images de l'AFP montrent des habitants, dont des enfants ayant perdu leur mère, se lamenter sur le corps de leurs proches, et des blessés soignés à même le sol au milieu des cris et pleurs.
"Nous dormions quand soudain tout a explosé autour de nous (…) Il y avait du sang partout. Nous ne savions pas qui était mort et qui était encore en vie", relate Oum Mohamed al-Tatari, 57 ans du secteur de Tel al-Zaatar.
A Beit Lahia, Said Hamouda, 41 ans, témoigne d'une "scène indescriptible, comme si c’était la fin du monde". "Ils ont ciblé des habitations pleines de civils alors qu’ils dormaient".
A pied, entassés avec quelques biens dans des camionnettes ou sur des charettes, de nombreux habitants fuient la ville de Gaza, principale localité du nord, ont constaté vendredi des photographes.
En dépit de son isolement croissant pour sa conduite de la guerre et des ses carnages, M. Netanyahu a averti lundi d'une prochaine entrée "en force" de l'armée à Gaza pour "achever l'opération et vaincre le Hamas" à traduire de liquidation des Palestiniens de Gaza.
Rompant une trêve de deux mois, Tel-Avic a repris son génocide. Il s'est emparé de larges pans du territoire et annoncé un plan pour sa "conquête".
Depuis le 2 mars, les forces israéliennes bloquent aussi toute entrée d'aide humanitaire dans Gaza, vitale pour les 2,4 millions d'habitants.
Le blocus comme "outil d'extermination"
L'ONG Human Rights Watch a accusé Israël de faire de son blocus "un outil d'extermination".
Après une relance des efforts de médiation en amont de la tournée de Donald Trump, le Hamas a de son côté posé comme "exigence minimale pour instaurer un environnement propice et constructif aux négociations" la reprise de l'aide humanitaire.
Le mouvement islamiste a aussi rétorqué que Gaza n'était "pas à vendre" au président américain, après qu'il a affirmé vouloir que les Etats-Unis "prennent" la bande de Gaza pour "en faire une zone de liberté".
L'ONU a pour sa part indiqué qu'elle ne participerait pas à des distributions d'aide par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une ONG créée de toutes pièces et soutenue par Washington, qui a annoncé se préparer à livrer des repas à Gaza d'ici fin mai.
Le génocide israélien a fait au moins 53.010 morts à Gaza, en majorité des civils, dont les deux tiers sont des enfants et des femmes. Quid avec AFP