??Nous n?avons re?u aucune correspondance du ministre de la communication. D?ailleurs nous ne sommes pas dans la posture du p?re fouettard, un r?le que veut nous faire jouer le gouvernement. La HACA est une institution de r?gulation et non d?interdiction??. Ce Sage de la haute autorit? de la communication audiovisuelle est formel. Pas question de faire de la HACA une instance de sous-traitance gouvernementale de la censure. ??Pas question non plus de faire de nous un ?pouvantail qu?on agite pour faire peur??, ajoute ce membre de la Haute autorit?.

On s?en souvient, il y a quelques semaines, Mostafa El Khalfi, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, a annonc? aux Conseillers de la chambre haute les conclusions d?une ?tude relative aux deux t?l?visions Al Oula et 2M et les ?missions? que les Marocains ne voudraient plus regarder. L?information est un scoop dont le parlement a eu la primeur.? Une ?tude sur les choix des citoyens en mati?re de programmes t?l?vis?s vaut s?rement le d?tour. ??M?me si ici ?la? logique est fonci?rement diff?rente de ce qui se passe ailleurs, sous des cieux d?mocratiques et forc?ment plus cl?ments. Parce que l??tude de M. Khalfi porte sur ce qui ne doit pas passer ? la t?l?vision??, pr?cise ce producteur de la place.

Selon les informations dont nous disposons, le ministre de la communication aurait proc?d? en deux temps. Il aurait d?abord demand? une ?tude en interne qu?il aurait confi? ? deux de ses directeurs. Ces deux responsables auraient ?t? charg?s, chacun de son c?t?, de jouer au t?l?spectateur et d??valuer p?le-m?le les programmes ?TV qu?ils ont regard?.? ??On est tr?s loin d?une d?marche scientifique et professionnelle. Chacun des deux directeurs a fait sa propre grille d??valuation. Les deux responsables ont travaill? de mani?re cloisonn?e. Et leur grille de lecture, en tout cas ?pour l?un d?entre eux,? est tr?s orient?e sur les valeurs morales et conservatrices??, confie une source proche du minist?re de la communication.

La m?me d?marche aurait ?t? demand?e, dans un deuxi?me temps, ?au PJD, le parti auquel appartient Mostafa El Khalfi.? Une ?valuation des ?missions diffus?es par Al Oula et 2M aurait ?t? en effet ?pr?par?e par une cellule sp?ciale ??communication?? et plac?e sous la supervision directe de Slimane Amrani, le vice secr?taire g?n?ral du PJD et directeur du si?ge du parti de la lampe.? ??M. Amrani est aussi et surtout une figure influente du Mouvement Unicit? et R?forme, le bras religieux du PJD. Ce qui peut signifier que l??tude qu?il devait superviser devait forc?ment avoir ses crit?res de conformit? par rapport ? des valeurs bien pr?cises, des valeurs qu?il d?fend au sein du MUR en tout cas??, croit savoir notre interlocuteur.

Dans le collimateur, des ?missions auraient ?t? particuli?rement vis?es. ??De Lalla Laaroussa? ? Caftan 2000 en passant par des ?missions ?consacr?es ? des faits divers c?l?bres, l??tude aurait produit pr?s de 140 remarques n?gatives. M?me de simples fictions marocaines n?ont pas ?chapp? ? l?ire islamiste?!??, s?exclame cette source proche du d?partement de la communication.

Les 139 remarques des islamistes ?rig?s en experts? de la t?l?vision auraient inspir? le m?morandum que le ministre de la communication compte adresser ? la? Haute Autorit? de la communication audiovisuelle. Va-t-il lui demander de condamner des programmes et d?interdire des ?missions, allant jusqu?au bout d?une volont? de sous-traitance de la censure?? Les questions se bousculent.

Rappelons enfin que des intellectuels, journalistes, universitaires, cin?astes et activistes? ont lanc? un appel pour d?noncer la mise sous tutelle des m?dias audiovisuels par le gouvernement Benkirane.