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Trump en Arabie saoudite : des milliards en jeu et une diplomatie des deals

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman (C) s'entretient avec un conseiller tandis que le président américain Donald Trump discute avec le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth (G) avant une réunion bilatérale à Riyad, le 13 mai 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Lors de sa visite officielle en Arabie saoudite, première étape de de sa tournée dans le Golfe, Donald Trump a scellé une série d'accords faramineux en matière d'armement, d'énergie et d'intelligence artificielle, confirmant son approche transactionnelle des relations internationales. Une tournée stratégique dans le Golfe, entre diplomatie économique et réajustements géopolitiques.
Un retour en grande pompe à Riyad
Huit ans après sa première visite à l'étranger en tant que président des États-Unis, Donald Trump a choisi à nouveau l'Arabie saoudite pour marquer son retour sur la scène internationale. Accueilli avec faste par le prince héritier Mohammed ben Salmane, il a été escorté jusqu'à Riyad par des chasseurs F-15 saoudiens, dans une mise en scène soigneusement orchestrée. Le ton était donné : il s'agissait autant d'une visite politique que d'un rendez-vous d'affaires de très haut niveau.
Devant une assemblée composée de hauts responsables et de grands patrons américains, Trump a proclamé : « Les plus grands chefs d'entreprise du monde sont ici aujourd'hui et ils vont repartir avec de nombreux chèques ». Il a estimé que les retombées de ces accords représenteraient jusqu'à deux millions d'emplois aux États-Unis.
Des accords records dans la défense et l'IA
Le point culminant de cette visite est sans doute la signature d'un contrat d'armement de 142 milliards de dollars entre Washington et Riyad, qualifié par la Maison Blanche de « plus important de l'histoire ». L'accord porte sur des équipements militaires de pointe, allant de la défense aérienne aux systèmes de communication et de missiles, fournis par une douzaine d'entreprises américaines.
Dans le même temps, l'Arabie saoudite a annoncé un investissement de 20 milliards de dollars via la société DataVolt dans des centres de données et infrastructures d'intelligence artificielle aux États-Unis. Objectif : faire du royaume un hub technologique mondial tout en consolidant les liens économiques avec les États-Unis.
Une diplomatie transactionnelle assumée
Cette visite s'inscrit dans une stratégie assumée de diplomatie à forte valeur économique. Après avoir reçu l'engagement de 600 milliards de dollars d'investissements saoudiens en janvier, Donald Trump a appelé le prince héritier à porter cet engagement à 1.000 milliards de dollars. Ce discours très « America First » a trouvé un écho dans une Arabie saoudite en pleine transformation économique, avidement à la recherche de relais d'investissements internationaux.
Dans une démarche spectaculaire mais sans détails, Trump et Mohammed ben Salmane ont annoncé un « partenariat économique stratégique ». Plusieurs protocoles d'accord ont été signés dans les domaines de l'énergie, de la police, des minerais et de la défense.
Une région sous haute tension
Mais les enjeux de cette tournée ne sont pas que financiers. La région du Moyen-Orient reste sous tension. Sur Gaza, où la situation humanitaire s'aggrave, Donald Trump s'est entretenu avec Edan Alexander, tout juste libéré par le Hamas. Mais la perspective d'une normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël, un objectif jadis porté par Trump, est écartée : Riyad campe sur sa position, affirmant qu'aucun rapprochement n'est possible sans création d'un État palestinien.
L'accord de cessez-le-feu entre les Américains et les rebelles houthis au Yémen, et les négociations sur le nucléaire iranien sont aussi au menu des discussions. Les monarchies du Golfe semblent aujourd'hui plus ouvertes à un dialogue américano-iranien que par le passé.
Un Boeing controversé
Cette tournée n'est pas sans polémique. Avant même son débarquement, Trump s'est vu reprocher d'avoir accepté l'utilisation d'un Boeing 747-8 offert temporairement par la famille royale du Qatar. Si l'opposition dénonce une atteinte à la transparence, le président rétorque qu'il s'agit d'un « prêt logistique » n'ayant aucun impact sur sa politique.
Après Riyad, Trump se rendra au Qatar et aux Emirats arabes unis, poursuivant une tournée sous le signe des investissements, de la stabilité régionale et de l'influence économique américaine.