Politique
Un décret gouvernemental qui donne un avantage à l’enseignement supérieur payant
Un grand pas a ?t? franchi vers la lib?ralisation de l?enseignement sup?rieur
Le conseil du gouvernement, tenu jeudi, a adopt? le d?cret 14-665. Ce d?cret met fin au suspens qui a dur? depuis l?adoption de la loi n? 00-01 relative ? l?organisation de l?enseignement sup?rieure.
Si on se limite ? une lecture formelle de ce d?cret, on peut conclure qu?il est en fait un d?cret d?application des articles 53 et 54 de la dite loi qui stipulent que? la reconnaissance de l?Etat d?une institution de l?enseignement sup?rieur est consid?r?e comme une approbation de la qualit? des formations dispens?es dans ces institutions (article 53) et que les dipl?mes d?livr?s par ces institutions peuvent b?n?ficier de l??quivalence avec les dipl?mes nationaux. Mais si on passe au fond, en se r?f?rant ? la l?gislation relative ? l?enseignement priv? depuis les ann?es 1980 et surtout le code d?investissement d?di? ? ce secteur, on se rend compte qu?un grand pas a ?t? franchi vers la lib?ralisation de l?enseignement sup?rieur.
Ce d?cret n?est pas seulement un encouragement du secteur priv? qui est en train de gagner du terrain au d?triment de l?universit? publique, pouss?e ? la m?diocrit?, mais prive les laur?ats de l??cole publique de l?avantage qui ?tait le leur, l?exclusivit? de la fonction publique, en facilitant aux ?coles et universit?s priv?es l?obtention de l??quivalence de leurs dipl?mes avec les dipl?mes nationaux. En d?autres termes, les laur?ats des ?coles et universit?s priv?es, couteuses et ferm?es aux enfants des familles vuln?rables, peuvent acc?der ? la fonction publique au m?me titre que les laur?ats des universit?s publiques. Le r?sultat automatique de cette nouveaut? est l?ouverture des portes de la haute fonction publique surtout aux enfants des nantis. Il y aura toujours les concours, mais ceux ne constitueront pas un obstacle devant ceux qui b?n?ficient d?une formation payante et encadr?e.
La logique du d?cret est la m?me que celle que Daoudi a exprim? en lan?ant l?id?e d?une universit? publique payante. Une logique qui cache, ? peine, une volont? d?imposer un darwinisme au niveau de l?enseignement au Maroc, pr?n? par une ?tude de la firme lib?rale PriceWaterHouse command?e par la Banque Mondiale au d?but des ann?es 1980. La destruction de l??cole publique, qui risque de dispara?tre selon un sc?nario apocalyptique rendu public derni?rement, gagne l?enseignement sup?rieur.
Certes, tous les Marocains sont ?gaux, mais cette ?galit? reste th?orique que seules des mesures du genre de l?exclusion des laur?ats du priv? essayent de corriger pour cr?er un certain ?quilibre au sein de la soci?t?.